A 63 ans, dont plus de trente passés dans la maison, Baudouin Prot aura connu toutes les étapes de l'expansion. Diplômé d'HEC et de l'ENA, il entre à la BNP en 1983 après quelques années au ministère de l'Industrie, très vite repéré par Michel Pébereau, en quête, alors, de quadras prometteurs. Durant ces dix premières années, il s'attaque à quelques gros dossiers comme la modernisation du réseau. Lorsque Pébereau organise la privatisation de la banque en 1993, Prot apparaît clairement comme le leader de la nouvelle génération. Rôle qu'il aura à coeur de tenir face à un mentor qui a très vite décidé d'en faire son poulain.
Parmi les étapes mémorables de son parcours, il se souvient de « l'une des plus grandes batailles boursières françaises », en 1999, qui a conduit à la fusion de BNP avec Paribas. En 2003, il concentre ses efforts sur un autre chantier de grande envergure : le sauvetage d'Alstom. Avant de se pencher en 2005 sur un dossier tout aussi épineux : le règlement du litige entre les actionnaires familiaux des Galeries Lafayette.
Une stature européenne
Une de ses premières actions marquantes en tant que directeur général, poste qu'il occupe à partir de 2003, restera l'acquisition de la banque italienne BNL au printemps 2006. Avec le rachat de Fortis, en pleine crise financière, une nouvelle étape est franchie. Par trois fois, il sera repoussé par les Belges, par trois fois il reviendra à l'assaut avant d'avoir finalement gain de cause. Grâce à cette opération longue, conclue après sept mois de négociations, saluée par toute la profession, Baudouin Prot conquiert une stature européenne.
Il a ensuite dû gérer l'amorce de la phase de décroissance du groupe après, notamment, la crise de financements en dollars de l'été 2011. Même s'il laissera la mise en œuvre des mesures douloureuses - il préfèrait dire « la transformation » du groupe- à Jean-Laurent Bonnafé et son nouveau comité exécutif. Depuis la fin 2011, période à laquelle il prend la présidence du groupe, il est notamment revenu à Baudouin Prot la tâche d'entretenir les liens avec les régulateurs, les autorités européennes, les grands clients et les actionnaires.
Depuis quelques mois, il se murmurait qu'il avait pris du recul sur ses fonctions: selon certains proches de la banque, l'affaire du contournement de l'embargo américain contre l'Iran, le Soudan et Cuba par BNP Paribas Suisse n'y serait pas étrangère.
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