Après la chute de Banco Popular, spéculation et crainte d'une contagion

Depuis que les actionnaires de Banco Popular ont tout perdu lors de son rachat pour un euro symbolique, la plus petite banque espagnole cotée Liberbank est attaquée en Bourse par des fonds spéculatifs. Les autorités des marchés européenne et espagnole ont interdit la vente à découvert sur les titres pendant un mois.
Delphine Cuny
Créée en 2011, après la crise financière, Liberbank est issue de la fusion des Caisses d'Asturie, de Cantabrie, de Castille-La Manche et d'Estrémadure. Son Pdg dénonce des attaques spéculatives alors que les ratios de solvabilité de la banque sont supérieurs aux exigences réglementaires.

Eviter que la panique ou la spéculation n'envoie au tapis une banque sans difficulté particulière. Les autorités de marché européenne (ESMA) et espagnole (CNMV) ont employé les grands moyens ce lundi : constatant la chute accélérée de l'action Liberbank, la plus petite banque espagnole cotée, qui a perdu plus de 40% de sa capitalisation boursière en dix jours, elles ont décidé, en mesure d'urgence et de manière concertée, d'interdire la vente à découvert sur la valeur pendant un mois. Autrement dit, les investisseurs, en particulier les hedge funds, ne pourront plus spéculer sur une déconfiture de la banque en vendant à terme l'action à la baisse pour empocher une plus-value.

Les titres Liberbank reprennent des couleurs ce lundi, s'affichant en hausse de 28%, (sa capitalisation est revenue à 807 millions d'euros), sans regagner tout le terrain perdu.

Le gendarme boursier espagnol, la Comisión nacional del mercado de valores (CNMV) a estimé la mesure « appropriée, nécessaire et proportionnée » du fait de l'évolution du cours « sans informations négatives » concernant Liberbank et « de la très probable relation avec la procédure de résolution décidée pour Banco Popular ».

Risque sur la stabilité financière

Le sauvetage de Banco Popular, racheté pour un euro symbolique par Santander la semaine dernière, a laissé sur le carreau ses actionnaires et une partie de ses porteurs d'obligations.

« L'application de mesures de bail-in [conversion forcée en capital ou annulation de créances en cas de difficultés d'une banque, ndlr] a signifié que tous les actionnaires et les porteurs d'obligations subordonnées de Banco Popular ont perdu la totalité de leur investissement du jour au lendemain. Cela a grandement accru la sensibilité du marché espagnol et des investisseurs internationaux et il y a un risque que des cas similaires émergent à l'avenir », souligne l'ESMA dans sa décision.

L'Esma avait déjà autorisé l'interdiction de la vente à découvert pendant trois mois sur les titres de la banque italienne  Monte dei Paschi di Siena, qui a obtenu le feu vert de l'Europe pour une recapitalisation préventive de 6,6 milliards d'euros sur fonds publics.

 « La CNMV justifie cette mesure par l'existence de circonstances défavorables constituant une menace pour la confiance des marchés dans le secteur bancaire espagnol. Ces mesures visent à empêcher que cette menace se matérialise car elle pourrait avoir d'autres implications en termes de stabilité financière en Espagne », plaide l'ESMA.

Les autorités de marchés redoutent « une importante spirale baissière » en Bourse risquant de fragiliser la petite banque. Même si les positions à découvert n'étaient pas massives, elles souhaitent envoyer un signal fort au marché.

Victime collatérale

Créée en 2011, après la crise financière, Liberbank est issue de la fusion des caisses d'épargne d'Asturie, de Cantabrie, de Castille-La Manche et d'Estrémadure, régions dans lesquelles elle est le leader du marché. C'est une banque de taille moyenne, mais suffisamment importante pour être placée sous la supervision de la Banque centrale européenne (BCE) : elle présente un bilan de 39 milliards d'euros à fin mars 2017 et des fonds propres de 2,4 milliards. Elle emploie 4.000 personnes et possède un réseau 868 agences, servant 1,8 million de clients.

Ses créances douteuses ont diminué de 38% en un an, à 2,9 milliards d'euros et leur taux de couverture est de 121%, selon un document publié la semaine dernière. Tout porte à croire que c'est une victime collatérale de la « résolution ordonnée » - mais pas sans conséquences pour les acteurs de marché - de Banco Popular.

« Liberbank est une banque solide, dont les ratios de solvabilité dépassent les exigences réglementaires et sa situation de trésorerie est une des meilleures parmi les banques espagnoles » a fait valoir le directeur général, Manuel Menendez. « La volatilité récente des actions a été affectée par des éléments externes, de nature spéculative, car il n'y a aucun élément nouveau justifiant une évolution aussi abrupte du cours. »

Delphine Cuny

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Commentaires 5
à écrit le 12/06/2017 à 19:20
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Un genre petit krach boursier est entrain de se produire aux US valeurs techno ... prudence !!!!!!!!!! Va t'on vers un remake de 2008 mondial ?... Je cherche le lien !

à écrit le 12/06/2017 à 15:43
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si les fondamentaux sont corrects (je ne sais pas), vu la déréglementation bancaire américaine, on va vers un crash style 2008 !

le 13/06/2017 à 9:45
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Voir pire si affinités, ou alors écoutez Lenglet !!! Pas de nouveaux impots sauf CSG et TVA. cherchez les erreurs...

à écrit le 12/06/2017 à 13:51
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Pas envie de devenir une victime collatérale des spéculations de quelques rapaces.... Demain j'achète une pelle, je convertis mes maigres avoirs en or et hop... avec les salades !

le 12/06/2017 à 15:14
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achetez plutot une AK47. car s il y a effondrement du systeme bancaire, c est tout nos etats qui vont s effondrer. et la ca sera ple plus fort (ou le mieux arme qui gagne)

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