Voiture autonome : le partage des données, essentiel pour les assureurs

La voiture autonome -ou semi autonome- va transformer profondément le monde de l'assurance auto, souligne Fitch. Des transformations si profondes que certains assureurs disparaîtront probablement

La voiture autonome ou semi autonome va transformer profondément le business de l'assurance auto, confirme l'agence Fitch dans une étude publiée ce mercredi. Et cette transformation a déjà débuté dans certains pays, où le cadre règlementaire évolue déjà. Ainsi, au Royaume Uni, le gouvernement a annoncé ses propositions pour les voitures autonomes.

Mais quels sont les principaux enjeux? Le principal a trait à la collecte et au partage des données, souligne Fitch. C'est grâce à ces données que les assureurs pourront appréhender la réalité du risque, et tarifer correctement les voitures autonomes. Les données recueillies lors d'un accident seront essentielles pour savoir qui contrôlait le véhicule au moment où celui-ci est survenu, le conducteur ou la voiture, via sa technologie embarquée. Seules les données permettront de déterminer qui est responsable, le conducteur ou le constructeur. Pour évaluer correctement cette responsabilité, il faudra que constructeurs et assureurs se mettent d'accord sur un partage des données. Les assureurs en ont besoin, bien sûr, mais aussi les constructeurs, afin de développer et d'améliorer la technologie de la voiture autonome.

 Une assurance toujours attachée au propriétaire du véhicule

En fait, comme a eu l'occasion de le souligner François Nédey, Directeur Technique d'Allianz France, il est impensable que l'assurance auto se fasse à l'avenir dans le cadre législatif actuel. La voiture pleinement autonome peut être assurée selon deux modèles. Le premier, "c'est celui d'une assurance attachée au véhicule", déconnectée du conducteur. "C'est assez peu plausible", selon François Nédey.  L'autre modèle, c'est le maintien d'une "assurance attachée au propriétaire du véhicule". Bien sûr, à mesure que vont se multiplier le systèmes automatiques dans une auto, la question de la responsabilité va se complexifier. "Mais ce sera l'assureur du propriétaire de l'auto qui sera responsable, à lui de se charger d'éventuels recours" contre le fournisseur de tel ou tel matériel qui pourrait dysfonctionner.

Évolution au niveau international

Cette évolution du modèle de l'assurance pourrait avoir lieu, du point de vue de la législation, au niveau international, estime Fitch. Le Forum mondial pour l'harmonisation de régulation des véhicules, créé en 1952 sous l'égide de l'ONU, et qui est en charge des standards techniques afin de faciliter les échanges mondiaux, pourrait être le lieu de cette harmonisation, estime Fitch, notamment pour ce qui concerne l'utilisation et le partage des données. Bien évidemment, le partage des données devra être soumis aux législations sur la protection des consommateurs.

Les assureurs déjà engagés dans la télématique, avantagés

Selon Fitch, les assureurs déjà engagés dans la télématique, offrant à leurs assurés une tarification liée à la qualité de leur conduite (comme Allianz et Direct Assurance, en France), mesurée via un mini boitier qui transmet les informations à un smartphone, seront sans doute avantagés dans ce passage à la voiture autonome. Car ils ont un coup d'avance dans la maîtrise des données.

Baisse des indemnisations et des primes

 En tout état de cause, la voiture autonome ne sera pas généralisée avant 10 ou 20 ans, et les petites routes européennes posent de redoutables problèmes de ce point de vue. Fitch, qui se penche d'abord sur le cas britannique, estime donc que la profitabilité des assureurs ne sera pas affectée à court terme.

Mais, sans parler d'autonomie, les aides à la conduite -comme le freinage automatique- , qui vont se multiplier, vont réduire le nombre d'accidents, et donc le montant des indemnisations, au cours des 10 prochaines années. D'où, nécessairement, une réduction des tarifs d'assurance et du montant des primes encaissées par les assureurs. A plus long terme, la disparition de la matière assurable va s'accélérer, les assureurs auto vont devoir se diversifier, ou... disparaître.

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Commentaires 6
à écrit le 10/03/2017 à 13:29
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1) "Le principal a trait à la collecte et au partage des données" : visiblement le propriétaire/conducteur n'est même plus concerné ! On ne sait pas même pas qui encore va les récupérer, mais certainement pas lui :-( ! 2) Et qui va va douiller en ca...

le 26/05/2017 à 9:24
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1) Il n'est pas évoqué l'accès des données au propriétaire, mais rien ne l'empêche (déjà le cas avec les données Google). Le point n'est pas évoqué ici a priori car la question derrière l'accès aux données est leur utilisation à grande échelle. Le pr...

à écrit le 09/03/2017 à 9:01
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Les assureurs ne s’inquiètent pas que des bagnoles vont transporter des gens toutes seules non ils s'inquiètent des futurs clauses de leurs contrats qui nous empêcheront d'être convenablement assurés. Cette économie déshumanisée est fantastique.....

à écrit le 09/03/2017 à 8:39
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Au moment où nous sommes informés que la CIA (et certainement d'autres agences...) est en capacité de pirater TOUS les systèmes d'information, toutes les données...et la possibilité d'agir pour les contrôler, rendre autonome les moyens de déplacemen...

à écrit le 09/03/2017 à 2:16
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Hum ! Je n'y crois pas beaucoup à la baisse des tarifs d'assurance. En 40 ans, le nombre de morts et d'accidents a été divisé par 5, et je n'ai pas l'impression que les cotisations aient baissé pour autant. Les assureurs sauront trouver le moyen de p...

le 09/03/2017 à 13:37
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Certes, je suis un exemple vivant : au maximum de bonus depuis des années (peut-être + que 10, je ne compte même plus.), la, en gros, ce devrait être à l'assurance de me donner de l'argent. Sauf que chaque jour peut être une malchance, donc, il faut...

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