Le capital-investissement mise sur l’internationalisation des ETI

Plus des trois quarts des dirigeants d'entreprises de taille intermédiaire françaises interrogés par Siparex citent l'accélération de leur développement à l'étranger comme la solution pour dynamiser leur activité. Un nombre croissant de fonds d'investissement se positionnent sur cette thématique de l'export.
Christine Lejoux
Face à une conjoncture économique obstinément morose en France, les ETI tricolores sont bien obligées d'aller chercher de la croissance ailleurs, en Chine, par exemple,où le PIB devrait croître de 7,3% cette année, selon l'OCDE.

Les patrons d'ETI françaises ne voient pas 36 solutions pour dynamiser leur activité. Plus des trois quarts (77%) des dirigeants d'entreprises de taille intermédiaire interrogés par Siparex citent l'accélération de leur développement à l'étranger, devant la croissance externe (69%) et l'innovation (42%), d'après une enquête publiée le 3 février par la société lyonnaise de capital-investissement. De fait, face à une conjoncture économique obstinément morose en France, les ETI tricolores sont bien obligées d'aller chercher de la croissance ailleurs, aux Etats-Unis ou en Chine, par exemple, deux pays qui devraient voir leur PIB (produit intérieur brut) progresser respectivement de 3,1% et de 7,3% cette année, selon l'OCDE. Laquelle table sur une hausse de 1% seulement de l'économie française, pour 2015.

"Dans les années 1990, nous réalisions 90% de notre chiffre d'affaires en France. Aujourd'hui, 94% de notre activité provient de l'export", indique ainsi Laurent Pélissier, patron d'ECM Technologies, un fabricant grenoblois de fours industriels dans lequel Siparex et Bpifrance (la Banque publique d'investissement) avaient investi 10 millions d'euros, en juin dernier, aux côtés d'InnovaFonds et de Capida. Avec pour objectif d'apporter à ECM Technologies les fonds propres nécessaires à la poursuite de sa croissance à l'international, où la société est présente via des filiales ou par l'intermédiaire d'agents. "La Chine est notre première destination mais nous  avons des projets qui devraient aboutir aux Etats-Unis, ainsi que dans le Golfe Persique et au Maghreb : nous avons décroché une belle commande au Maroc et des choses se profilent en Algérie", précise Laurent Pélissier.

Siparex veut être un acteur euro-méditerranéen

Mais, si les ETI figurant dans le portefeuille de participations de Siparex sont particulièrement dynamiques à l'export, ce n'est en revanche pas le cas de la plupart des entreprises de cette catégorie, manque de capitaux propres oblige. "En matière de développement international, les ETI françaises sont un peu en retard, notamment par rapport à leurs homologues allemandes", souligne Bertrand Rambaud, président du groupe Siparex. Ah, les 12.000 ETI allemandes... Elles constituent ce fameux Mittelstand que la France, qui ne compte que 4.000 à 5.000 ETI, envie tant à l'Allemagne. L'une des clés du développement des ETI françaises étant donc l'internationalisation, un nombre croissant de fonds d'investissement se positionnent sur cette thématique de l'export. Car plus ses participations se développent vite et bien, plus un fonds de capital-investissement peut les revendre dans de très bonnes conditions.

Déjà présent en Europe du Sud (Espagne et Italie) et au Maghreb, au travers de ses propres implantations ou de partenariats avec des sociétés de gestion locales, Siparex "veut être un acteur euro-méditerranéen, afin d'accompagner les entreprises françaises là-bas, de leur ouvrir des portes dans certains pays, de leur faire rencontrer d'éventuelles cibles de croissance externe", indique ainsi Bertrand Rambaud. Siparex a déjà réalisé une quarantaine de missions d'accompagnement à l'international depuis janvier 2013, date à laquelle la société lyonnaise de capital-investissement avait signé un partenariat avec Erai (Entreprise Rhône-Alpes International), l'agence de développement économique de la région Rhône-Alpes, afin de fournir études de marché et contacts à l'étranger aux ETI de son portefeuille.

Un nombre croissant de fonds d'investissement se positionnent sur la thématique de l'export

Dans cette même perspective, la société de capital-investissement Entrepreneur Venture avait lancé, fin 2013, un fonds baptisé Entrepreneurs & Export, doté de 100 millions d'euros et destiné à prendre des participations dans des PME très axées sur leur développement international. Une initiative qui avait suivi la création, trois ans plus tôt, de Capital Export, un fonds de capital-développement de 50 millions d'euros entièrement dédié à l'investissement dans des PME exportatrices.

Pour aider ces dernières à identifier ces fonds susceptibles de répondre à leurs besoins de financement et d'accompagnement, CDC Entreprises (Bpifrance) avait créé en mars 2013 un label "Export", les fonds ainsi labellisés bénéficiant d'un apport de capitaux global de 150 millions d'euros de la part de la puissance publique. C'est dire si le développement des ETI est devenu une priorité pour le gouvernement français.

Christine Lejoux

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Commentaires 5
à écrit le 07/02/2015 à 21:16
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En appelant bpi, ils m'ont mis dans les pattes de ma cci locale qui ne connait pas grand chose à l'export. Ca prête à rire mais c'est vrai.

à écrit le 07/02/2015 à 21:13
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En appelant bpi, ils m'ont mis dans les pattes de ma cci locale qui ne connait pas grand chose à l'export. Ca prête à rire mais c'est vrai.

à écrit le 07/02/2015 à 15:46
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150 millions soit 1 pour mille du chiffre d'affaires des entreprises aidées, est-ce-tellement considérable? A qui cela profite-t-il vraiment?

à écrit le 07/02/2015 à 13:50
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Si Siparex avait besoin de faire une enquête pour aboutir à cette conclusion : " Plus des trois quarts des dirigeants d'entreprises de taille intermédiaire françaises interrogés par Siparex citent l'accélération de leur développement à l'étranger...

à écrit le 07/02/2015 à 12:06
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J'ai souvent indiqué que les 12 000 ETI allemandes sont en réalité en retard. On voudra bien par ailleurs en faire un classement efficace et surtout en citer les noms. Le mensonge de ce mythe rend l'exercice bien difficile. Depuis que l'on parle du M...

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