La finance traditionnelle s’entiche du bitcoin

Alors qu'il valait moins de 1 dollar début 2011, le bitcoin a grimpé jusqu'à 1.240 dollars fin 2013, avant de retomber à moins de 350 dollars aujourd'hui. Une volatilité qui attire les fonds spéculatifs.
Christine Lejoux
Dans le monde, 400 millions de dollars de sont déjà investis dans des start-up dont les activités sont liées au bitcoin.

Si 2013 a été l'année du bitcoin, 2014 pourrait être celle des "hedge funds" spécialisés dans la devise virtuelle. En effet, depuis un peu plus d'un an, les créations de fonds spéculatifs destinés à investir dans le bitcoin se multiplient. L'un des derniers en date est Global Advisors Bitcoin Investment (GABI), lancé cet été à Jersey par le hedge fund Global Advisors. Axé sur le courtage de bitcoins, GABI est destiné à une clientèle d'investisseurs institutionnels.

"A l'origine, Global Advisors est une société de gestion spécialisée dans les matières premières. Mais, depuis plusieurs années, nous observons une désaffection générale de la part des investisseurs pour les matières premières. Aussi, plutôt que d'attendre sans rien faire, nous avons cherché un relais de croissance, quitte à nous réinventer",

relate Jean-Marie Mognetti, l'un des responsables du fonds. Or, avec une volatilité qui l'a vu passer de 1 dollar début 2011 à 1.240 dollars fin 2013, avant de chuter à 348 dollars aujourd'hui, le bitcoin semblait constituer un relais de croissance tout indiqué pour un fonds spéculatif.

Le marché du bitcoin, semblable à celui du pétrole à la fin des années 1980

 D'ailleurs, dès mars, les hedge funds américains Fortress et Pantera avaient créé un fonds spécialisé dans le bitcoin. Leur concurrent et compatriote Coin Capital Management en a fait autant deux mois plus tard et les jumeaux Winklevoss - connus pour leurs démêlés juridiques avec Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook - projettent de lancer un fonds indiciel coté spécialisé dans le bitcoin. Il s'agit là d'investissements directs dans la devise virtuelle, à la différence des nombreux fonds de capital-risque qui, eux, ont déjà investi un total de plus de 400 millions de dollars dans des start-up dont les activités sont liées au bitcoin, d'après des données mondiales fournies par cbinsigths.com.

 "Notre objectif est de permettre à nos clients d'investir aussi facilement dans le bitcoin qu'ils le feraient dans un fonds matières premières ou dans un fonds actions. Via notre fonds, notre mission est de séparer l'investissement à proprement parler des risques propres à cette classe d'actifs, à savoir peu de liquidité et de profondeur de marché, peu de régulation et une grande volatilité. Nous gérons l'ensemble de ces risques, ce qui permet à nos clients de se focaliser purement sur l'aspect novateur de cet actif",

 explique Jean-Marie Mognetti. Mais comment s'improviser investisseur en bitcoin quand on vient de l'univers des matières premières ? C'est justement l'un des atouts du fonds GABI, estime Jean-Marie Mognetti : "Le marché du bitcoin ressemble à celui du pétrole à la fin des années 1980, lorsqu'il était peu régulé, peu liquide et que les cours étaient volatiles. Or nous avons de l'expérience sur ce type d'environnement (pétrole, gaz naturel, électricité), ce qui nous confère une certaine légitimité sur le marché du bitcoin."

 Jersey veut favoriser le développement des fintech

 Outre cette expertise, GABI met en avant "la transparence et la sécurité" qu'il est en mesure d'offrir à ses investisseurs, ce véhicule d'investissement se définissant comme "le premier fonds "bitcoin" totalement régulé." Il est vrai que le fonds a été adoubé la JFSC (Jersey Financial Services Commission), l'autorité de surveillance des marchés financiers à Jersey, et que l'obtention de ce blanc-seing a nécessité pas moins de neuf mois de discussions. "A la différence d'autres paradis fiscaux comme les îles Caïmans, il existe à Jersey une véritable régulation, sur laquelle s'appuient les fonds des plus gros gestionnaires d'actifs comme Lyxor ou Deutsche Bank", précise Jean-Marie Mognetti. Qui va plus loin : "Notre projet est devenu celui d'une île, d'un gouvernement, Jersey cherchant à promouvoir l'innovation et les fintech [sociétés spécialisées dans les technologies financières ; Ndlr]."

 De fait, Philip Ozouf, ministre des Finances de Jersey, s'était fendu cet été d'un communiqué saluant le lancement du fonds GABI, cette initiative correspondant bien à l'objectif du gouvernement de faire de l'île "un hub naturel pour le business des fintech." Il n'en demeure pas moins que le bitcoin a dévissé de 50% cette année, en raison notamment de la fermeture brutale de MtGOX, une plateforme de stockage et d'échange de la monnaie virtuelle. Une chute qui a conduit certains investisseurs à se détourner du bitcoin, provoquant ainsi en novembre la fermeture, par Falcon Global Capital, de son fonds dédié au bitcoin, lancé neuf mois plus tôt seulement.

Christine Lejoux

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Commentaires 2
à écrit le 22/12/2014 à 11:01
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Etrange de se "réfugier" vers une monnaie totalement dématérialisée pour se prémunir de la situation actuelle (dettes abyssales, impression monétaire sans précédent, montagne de papier due à la dérégulation financière totale etc). L'or physique par ...

à écrit le 18/12/2014 à 19:24
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je ne doute pas un instant qu'associer un outil qui ne vaut rien a de la finance haute frequence ( a la nanoseconde, hein!) dont l'unique but est de manipuler les cours, ca doit etre efficace pour plumer le gogo qui ne comprend rien a l'economie

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