Pourquoi les "cleantech" retrouvent les faveurs du capital-investissement

En France, les fonds de capital-investissement ont apporté 172 millions d’euros à 45 sociétés spécialisées dans les cleantech, au premier semestre. Un record, sur le plan du nombre d’opérations.
Christine Lejoux
Sur les 172 millions d'euros levés par les cleantech au premier semestre, 19,5% l'ont été par des sociétés spécialisées dans les énergies renouvelables. REUTERS.

Les "cleantech", ces technologies et services industriels qui utilisent les ressources naturelles, ont de nouveau la cote auprès des investisseurs français. Au premier semestre, les fonds de capital-investissement ont injecté 172 millions d'euros de capitaux propres dans 45 sociétés spécialisées dans les technologies propres, d'après le baromètre des levées de fonds dans les cleantech publié par l'Afic (Association française des investisseurs pour la croissance), le site Greenunivers et le cabinet d'audit EY (ex Ernst & Young).

C'est la première fois, depuis la création du baromètre en 2010, que le capital-investissement français finance autant de sociétés de cleantech, sur un semestre. Quant au montant de 172 millions d'euros, il représente non seulement un bond de 28% par rapport à la même période de 2013, mais il fait également des six premiers mois de 2014 le troisième meilleur semestre depuis 2010, sur le front des capitaux investis.

Des technologies qui parviennent enfin à maturité

Ces performances contrastent avec une année 2013 en demi-teinte, laquelle avait vu les investissements des fonds dans les cleantech chuter d'un quart, après le rebond en trompe-l'œil de 2012. Rebond qui avait suivi un plongeon de 30% des levées de capitaux par les cleantech, en 2011, en raison, notamment, du brutal retournement du marché de l'énergie solaire.

"Les investissements réalisés par les membres de l'Afic dans des sociétés de cleantech, au premier semestre 2014, témoignent de la maturité du secteur. Après une phase expérimentale plus longue qu'attendue, nous sommes désormais passés à un stade de déploiement de technologies de plus en plus performantes, qui transforment en profondeur et rapidement les comportements de consommation",


explique Sophie Paturle, présidente du club cleantech de l'Afic.

Les énergies renouvelables constituent un bon exemple de cette arrivée à maturité de technologies dont certains défauts de jeunesse avaient refroidi les investisseurs. Ce semestre confirme le retour en grâce des énergies solaire et éolienne auprès des fonds de capital-investissement, avec 33,5 millions d'euros levés via sept opérations, soit 19,5% du total de 172 millions récolté par les cleantech, contre à peine 9% au premier semestre 2013. Un rebond lié "aux gains de productivité apportés par les avancées technologiques, qui rendent désormais ce secteur (des énergies renouvelables) compétitif par rapport aux prix de marché", décrypte l'Afic.

Le capital-innovation a apporté plus des trois quarts des fonds levés

Parmi les sept levées de capitaux réalisées dans le secteur des énergies renouvelables au premier semestre figurent notamment les 10 millions d'euros apportés par le fonds Electranova (groupe EDF) à Leosphère, spécialisée dans la technologie du Lidar, un laser qui permet de pratiquer des mesures atmosphériques. Dix millions, c'est également la somme qu'ont investi Idinvest et le fonds Ecotechnologies de Bpifrance dans Nenuphar, un fabricant d'éoliennes flottantes en mer.

Plus généralement, l'Afic note une augmentation du nombre d'opérations de taille significatives, autour d'une dizaine de millions d'euros, preuve supplémentaire de l'appétit retrouvé du capital-investissement pour l'industrie des cleantech. Un regain d'appétit également illustré par la prépondérance des fonds de capital-innovation dans les levées de capitaux, par opposition aux fonds de capital-développement ou de capital-transmission : plus des trois quarts (76,6%) des 172 millions d'euros investis dans les cleantech, au premier semestre, l'ont été par des fonds de "venture", signe que même les toutes jeunes start-up du secteur, encore en phase de démarrage, n'effraient plus les investisseurs.

Christine Lejoux

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