La crise de Banco Espirito Santo attise les craintes de contagion en Europe

La panique sur le titre de la première banque cotée du Portugal Banco Espirito Santo a obligé l'autorité financière du pays à suspendre sa cotation. L'inquiétude à gagné les investisseurs européens, touchant notamment les obligations d'État du Portugal.
L'inquiétude a gagné les investisseurs depuis la découverte de pertes de 1,3 milliard d'euros dissimulées par la holding Espirito Santo International (ESI). (Photo : Reuters)

Coup de grisou au Portugal ? L'inquiétude est grande en tout cas, sur la situation de la première banque cotée du pays, Banco Espirito Santo, dont le français Credit Agricole est actionnaire à près de 15%.

À tel point que les autorités boursières portugaises ont suspendu à la mi-journée son titre pour enrayer sa descente aux enfers. Au moment de l'arrêt de la cotation, le titre plongeait de 17,24% à 0,50 euro. De quoi jeter à nouveau le doute sur la situation du système financier du pays, alors qu'il sort tout juste de son programme d'aide internationale mis en place à la suite de la crise des dettes souveraines.

Doutes sur la solvabilité du groupe

La raison de cette dégringolade du titre de Banco Espirito Santo ? La découverte de pertes de 1,3 milliard d'euros dissimulée par la holding Espirito Santo International (ESI), après qu'un audit ait mis à jour des "irrégularités importantes" dans ses comptes. Découverte qui a ébranlé la confiance des investisseurs dans toutes les branches du groupe.

Banco Espirito Santo n'est d'ailleurs pas la seule dans la tourmente. Suite à des tensions extrêmes sur son titre, qui a perdu la moitié de sa valeur en trois semaines, Espirito Santo Financial Group (ESFG), principale actionnaire de Banco Espirito Santo et branche du groupe ESI, a aussi dû suspendre sa cotation un peu plus tôt dans la matinée. Les investisseurs craignent en fait que la trop forte exposition aux difficultés financières des holdings ne finisse par emporter le groupe tout entier.

Mercredi, l'agence Moody's avait déjà enfoncé le clou en plaçant en catégorie spéculative la note à long terme d'ESFG, à Caa2, la plaçant à quelques crans du défaut de paiement.

Crainte de contagion

La tension sur les marchés européens est palpable. Les principaux indices du continent ont en effet creusé leurs pertes après l'annonce de la suspension d'ESFG. En première ligne, la Bourse de Lisbonne chutait jeudi de plus de 4%, tirée vers le bas par la dégringolade du titre de Banco Espirito Santo et des autres valeurs financières.

"Le Portugal alimente clairement la baisse du marché, qui est déjà soumis à des prises de bénéfices et n'avait pas besoin de ça", commente Renaud Murail, gérant chez Barclays.

Au delà de la banque portugaise, dont le gouvernement veut faire un cas isolé, les marchés craignent qu'une intervention de l'État ne soit rendue nécessaire. Le rendement des emprunts d'État à 10 ans portugais a d'ailleurs grimpé de plus de 20 points de base à son pic dans la matinée à plus de 4%, avant de retomber à 3,88% en début d'après midi.

Sauver le soldat Banco Espirito Santo

Le gouvernement a pourtant tenté à maintes reprises de rassurer les marchés en assurant que la crise que traverse le groupe financier n'aura pas d'incidence sur les finances publiques du pays.

La Banque du Portugal a elle aussi tenté de ramener la confiance sur les marchés en poussant hors du conseil d'administration de Banco Espirito Santo la famille du même nom, jugée responsable des déboires de la banque, et son PDG Ricardo Salgado.

L'économiste Vitor Bento doit prendre la tête de la nouvelle équipe dirigeante de la banque qui sera chargée de redorer son blason afin de regagner la confiance des marchés. Après la panique de ces deux derniers jours, la tâche ne sera pas des moindres. D'autant plus que l'enjeu dépasse les frontières du Portugal.

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Commentaires 6
à écrit le 10/07/2014 à 19:39
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Cette banque traîne depuis longtemps mauvaise réputation ainsi que ceux qui sont à sa tête... Nota: Cet article contient deux fautes graves! "Vítor" et "Espírito Santo" car les accents c'est pas une option...

à écrit le 10/07/2014 à 18:25
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Vite il faut préparer les rustines et peut etre pas que!!!!!!!!!

à écrit le 10/07/2014 à 16:36
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C'est parce que l'esprit sain n'est plus commercial (L'ancien nom de la Banque était Espirito Santo e Comercial). Plus sérieusement, si elle a financé toutes les infrastructures inutiles du pays notamment dans le domaine des autoroutes, ça n'a rien d...

le 10/07/2014 à 18:17
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Pas de panique; c'est ce que l'on appelle "une régulation à chaud". En effet cet établissement à participé au BOOM économique du Portugal, qui pour l'EXPO de 1998, à fortement investi dans ses infrastructures routières et crée un réseau de grande qua...

le 11/07/2014 à 1:52
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La crise du BES n'a rien à voir avec les infrastructures. L'Etat continue à payer les lourdes redevances au secteur financier. En réalité, cette crise est une nouvelle illustration des sempiternels bidouillages de banquiers qui n'hésitent pas à maqui...

le 11/07/2014 à 10:54
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Merci pour vos précisions Beaumarchais et Intox. Je ne suis pas financier, mais je sais malgré tout, que le lobby du TP a bien sévi dans les autoroutes au Portugal pour faire construire des autoroutes avec plein d'ouvrages d'art et des 3 voies sur le...

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