Ce qu’il faut attendre du bilan de santé des banques européennes

Le 26 octobre, la Banque centrale européenne publiera les conclusions de sa revue de la qualité des actifs des 131 principales banques de la zone euro. Ainsi que les résultats des tests de résistance auxquels ces dernières ont été soumises.
Christine Lejoux
Le 4 novembre 2014, la BCE deviendra le superviseur unique des 131 principales banques de la zone euro.

Avant de s'installer dans un appartement, on fait un état des lieux. Aussi, avant d'endosser - le 4 novembre - son costume de superviseur unique des 131 principales banques de la zone euro, la Banque centrale européenne (BCE) a-t-elle passé en revue la qualité de leurs actifs (asset quality review, AQR), ces derniers mois. Ce check-up, qui s'est notamment focalisé sur la solvabilité des banques et sur le provisionnement de leurs créances douteuses, s'est accompagné de tests de résistance, destinés à éprouver la capacité de ces établissements à absorber des chocs macro-économiques et financiers de grande ampleur. Le tout ayant pour but de rassurer une fois pour toutes les investisseurs sur la solidité du secteur bancaire européen, laquelle avait été mise à l'épreuve par la crise de la zone euro, en 2011.

 Après plusieurs mois passés à ausculter les grandes banques de la zone euro, c'est le 26 octobre que la BCE communiquera son diagnostic. Que faut-il attendre de cette opération-vérité sur les comptes des banques européennes ? Sans doute pas le grand soir espéré par les investisseurs il y a un peu plus d'un an, lorsque la BCE avait annoncé son intention de prendre le pouls du secteur bancaire européen. En effet, redoutant de faire partie de l'ivraie plutôt que du bon grain, d'être stigmatisées comme les mauvais élèves de l'industrie bancaire européenne, la plupart des banques n'ont pas attendu les résultats de l'AQR pour remettre leurs bilans d'équerre. Augmentations de capital, cessions d'actifs, mise en réserve de bénéfices... Depuis la mi-2013, les banques européennes ont renforcé leurs bilans à hauteur de 100 milliards d'euros, au total, selon les données de l'agence Reuters.

 Un ratio de solvabilité de 5,5% au minimum

 Un montant tel que "la plupart des banques européennes pensent avoir levé suffisamment de capitaux pour être en mesure de faire face à la revue de la qualité des actifs, ainsi qu'aux tests de résistance", indique le cabinet EY, dans une récente étude. Des tests de résistance dont le scénario le plus noir exige des banques qu'elles affichent un ratio de solvabilité (fonds propres dits durs, rapportés aux actifs pondérés des risques) de 5,5% au minimum. Ce seuil, les 34 banques européennes étudiées par les analystes de JPMorgan le dépassent sans problème.

 Ce qui fait dire aux experts du courtier américain, dans une note publiée le 2 septembre, que "les stress tests de la BCE devraient constituer un élément positif" pour le secteur bancaire européen. Une opinion partagée par leurs homologues de la Société générale, qui jugent que "la nécessité, pour les principales banques européennes cotées en Bourse, de lever des capitaux après les résultats des stress tests, devrait être limitée." Mieux, pour les analystes de la Générale, la transparence accrue sur les comptes des banques qui résultera de l'AQR et des tests de résistance devrait profiter à la valorisation boursière du secteur, à moyen terme.

 Neuf banques susceptibles d'être recalées

 Reste que, sur la somme de 100 milliards d'euros à hauteur de laquelle les banques européennes ont renforcé leurs bilans, depuis la mi-2013, 30 milliards seraient sujets à caution, pour la BCE. Comme, par exemple, les milliards d'euros de garanties publiques intégrés dans son capital par la banque allemande HSH Nordbank, alors même que ces garanties n'ont pas encore été validées par l'Union européenne. Et puis, les créances douteuses ne représentent pas moins de 11,1% de la totalité des encours de crédit des 20 principales banques européennes, selon Reuters.

 Une proportion qui grimpe à 23,2% dans le cas de la Banque nationale de Grèce, et à 38,5% pour la Banque du Pirée. Cette dernière figure d'ailleurs dans la liste des neuf banques susceptibles d'être recalées à l'issue de l'AQR et des tests de résistance, et de devoir lever un total de 51 milliards d'euros de capitaux. Etablie par les analystes de Goldman Sachs, cette liste comprend également les banques italiennes Monte dei Paschi di Siena, Banco Popolare, l'Allemande Commerzbank et la Portugaise Banco Commercial Portugues. Si ces établissements sont effectivement retoqués, il leur faudra présenter un plan de recapitalisation dans les deux semaines, et le mettre en œuvre d'ici six ou neuf mois.

Christine Lejoux

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Commentaires 2
à écrit le 08/10/2014 à 7:48
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On reproche aux banques de ne pas prendre de risque en limitant les prêts, mais on leur impose des contreparties pour limiter les risques, voilà une chose qui ne pousse pas à prendre des initiatives! C'est l'image de la société actuelle!

le 08/10/2014 à 8:28
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On reproche aux banques d'utiliser l'argent gratuit que les banques centrales déversent pour aller jouer au casino sur les marchés plutôt que prêter a l'économie réelle comme aux entreprises par exemple.

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