L'avocat de Kerviel se fait fort de faire "exploser le dossier"

"Mon objectif est simple: "obtenir la relaxe de Jérôme Kerviel." Olivier Metzner, qui assure la défense de l'ex-trader de la Société Générale, se veut confiant. Ce pénaliste de renom se fait fort de "faire exploser le dossier" à l'audience: "Toutes les portes que les juges n'ont pas voulu pousser pendant l'instruction, nous allons les ouvrir en grand", promet-il.

L'avocat entend ainsi démontrer que, contrairement à ce qu'affirme haut et fort l'ordonnance de renvoi des juges d'instruction, Renaud Van Ruymbeke et Françoise Desset, "Jérôme Kerviel n'a pas abusé de la confiance de la banque, car celle-ci a non seulement accepté, mais encouragé" les opérations fictives qu'elle reproche à son client.

Maître Metzner, qui a récupéré en mars 2009 un dossier déjà passé entre les mains de deux équipes d'avocats, a consulté l'intégralité des documents et copié les disques durs de "delta one", la table de "trading" où opérait Jérôme Kerviel, ainsi que la base de données Eliot, qui recense toutes les opérations passées par les traders, les e-mails échangés par l'équipe et les services de contrôle, et les enregistrements réalisés, conformément à la réglementation, sur les lignes téléphoniques des différents protagonistes.

Autant d'éléments qui contredisent la thèse de la Société Générale, selon Olivier Metzner, qui s'est récemment illustré en obtenant la relaxe de Dominique de Villepin dans l'affaire Clearstream. Il veut ainsi mettre en évidence les défaillances dans les contrôles, dont la plupart sont reconnus par la banque, mais qu'il interprète comme des négligences délibérées.

"En théorie, un produit dérivé comme ceux sur lesquels travaillait Jérôme Kerviel est désactivé le lendemain de sa création s'il n'y a pas d'actif sous-jacent, mais ses opérations fictives, dont le volume a atteint 32 milliards dès mars 2007, sont souvent restées en 'suspens' ['pending', Ndlr] pendant plusieurs jours dans la base Eliot. Or, celle-ci était visible par environ 1.300 collaborateurs des activités de marché", explique l'avocat.

"Les extractions de la base Eliot, qui étaient reçues notamment par le supérieur direct de Kerviel, montrent clairement que certaines de ses opérations ont dépassé le milliard dès le mois de mars, et qu'à l'été toutes ses opérations valaient plusieurs milliards", souligne-t-il. Il s'étonne au passage que les juges aient omis de saisir les disques durs des supérieurs de Kerviel, ce qui aurait, selon lui, permis de tirer au clair ce qu'ils savaient ou pas.

Plus généralement, Olivier Metzner dénonce une instruction "impulsée" par la Société Générale, qui a "réalisé toutes les extractions informatiques, alors que, par souci d'impartialité, un expert indépendant aurait dû s'en charger".

 

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