Amazon prête aux PME presque comme une banque

Le géant de l'e-commerce a accordé plus de 3 milliards de dollars de prêts à certains petites entreprises utilisant sa plateforme, dont 1 milliard rien que l'an dernier. Il concurrence PayPal, Square et... les banques.
Delphine Cuny

C'est la hantise des banques traditionnelles : le débarquement des GAFA, les Google, Apple, Facebook, Amazon, qui viendraient grignoter leurs parts de marché grâce à leur maîtrise de l'analyse des données. Les uns et les autres ont déjà tenté des incursions, notamment dans le paiement, sans succès éclatant jusqu'ici. Mais Amazon est peut-être le plus avancé, sans que cela soit encore très visible. Le géant de l'e-commerce a déjà lancé des cartes bancaires Visa gratuites, utilisables partout, même hors ligne.

Il est aussi devenu un prêteur important pour certaines petites entreprises utilisant sa plateforme, Marketplace, dans le but de vendre leurs produits, et les montants ont de quoi faire pâlir d'envie plus d'une startup de la Fintech : la firme de Seattle a récemment passé le seuil des 3 milliards de dollars de prêts accordés en cumulé à plus de 20.000 PME, depuis le lancement de son programme Amazon Lending en 2011.

Détecter les TPE prometteuses par algorithme

Au cours des douze derniers mois, Amazon a prêté plus de 1 milliard de dollars à des entreprises clientes américaines, britanniques ou japonaises. Le service doit être étendu à d'autres pays, dont la France, le Canada et la Chine, a indiqué le groupe, sans préciser de date. Il s'agit de prêts à court terme (d'une durée d'un an maximum), d'un montant allant de 1.000 dollars jusqu'à 750.000 dollars, que propose Amazon à des micro, petites et moyennes entreprises qu'il sélectionne lui-même, à l'aide d'algorithmes pour détecter celles qui ont le plus de potentiel. Les données dont dispose la firme de Jeff Bezos, des avis des acheteurs à la fréquence des commandes, lui permettent de limiter le risque de crédit et d'effectuer une sorte de scoring.

« Nous avons créé Amazon Lending pour simplifier l'accès au prêt des petites entreprises prometteuses de manière efficace, parce que nous savons qu'une injection de capital au bon moment peut mettre une petite entreprise sur la voie d'un succès encore plus grand » fait valoir Peeyush Nahar, directeur d'Amazon Marketplace dans le communiqué.

« Les PME sont dans notre ADN. Amazon fournit du capital à des PME pour les aider à accroître leur stock et leur activité à une période cruciale de leur développement. Nous avons compris qu'un petit prêt peut faire beaucoup.»

Remplacer les banques

Amazon ne précise pas le niveau de taux d'intérêt pratiqué mais le dirigeant de la Marketplace a affirmé à Bloomberg que ces derniers étaient inférieurs à ceux des cartes de crédit ou des avances que peuvent obtenir les commerçants auprès de différents établissements de prêt. Depuis la crise financière, les petites entreprises ont souffert des restrictions appliquées par les banques dans l'octroi de crédit. Amazon se propose de les remplacer, au moins partiellement.

Le cybermarchand n'est d'ailleurs pas le seul à avancer de l'argent aux TPE. PayPal a indiqué en mai dernier qu'il avait aidé plus 115.000 petites à entreprises à accéder à plus de 3 milliards de dollars de prêts et d'avances depuis le lancement de son programme PayPal Working Capital (en partenariat avec WebBank). Square, la société fondée et dirigée par Jack Dorsey (Twitter), fournit aussi des prêts et des avances aux petites entreprises qui utilisent sa solution d'encaissement par carte bancaire, en partenariat avec Celtic Bank : en cumulé plus de 1,5 milliard de dollars à plus de 240.000 PME depuis le lancement de Square Capital en mai 2014.

De son côté, Amazon assure que plus de la moitié des clients acceptant un prêt Amazon Lending en prennent un second et que le taux de défaut est "un très très petit pourcentage" selon Peeyush Nahar.

Quand Jeff Bezos avait pour la première fois évoqué Amazon Lending en avril 2016, dans sa lettre aux actionnaires, il disait espérer le développer et s'associer à des banques qui utiliseraient "leur expertise pour prendre et gérer l'essentiel du risque." Amazon ne parle plus désormais de partenariat et a semble-t-il jugé qu'il pouvait se débrouiller seul.

Delphine Cuny

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Commentaire 1
à écrit le 30/06/2017 à 17:12
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" Amazon surfe sur la loi anti-terroriste pour imposer sa loi " http://www.bruxelles2.eu/2017/06/28/amazon-surfe-sur-la-loi-anti-terroriste/

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