Stress tests : les évaluateurs répondent aux critiques

Accueil mitigé des marchés, commentaires critiques dans la presse économique... Le moins qu'on puisse dire, c'est que la publication des stress tests n'a pas suscité l'enthousiasme. Arnoud Vossen Secrétaire général du Comité européen des superviseurs bancaires et son adjoint, Patrick Amis ont accepté de répondre aux nombreuses critiques dans une interview au quotidien économique belge "L'Echo". Un entretien à lire aussi sur latribune.fr.

Les tests ont été modifiés pour inclure 91 banques. Quels auraient été les résultats, sinon?

 

Arnoud Vossen: Les grandes banques transfrontières sont normalement ciblées. Mais nous nous sommes dit que pour cet exercice, où il était important de se montrer très transparent à l'égard des marchés en ce qui concerne le secteur bancaire européen, nous devions étendre notre champ d'examen à au moins 50 % de chaque système bancaire national. Et ceci en prenant les grandes institutions et les plus petites. Les régulateurs nationaux ont également demandé à inclure d'autres noms. Et on voit qu'avec ce changement, certaines petites et moyennes banques ont échoué aux tests.

Les tests ont été appliqués aux grandes banques diversifiées mais aussi aux petites institutions. N'aurait-il pas fallu faire une distinction?

 

A.V.: En principe, la méthodologie reflète un scénario possible pour le futur. Certes, les banques ont des modèles économiques différents. Mais nous avons voulu montrer un tableau illustrant, en fonction de ce scénario, le résultat pour les banques. Est-ce que celui-ci reflète la réalité? Je répondrais que oui. Mais il faut préciser que ce scénario n'est fondé que sur des hypothèses.

 

Patrick Amis: Appliquer la même méthodologie apporte une forme de comparabilité. Ceci est important dans cet exercice commun à vingt pays de l'Union européenne. Cela ne veut pas dire que la méthodologie n'est pas adaptée au profil spécifique de la banque.

Les critiques sont nombreuses. La décote sur les emprunts grecs, portugais et espagnols ne serait pas suffisante, le scénario macroéconomique pas assez pessimiste. Et pourquoi n'avoir pris en compte que les engagements sur le portefeuille de trading des banques?

 

A.V.: Nous avons voulu exclure dans notre scénario un défaut d'un Etat. C'est pour cela que nous nous sommes concentrés sur l'exposition du portefeuille de trading des banques. Nous avons aussi estimé qu'il existe des mécanismes adéquats en place en Europe pour s'assurer que les gouvernements ne tombent pas en faillite. Nous avons essayé d'être très transparents quant à l'exposition actuelle des banques à la dette souveraine européenne. Nous avons fourni un tableau détaillé de celle-ci pour chaque banque, pour laquelle nous avons établi une distinction entre le portefeuille de trading et le portefeuille bancaire. Nous avons pris en compte l'exposition aux pertes de valorisation et le portefeuille bancaire détenu jusqu'à maturité.

P.A.: Nous estimons que la décote des emprunts grecs a été assez sévère.?Nous avons pris l'exposition des banques à la dette souveraine à la fin 2009. Deuxièmement, la décote correspond à une duration (durée de vie moyenne des obligations non remboursées) de cinq ans. Ceci signifie que pour une duration à dix ans d'obligations grecques, nous aurions une décote de 42 %. Donc, les tests sont assez sévères.

Concernant la méthodologie elle-même, celle-ci a dû être établie à partir des procédures de chaque Etat membre. Comment êtes-vous parvenu à rassembler ceci en un seul test?

 

P.A.: Nous avons eu plusieurs discussions sur cette méthodologie car nous voulions qu'elle soit commune et consistante pour tous les membres du comité. Nous avons mis en commun les méthodologies nationales et retenu ce qui s'appliquait le mieux. Nous sommes contents d'avoir réussi cela. Cette convergence des pratiques de supervision, dans le domaine des stress tests, est importante.

 

A.V.: Ceci a permis d'assurer une manière uniforme de rassembler les données.

Ceci explique le calendrier de la publication des stress tests, un an après les Etats-Unis?

 

A.V.: Nous l'avons rendu public cette année parce que les Etats ont accepté que nous les dévoilions. Nous avions déjà testé l'an dernier les principales banques.

Est-ce que ces tests signifient que les marchés disposent désormais d'une vue claire sur l'état de santé des banques européennes?

 

A.V.: Nous pouvons dire que les scénarios pris en compte donnent une vision claire de ce que les banques auraient dû subir si ceux-ci s'étaient matérialisés. Nous pensons que ces scénarios sont plausibles et sévères. Nous en concluons que les banques européennes sont résistantes, mais il faut rester vigilant quant à l'étape suivante. Je pense tout particulièrement à l'aide des gouvernements pour les banques. Et on voit que les marchés restent focalisés sur ce point.

 

P.A.: Cet exercice est double. D'une part, on a effectué les stress tests. D'autre part, on a une vue commune sans précédent de l'exposition des banques à la dette souveraine européenne. Les analystes disposent d'un point de comparaison. Et je crois que ceci va calmer les marchés.
 

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