Les taux d'intérêt zéro ont laissé les assureurs de marbre

Les trois premiers groupes d'assurance européens, Allianz, Axa et Generali affichent de plutôt bons résultats pour 2016, en dépit d'un contexte de taux d'intérêt très faibles, censé les mettre en difficulté. Ils ont su répercuter sur les épargnants la baisse du rendement de leurs investissements
Philippe Donnet, le patron du groupe Generali

 On annonçait, sinon la catastrophe, tout au moins une situation « compliquée ». Les taux d'intérêt faibles, proches de zéro, qui laminent les rendements des investissements réalisés par les assureurs, devaient les mettre en difficulté. C'était certain. Or, que voit-on ? Les comptes annuels publiés par les grands assureurs européens font apparaître au contraire une situation toujours saine. Generali, qui publiait ce jeudi ses comptes annuels, peut ainsi se féliciter « d'excellents résultats 2016, avec un résultat opérationnel au plus haut, à 4,8 milliards d'euros et résultat net en hausse de 2,5%, à 2,1 milliards. Le 23 février, Axa a annoncé un bénéfice net record de 5,83 milliards, en hausse de 4%. Quant à Allianz, le premier assureur européen a surpris le marché avec un profit net en progression de 4%, à 6,9 milliards.

Des facteurs conjoncturels peuvent expliquer ces résultats meilleurs que prévu. Au quatrième trimestre 2016, Allianz a vu ses profits bondir de 23%, grâce aux faibles catastrophes naturelles enregistrées. Il en a été de même pour Axa.

Profits en hausse y compris sur l'assurance vie

Mais, plus surprenant, même le secteur de l'assurance vie et l'épargne a dégagé de bons résultats. Comment est-ce possible, avec des taux d'intérêt de référence -le rendement des emprunts d'Etat à 10 ans-, qui ont frôlé le zéro cet été en France, étant négatifs en Allemagne ? Generali souligne la mise en place d'une approche très sélective de la collecte d'assurance vie, d'où une baisse de la collecte de 6,3%. Priorité a été donnée à la rentabilité, souligne le groupe, qui affiche un résultat opérationnel en hausse de 5,5% sur ce segment. En France, cette stratégie est passée par le développement des unités de compte (assurance vie investie notamment en actions, sans garantie de capital), avec une hausse de 21,7% de la collecte pour ce type de contrat.

Axa a été l'un premiers groupes à donner la priorité aux unités de compte : leur part dans la collecte dépasse les 40%. Elle contribue largement aux bons résultats en assurance vie, en dépit d'un l'environnement de taux d'intérêt très bas. Le groupe a même réussi à faire progresser son résultat opérationnel sur le fond général (+2%).

Diminution des rendements offerts

A travers l'Europe, les assureurs ont su diminuer les rendements offerts aux épargnants, et préserver leurs marges. " En assurance vie, Generali et les autres grands assureurs ont su augmenter leur marge sur les affaires nouvelles, ils ont très bien réussi à répercuter sur leurs clients l'effet de la baisse des taux d'intérêt » souligne Gildas Surry, analyste chez Axiom AI. C'est ainsi qu'Allianz a augmenté de 4% ses profits en assurance vie et santé.

S'agissant de la France, ce sont bien les unités de compte qui assurent les meilleurs résultats. « Compte tenu de frais importants prélevés par les assureurs, la rentabilité des unités des comptes est bien supérieure à celle du traditionnel fonds en euros » souligne Cyrille Chartier-Kastler, du cabinet Facts & Figures. Même les fonds en euros ont été rentables. En moyenne, ils ont rapporté 1,8% aux épargnants, alors même que l'actif général des assureurs, sur lequel est assise cette rémunération, affichait des rendements bien supérieurs, entre 3% et 3,5%.

La loi Sapin a contribué aux profits bancaires

En fait, le gouvernement a, indirectement conforté les marges des assureurs, en les incitant à diminuer les rendements offerts. Selon Cyrille Chartier-Kastler, la rémunération moyenne aurait dû être juste sous les 2%, compte tenu d'un taux de participation aux bénéfices de 90% et d'un niveau moyen de frais de gestion de 0,85%. C'est la loi Sapin, donnant un pouvoir supérieur aux autorités de contrôle, qui a donc entraîné cette baisse supplémentaire des rémunérations. Au profit des assureurs.

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Commentaires 4
à écrit le 17/03/2017 à 9:21
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Comment peuvent ils obtenir des rendements de 3% ou 3,5% avec des taux OAT10 ans à 0,5 ¨% ? Les placements sont ils réellement séparés ou ont ils le droit de les mixer ?

à écrit le 17/03/2017 à 8:20
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c'est sur apres on verra les vrais effets quand les epargnants retireront leur argent de l'assurance vie pour le laisser trainer sur leur compte en banque a remuneration proche du zero, vaut mieux etre liquide, plutot que de financer le systeme soc...

à écrit le 17/03/2017 à 6:55
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Si les taux d'intéréts n'ont pas d'impact sur les assurances vies pourquoi les rémunérations de celles-ci ont autant baissées, j'attends la réponse ????

à écrit le 16/03/2017 à 18:21
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Il faut dire que les assurances et les banques, en générale sont les établissements qui bénéficient le plus des subventions étatiques directes ou indirectes. Et bizarrement ils passent tranquillement des services de l'état aux entreprises privées et ...

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