L'argent n'est (presque) plus un problème pour les start-up

Financement participatif, corporate venture, Bpifrance... Grâce aux efforts des pouvoirs publics, les jeunes pousses innovantes bénéficient aujourd'hui d'un cadre plus favorable pour se financer.
Christine Lejoux
« Nous devons offrir au secteur high-tech, principal moteur de notre économie, une infrastructure de financement plus efficace », a reconnu Emmanuel Macron le 17 novembre dernier.

Un ministre de l'Économie, de l'Industrie et du Numérique âgé de moins de 40 ans, s'exprimant dans un anglais parfait sur le financement de l'industrie de la haute technologie. Difficile de trouver meilleur symbole de l'intérêt porté par le gouvernement français au financement de l'innovation.

« Nous devons offrir au secteur high-tech, principal moteur de notre économie, une infrastructure de financement plus efficace », a reconnu Emmanuel Macron le 17 novembre dernier, lors de l'EnterNext Tech Conference, un événement organisé par la Bourse des PME et des ETI.

Certes, il demeure « des trous dans la raquette » du financement des start-up françaises, mais force est de reconnaître que les pouvoirs publics ont déjà fait beaucoup en la matière, ces dernières années, conscients de l'importance de l'innovation dans la relance de l'économie.

Traverser et survivre à la « Vallée de la mort »

S'il est une étape critique dans le financement d'une start-up, c'est celle où la jeune pousse est déjà trop importante pour se satisfaire de l'argent de ses proches et des business angels, mais encore trop petite pour intéresser les fonds de capital-risque (ou capital-innovation). C'est pour aider les start-up à traverser cette « vallée de la mort », qui correspond à des besoins en fonds propres compris entre 500 000 et 2 millions d'euros, que le gouvernement a assoupli la réglementation du financement participatif, par le décret du 1er octobre dernier. Ce jeune mode de financement « par la foule » pesait déjà 78 millions d'euros en 2013, en France, soit un triplement par rapport à 2012.

Par ailleurs, les banques et les assureurs ayant les coudées moins franches pour alimenter les fonds de capital-risque, du fait des nouvelles règles prudentielles, le gouvernement souhaite encourager le développement du corporate venture (financement par les entreprises). Lors de l'examen du collectif budgétaire, l'Assemblée nationale a adopté, le 5 décembre, un amendement d'Axelle Lemaire, la secrétaire d'État au Numérique, qui permettra aux grands groupes d'amortir fiscalement, sur cinq ans, leurs investissements dans le capital de PME innovantes. L'objectif étant d'augmenter de 30%, à quelque 600 millions d'euros par an, le financement des start-up par les entreprises. Toujours pour dynamiser le capital-risque, qui a investi 445 millions d'euros dans des jeunes pousses en France, au premier semestre 2014, l'État avait lancé Bpifrance, il y a deux ans. La banque publique d'investissement est aujourd'hui le premier acteur du capital-innovation français, avec 15 opérations financées au premier semestre 2014, sur 188, selon le cabinet d'audit EY.

EnterNext multiplie les initiatives

Mais « il manque des outils dans le large venture, les levées de fonds comprises entre 5 millions et 30 millions d'euros », estimait Jacques Chatain, cofondateur de la société de capital-risque Auriga, dans La Tribune du 5 septembre. C'était, là encore, compter sans Bpifrance, qui a commencé les investissements de son nouveau fonds, Large Venture, lancé fin 2013 et doté de 500 millions d'euros. La Bourse a, elle aussi, un rôle à jouer à ce stade du financement des start-up. Le problème, c'est qu'à l'image de la pépite Criteo, bien des jeunes pousses préfèrent Wall Street à Paris. Le Nasdaq, l'indice américain des valeurs technologiques, étant « the place to be » en termes de valorisation boursière et de visibilité auprès des investisseurs.

Aussi EnterNext a-t-elle annoncé, le 17 novembre, un partenariat avec Morningstar, qui fournira aux investisseurs des analyses financières sur les 320 valeurs technologiques cotées sur EnterNext Paris, Amsterdam, Bruxelles et Lisbonne. La Bourse des PME lancera également début 2015 un label « Tech », qui permettra chaque année à une cinquantaine de start-up particulièrement méritantes de bénéficier, entre autres, de tournées de promotion destinées à accroître leur visibilité auprès des investisseurs. Et cette année toujours, EnterNext mettra en place un programme d'accompagnement pour les jeunes pousses désireuses de tenter l'aventure de la Bourse. En attendant la création d'un Nasdaq européen ?

Christine Lejoux

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Commentaires 5
à écrit le 06/02/2015 à 16:16
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l'article est un peu mignon, on va dans la bonne direction, mais la BPI recouvre 1% des besoins. Et rapport de 1 à 10 entre l'argent levé à paris et à londres. allez pas le temps de blablater je dois lever des fonds et m'occuper de mon carnet de c...

le 08/02/2015 à 15:14
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Justement, je vis a Londres et suis en train de lancer un start-up dans le domaine de .... Et je dois m'occuper du lever de fonds mais pas encore de commandes a m'occuper. Peut-etre ca viendra sous peu, et j'espere de pouvoir vous suivre.

à écrit le 06/02/2015 à 10:12
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C'est enfin beau ce qui se passe en France, il àtait temps et tellement historique que cela se passe sous un gouvernement socialiste ... quel décallage apres tant d'année de gouvernement de droite! A mourrir de rire

à écrit le 06/02/2015 à 8:14
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Le problème en France, c'est le fisc, le socialisme. Pourquoi construire en France? Devenir actionnaire? Devenir riche? Devenir patron? Non merci. Jamais en France. Se faire plumer par des fonctionnaires bienveillants? Etre appelé à la "solidarité" p...

le 06/02/2015 à 10:03
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@PierPaul Devenir riche? Pour avoir plein de maisons secondaires qu'on n'habite pas., des grosses voitures, avec lesquelles on ne peut pas rouler, des bateaux qui restent ancrés au port et qui voient la mer dans le meilleur des cas quelques jours pa...

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