Comment la BEI vient à la rescousse des entreprises innovantes

Sur les 8,2 milliards d'euros de prêts accordés en 2014 à des projets français par la Banque européenne d'investissement (BEI), 14% sont allés au financement de l'innovation. Mais la BEI veut « passer à la vitesse supérieure. »
Christine Lejoux
La BEI a financé l'innovation en France à hauteur de 1,2 milliard d'euros, en 2014.

Une réunion de travail, surtout pas un colloque où l'on échange davantage de mondanités que d'idées. Philippe de Fontaine Vive, vice-président de la Banque européenne d'investissement (BEI), a été très clair sur la teneur de la matinée qui devait réunir son institution, des banques et des entrepreneurs, vendredi 16 janvier, au siège de la Fédération bancaire française (FBF), à Paris. Une matinée qui avait pour objectif de plancher sur les moyens de démultiplier le financement de l'innovation, en France.

Que des entreprises et des banques françaises débattent de ce sujet, rien de plus naturel, mais que vient faire dans cette histoire la BEI, détenue par les États membres de l'Union européenne (UE)?

Pour mémoire, en 2012, dans le cadre de sa campagne pour l'élection présidentielle, François Hollande avait expliqué que la BEI, l'institution de financement à long terme de l'UE, devait participer davantage au financement de projets innovants, afin d'aider à la relance de la croissance économique en Europe.

De fait, sur les 8,2 milliards d'euros de prêts consentis par la BEI à des projets français, en 2014, près de 1,2 milliard - soit 14% du total - sont allés à l'innovation. Ainsi, en décembre, la BEI a passé un accord de crédit de 750 millions d'euros avec cinq banques françaises (Crédit Mutuel Arkéa, BPCE, la Banque Postale, le Crédit agricole et la Société générale), afin d'aider au développement de l'Internet à très haut débit (THD) en France.

Dans cette même optique d'extension du TDH dans l'Hexagone, la BEI avait été à l'origine, six mois plus tôt, du premier « project bond » (obligation de projet) français. Concrètement, la caution de la BEI, dont la dette est notée triple A, avait permis à l'époque à la société Axione - détenue par le fonds d'investissement des Caisses d'Epargne, la Caisse des dépôts et Bouygues Energies & Services - d'émettre 189,1 millions d'euros de "project bonds" auprès d'investisseurs européens dans des conditions très intéressantes.

Un effet de levier de 15

« La BEI doit servir d'aiguillon. Tout ce qui fonctionne bien sans nous, nous ne nous en occupons pas. Nous devons nous concentrer sur les projets qui pourraient mieux marcher grâce à nous », a expliqué Philippe de Fontaine Vive, lors d'une conférence de presse, le 16 janvier.

Par exemple, certaines banques peuvent hésiter à financer des entreprises innovantes, par prudence par rapport à une conjoncture macroéconomique incertaine, ou parce que cela leur coûte plus cher en raison des nouvelles normes prudentielles. Dans ce cas, une garantie du prêt par la BEI pourra être l'élément déclencheur de l'acceptation de la demande de crédit par la banque. « Nous avons un effet de levier de 15 environ », précise Philippe de Fontaine Vive.

Autrement dit, lorsque la BEI prête 8,2 milliards d'euros à l'économie française, comme cela a été le cas l'an dernier, l'effet d'entraînement de la banque de l'UE sur d'autres établissements de crédit ou investisseurs permet d'espérer un total de financements de l'ordre de 123 milliards d'euros.

Pour autant, « nous devons passer à la vitesse supérieure, afin de relancer la croissance par l'investissement », estime le vice-président de la BEI. Qui entendait donc bien profiter de cette réunion du 16 janvier pour faire la promotion de nouveaux outils de financement de l'innovation auprès des banques et des entrepreneurs français, à savoir les produits Innovfin.

Développés depuis le mois de juin par la BEI et l'UE, ceux-ci vont de garanties pour les banques qui prêtent à des PME à des prêts directs aux sociétés innovantes. Ce mécanisme de distribution de crédits en risque partagé avec les banques a déjà trouvé preneur auprès de la banque belge KBC et de l'Allemande Commerzbank, mais pas encore auprès de banques françaises. Peut-être plus pour longtemps.

Christine Lejoux

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Commentaires 2
à écrit le 20/01/2015 à 17:46
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Concurrence déloyale pour ceux qui ne sont pas soutenus. Il faut que cela cesse.

le 21/01/2015 à 9:44
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Bizarre votre commentaire. Vous préférez que la BEI finance davantage ailleurs, par ex. En Allemagne, Espagne, etc ? Vous ne comprenez pas qu'il s'agit d'un mécanisme de financement des investissements mutualise a l'échelle europeenne. La BEI n'enlè...

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