Les entreprises françaises font à nouveau rêver les acquéreurs étrangers

Les acquisitions de sociétés françaises par des groupes étrangers se sont élevées à 76 milliards de dollars au premier semestre, un montant en hausse de… 675% par rapport à l’an dernier.
Christine Lejoux
Sur l'ensemble du premier semestre, le marché français des fusions-acquisitions s'élève à 149,2 milliards de dollars, un montant quatre fois supérieur à celui des six premiers mois de 2013. REUTERS.

Oubliée, la crise ! Après cinq années de vaches maigres, les fusions et acquisitions impliquant une société française - que celle-ci soit vendeuse ou acheteuse - ont représenté 97,2 milliards de dollars au deuxième trimestre 2014, selon les données de Thomson Reuters, renouant ainsi avec leur niveau des trois premiers mois de 2006, avant l'éclatement de la crise financière de 2007-2008.

Sur l'ensemble du premier semestre, le marché français des M&A (mergers and acquisitions) s'élève à 149,2 milliards de dollars, un montant quatre fois supérieur à celui des six premiers mois de 2013. Une performance liée au regain de confiance des dirigeants d'entreprises dans l'avenir, à la remontée des valorisations boursières, et à des coûts de financement attractifs, sans oublier des trésoreries d'entreprises débordantes de cash.

La Suisse, le pays le plus entreprenant à l'égard des sociétés françaises

Surtout, l'essentiel (89%) de ces presque 150 milliards de dollars de transactions a concerné des rachats de sociétés françaises. Et plus de la moitié de ces derniers (57%), soit 76 milliards de dollars, a été le fait de groupes étrangers. Un montant en hausse de... 675% par rapport au premier semestre 2013, et qui place la France juste derrière les Etats-Unis et l'Irlande, sur l'échiquier mondial des acquisitions d'entreprises nationales par des concurrents étrangers. La Suisse s'est montrée le pays le plus entreprenant à l'égard des sociétés hexagonales, via le rachat du cimentier Lafarge par son rival helvétique Holcim, pour 39,5 milliards de dollars. Les Etats-Unis aussi ont les yeux de Chimène pour les entreprises françaises, comme en témoigne l'acquisition, âprement disputée, d'une partie du pôle énergie d'Alstom par General Electric, pour 17,1 milliards de dollars.

Et le regain d'intérêt des sociétés étrangères pour la France ne concerne pas seulement les géants de l'industrie. La preuve avec le rachat du numéro un français de l'hospitalisation privée, Générale de Santé, par Ramsay Healthcare, le premier groupe australien de cliniques privées, pour 1,9 milliard de dollars. Ou encore avec l'acquisition, pour 1,8 milliard de dollars, du spécialiste breton des arômes naturels Diana Ingredients par l'Allemand Symrise, numéro quatre mondial des parfums et arômes pour la cosmétique et l'alimentation.

Les entreprises rééquilibrent leurs acquisitions vers les pays matures

Cet appétit retrouvé des acquéreurs étrangers pour la France s'inscrit dans un contexte de rééquilibrage de la croissance externe des entreprises entre les marchés émergents et les pays matures, en faveur de ces derniers. Selon une enquête publiée le 17 juin par le cabinet d'audit EY (ex Ernst & Youg) à l'échelle mondiale, un tiers des sociétés interrogées prévoit de réaliser l'essentiel de sa croissance externe dans des pays matures, à commencer par les Etats-Unis, l'Allemagne et le Royaume-Uni, au cours des douze prochains mois. Une proportion guère éloignée de celle (39%) des groupes privilégiant le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine, pour leurs futures opérations de fusions et acquisitions.

"Les entreprises et investisseurs étrangers sont désormais prêts à réinvestir en Europe, après le scepticisme de ces dernières années [lorsque la zone euro était en pleine crise des dettes souveraines, en 2011 ; Ndlr]", explique Guillaume Gabaix, "managing director" au sein de la banque d'affaires Morgan Stanley, cité par Reuters. Reste que le décret dit Alstom, qui élargit à cinq nouveaux secteurs le décret de 2005 relatif à la protection des entreprises françaises stratégiques de visées étrangères, pourrait refroidir certaines ardeurs.

Christine Lejoux

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Commentaires 2
à écrit le 09/07/2014 à 4:03
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C'est le résultat d'une politique de casse économique du secteur privé vendu morceau par morceau avant la faillite programmée. Vive les enfers fiscaux!

à écrit le 08/07/2014 à 16:50
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C'est bien d'être optimiste, mais faut pas être naïf ! L'objectif des investisseurs étrangers n'est pas nécessairement de développer une activité en France, mais d'acheter une savoir-faire et des brevets. Les entreprises françaises sont aujourd'hui t...

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