Banques italiennes : après les stress tests, la concentration

Depuis que Banca Monte dei Paschi di Siena a échoué aux tests de résistance de la BCE, les rumeurs vont bon train sur un rachat de la plus vieille banque du monde par BNP Paribas, le Crédit agricole, Santander ou UniCredit. Très fragmenté, le secteur bancaire italien souffre d’une rentabilité structurellement faible.
Christine Lejoux
Née en 1472, MPS est la plus ancienne banque du monde encore en activité.

Banca Monte dei Paschi di Siena (MPS), qui devait publier ses résultats du troisième trimestre mercredi 12 novembre, "représente tout à la fois la tradition et le besoin de changement du secteur bancaire italien", estime Alberto Gallo, responsable de la recherche macro-économique chez Royal Bank of Scotland (RBS), dans une note publiée le 3 novembre. La tradition car MPS, née en 1472, n'est autre que la plus vieille banque du monde encore en activité. Le besoin de changement car, des 25 banques européennes qui ont échoué aux tests de résistance menés ces douze derniers mois par la BCE (Banque centrale européenne), MPS est celle qui affiche la plus grande insuffisance en fonds propres.

Afin de trouver les 2,1 milliards d'euros qui lui manquent pour se conformer aux exigences de la BCE, la troisième banque italienne projette une augmentation de capital, mais nombre d'analystes sont convaincus que MPS ne pourra pas faire l'économie d'un rapprochement avec un concurrent. La rumeur prête d'ailleurs des intentions en ce sens à BNP Paribas, au Crédit agricole, à Intesa Sanpaolo et UniCredit - les deux premières banques d'Italie -, ainsi qu'à l'espagnole Santander et à l'italienne UBI Banca, également pressentie pour un rachat de sa compatriote Banca Carige, chez qui les tests de résistance de la BCE ont mis en évidence un besoin de fonds propres de 814 millions d'euros.

 L'Italie compte plus de 60 agences bancaires pour 100.000 adultes

C'est en cela que MPS reflète le besoin de changement du secteur bancaire italien, dont la restructuration nécessite une nouvelle vague de fusions et d'acquisitions. De fait, la BCE avait à peine publié les résultats de ses "stress-tests", le 26 octobre, que Fabio Panetta, directeur général de la Banque centrale d'Italie, se disait favorable à un rapprochement de MPS avec un rival, pour peu que cette opération renforce MPS et favorise la distribution de crédits aux ménages et aux entreprises. Quelques semaines auparavant, c'est Alessandro Profumo lui-même, président de MPS, qui avait asséné, dans un entretien aux Echos, que "le système bancaire italien n'échapperait pas à une nouvelle vague de consolidation."

Il faut dire que, contrairement au secteur bancaire français - dominé par les quatre mastodontes que sont BNP Paribas, la Société générale, le Crédit agricole et BPCE (Banque Populaire Caisse d'Epargne) -, le système bancaire italien ne compte que deux très grandes banques, à savoir Intesa Sanpaolo et UniCredit. Viennent ensuite MPS, puis près de 680 établissements de taille moyenne. Autre illustration de cette fragmentation, l'Italie compte plus de 60 agences bancaires pour 100.000 adultes, contre une quarantaine en France et une trentaine au Royaume-Uni.

 L'enjeu est de relancer le crédit aux PME italiennes

Conséquence, les coûts de fonctionnement des banques italiennes sont particulièrement élevés, ce qui pèse sur leur rentabilité. A quoi s'ajoute un niveau de fonds propres relativement faible, en moyenne, comme l'ont montré les tests de résistance de la BCE, auxquels neuf des 15 banques italiennes soumises à l'exercice ont échoué. Des banques qui pâtissent également de créances douteuses particulièrement importantes, les lenteurs du système juridique italien laissant ces créances au bilan des établissements de crédit durant cinq ans en moyenne, avant qu'elles ne puissent être recouvrées.

Alberto Gallo, chez RBS, n'en démord pas, la concentration du secteur bancaire italien pourrait être l'un des remèdes à ses maux, notamment grâce aux économies d'échelle qu'engendreraient les rapprochements entre certains établissements. Il en veut pour preuve la restructuration des systèmes bancaires en Irlande et, plus encore, en Espagne, où le nombre de groupes bancaires a été ramené de 45 à 11, ces dernières années. L'enjeu final étant d'améliorer la capacité des petites et moyennes banques italiennes à prêter aux PME transalpines, dont le financement dépend à 80% du crédit bancaire. Et, partant, d'aider à la reprise de l'économie italienne, les PME étant à l'origine de 80% à 90% des créations d'emplois dans le pays, et réalisant 60% de la valeur ajoutée nationale.

Christine Lejoux

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Commentaires 4
à écrit le 16/11/2014 à 17:51
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Effectivement trop de petites banques en Italie, ce qui ne semble pas inquiéter leurs clients. Too small to survive ...

à écrit le 16/11/2014 à 17:33
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Péremptoire d'annoncer un marché français dominé par 4 "mastodontes". Vous oubliez juste le crédit mutuel-cic, la banque postale et Hsbc France...pour le dernier, mastodonte parait trop fort, pour les deux précédents, y a pas photo.

à écrit le 16/11/2014 à 11:56
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La récente déclaration de Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, Grand Maître de la Bancophilie, que " « La BCE pourrait acheter des emprunts d’Etat si nécessaire » est très préoccupante. Or, il se dit être prêt à faire une chose interdi...

le 16/11/2014 à 13:21
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Vous proposez quoi ? on attends que les choses se remettent naturellement en place, il y devrait y en avoir pour 20 a 30 ans vu que nous sommes dans une crise de la dette.... et pendant ce temps, c'est la crise pour bien plus de monde qu'aujourd'hui.

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