Au premier semestre, Espirito Santo multipliait les émissions d'obligations

Les sociétés de la famille portugaise ont émis pour cinq milliards d'euros d'obligations au premier semestre 2014, tout en étant au bord de la faillite, révèle Reuters. Une grande partie de ces titres ont fini chez les clients de Banco Espirito Santo, aggravant les difficultés de la banque.
Dans ses comptes du premier semestre, BES a fait état d'une charge de 1,1 milliard d'euros due à quatre véhicules spéciaux jusque-là inconnus et qui avaient émis des obligations à des clients de la banque.

Pour sauver son empire, le clan Espirito Santo était vraiment prêt à tout. Ainsi, alors même que certaines des sociétés de la famille portugaise étaient au bord de la faillite, celles-ci ont émis pour cinq milliards d'euros d'obligations au premier semestre 2014, révèle lundi l'agence Reuters, citant des sources "au fait du dossier".

Vendues via un schéma transatlantique complexe impliquant des sociétés à Panama et en Europe, ces obligations ont fini en bonne partie chez Banco Espirito Santo et ses clients, aggravant les difficultés de la banque qui a dû être recapitalisée début août.

>>Banco Espirito Santo renflouée à hauteur de 4,9 milliards d'euros

La justice enquête sur de possibles comportements frauduleux

La justice et les autorités de régulation portugaises tentent à présent d'établir si cette émission était légale, ajoute l'agence. L'enquête porte notamment sur les conditions dans lesquelles celle-ci a eu lieu et sur l'existence de possibles comportements frauduleux.

>>LIRE: L'ex-PDG de la banque portugaise Espirito Santo arrêté

La holding de tête de la famille, Espirito Santo International (ESI), ainsi qu'Espirito Santo Financial Group (ESFG), autre holding basée à Luxembourg, toutes les deux sous administration judiciaire, n'ont pas pu être jointes pour commenter l'information, précise Reuters. La nouvelle banque issue du sauvetage de Banco Espirito Santo, Novo Banco, n'a pas non plus souhaité s'exprimer, se limitant à rappeler de précédents communiqués assurant que tous les clients particuliers ayant acquis des obligations à très court terme des différentes sociétés Espirito Santo seraient remboursés.

Des difficultés financières connues dès le début de l'année par les régulateurs

Dès le début de l'année, les régulateurs portugais étaient au courant des difficultés de la famille qui ont éclaté au grand jour en mai, avec la révélation d'irrégularités comptables chez ESI, basée à Luxembourg. Comme on l'a appris par des annonces faites plus tard, ils ont alors demandé au clan de rembourser les clients de BES qui avaient acheté des obligations des différentes sociétés.

BES, qui était alors la plus importante banque cotée du Portugal et dont la famille était encore le premier actionnaire, a fait savoir de son côté que ses clients particuliers détenaient pour 1,7 milliard d'euros de dette à court terme à la fin 2013.

Des obligations à 40 ans émisesavec une "énorme décote"

Selon les sources citées par Reuters, les différentes sociétés du groupe ont alors émis de nouvelles dettes pour un montant de cinq milliards d'euros. La maturité particulièrement longue de ces obligations, 40 ans, était compensée par un coupon attractif de 7% et le papier a de plus été émis avec une "énorme décote", ont-elles ajouté.

Ces obligations ont d'abord été vendues à ES Bank Panama (ESBP), une filiale d'ESFG,  elle-même grosse actionnaire de Banco Espirito Santo. Celle-ci les a ensuite transférées à une autre société du groupe. Les titres ont ensuite été repackagées en produits financiers avec une échéance nettement raccourcie et vendues à des clients de BES, ont encore indiqué les sources.

Un charge de 1,1 milliard d'euros pour BES

Dans ses comptes du premier semestre, BES a fait état d'une charge de 1,1 milliard d'euros due à quatre véhicules spéciaux jusque-là inconnus et qui avaient émis des obligations à des clients de la banque. A l'époque, la Banque du Portugal a fait savoir que ces véhicules n'avaient pas été proprement comptabilisés, en violation de la réglementation financière.

Cette charge a fortement contribué à la perte de 3,6 milliards d'euros de BES au premier semestre, qui a conduit les autorités à annoncer le 3 août une recapitalisation et une réorganisation de la banque, désormais séparée entre une entité saine, Novo Banco, et une "bad bank".

La plupart des autres sociétés de la galaxie Espirito Santo, présentes notamment dans l'assurance et l'hôtellerie, ont été placées sous administration judiciaire.

>>ESFG, le premier actionnaire de Banco Espirito Santo (BES) en redressement judiciaire

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