La transformation digitale dope le marché des fusions-acquisitions

Plus du tiers des dirigeants interrogés par le cabinet EY citent la transformation digitale de leur entreprise comme le principal élément de leur stratégie de croissance externe.
"Les actifs technologiques sont recherchés par la quasi-totalité des secteurs d'activité", confirme EY. REUTERS.

Après cinq années de vaches maigres, le marché mondial des fusions et acquisitions se porte mieux. Beaucoup mieux : il a bondi de 59% sur les neuf premiers mois de l'année 2014, à 2.700 milliards de dollars, selon les données de Thomson Reuters. Il s'agit là de sa plus forte hausse depuis... 1998 (+77%). Et l'année 2015 se présente sous les meilleurs auspices, selon les résultats d'un sondage publiés le 9 octobre par EY : 40% des 1.600 dirigeants d'entreprises interrogés par le cabinet d'audit entendent procéder à de nouvelles acquisitions, au cours des douze prochains mois, soit la proportion la plus élevée depuis trois ans.

Certes, les entreprises ont considérablement assaini leurs bilans, ces dernières années, les coûts de financement sont on ne peut plus attractifs, et la bonne tenue de la Bourse réduit l'écart entre les attentes des acquéreurs et celles des vendeurs, en matière de valorisation. Mais si les dirigeants montrent autant d'appétit pour les fusions et acquisitions, c'est également en raison de la nécessité d'adapter leurs entreprises à la révolution du numérique. Plus du tiers (37%) des chefs d'entreprise interrogés par EY citent en effet " la transformation digitale" comme le principal facteur qui va guider leur stratégie de croissance externe, l'an prochain, juste derrière les impératifs de réorganisation du travail (38%).

 Les start-up du numérique bousculent les business models établis

Il faut dire qu'un nombre croissant de secteurs d'activité voient leurs business models bousculés par des start-up surfant sur les vagues de l'Internet et de l'économie collaborative. Avec son application mobile de covoiturage, la jeune pousse Uber met à mal le modèle économique des taxis, le site de location de logements entre particuliers Airbnb en fait autant dans l'hôtellerie, les plateformes de crowdfunding ouvrent une brèche dans le monopole des banques en matière de distribution de crédit, et des start-up comme Square marchent sur leurs platebandes dans le domaine des moyens de paiement.

Afin de ne pas se laisser distancer par ces start-up innovantes et agiles, les grandes entreprises doivent mettre les bouchées doubles sur le plan de l'innovation technologique. Or, quoi de plus rapide que de racheter une PME innovante ? En début d'année, la banque espagnole BBVA a ainsi fait main basse sur Simple, une jeune pousse spécialisée dans les services bancaires 100% en ligne, pour 117 millions de dollars (92 millions d'euros). BNP Paribas lui a emboîté le pas en juillet, en prenant 81,39% de la banque en ligne allemande DAB Bank. Une acquisition qui "jouera un rôle majeur pour amplifier la croissance de notre activité de banque numérique", avait alors souligné François Villeroy de Galhau, directeur général de BNP Paribas.

 La high-tech demeurera l'un des secteurs les plus concernés par les acquisitions

En juillet toujours, c'est Ryanair qui avait annoncé son intention de procéder à des acquisitions dans le domaine du digital, en plus d'un plan d'investissement de 10 millions de livres (12 millions d'euros) par an dans son laboratoire d'innovations numériques, situé au sein de son quartier général de Dublin. L'objectif de la compagnie aérienne à bas coûts étant notamment de développer des compétences dans l'analyse de grandes masses de données, afin de mieux connaître ses clients et, partant, de leur faire des propositions commerciales adaptées (big data).

Début septembre, c'était au tour du Français Publicis de racheter l'agence digitale canadienne Nurun, pour 125 millions de dollars canadiens (88 millions d'euros). Une nouvelle étape dans le virage numérique du groupe de publicité, qui compte tirer la moitié de ses recettes du digital en 2018, contre 33% en 2012 et 7% en 2006. "Les actifs technologiques sont recherchés par la quasi-totalité des secteurs d'activité", confirme EY. Qui estime donc que le secteur high-tech demeurera l'un des plus concernés par les fusions et acquisitions, au cours des prochains mois.

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