Le vendredi 12 septembre 2008, Charles Gasparino, journaliste qui, depuis le début de la crise des subprimes, enchaîne les scoops pour la chaîne CNBC, se défend de tenir des propos " irresponsables " en évoquant la possibilité d'une faillite de Lehman Brothers. Il refuse non seulement de se rétracter mais rappelle qu'il avait largement anticipé le sauvetage à la hâte de Bear Stearns, quelques mois plus tôt. Au cours du week-end, l'Histoire lui donnera encore raison :

15 septembre : petit matin blême sur Times Square devant le siège de Lehman Brothers. En direct sur Bloomberg TV, à 6 :30 (am), la journaliste Suzanne O'Halloran prévient : l'établissement a déposé son bilan dans la nuit de dimanche à lundi. De fait, parmi les " pure players ", "il ne reste plus que deux banques d'affaires à Wall Street : Morgan Stanley et Goldman Sachs".

Après les marchés asiatiques, les bourses européennes s'effondrent. Juste avant l'ouverture de Wall Street, Robin Meade, présentatrice de la matinale de CNN explique à ses téléspectateurs que les répercussions risquent d'être importantes pour leurs économies, notamment leur épargne retraite. Après la reprise orchestrée de Bear Stearns par JPMorgan Chase au printemps, la faillite de Lehman porte "ce matin à deux le nombre des grandes banques de Wall Street qui sont kaputt !" :

Dans la journée, la chaîne Internet du New York Post diffuse le bal des (anciens) employés de l'ex-quatrième plus grande banque d'affaires au monde. Ils quittent leur établissement, emportant leurs effets personnels. L'un d'entre eux évoque une "culture fantastique" au sein de l'entreprise. Le site du tabloïd expose l'acte de décès de Lehman, le document remis en pleine nuit auprès du tribunal des faillites :

A Londres, des employés de Lehman Brothers sous le choc évoquent un "énorme tremblement de terre" sur CNN. Ce choc est bel et bien mondial :

CNN tente de trouver des explications et des nouvelles réconfortantes auprès d'Andy Serwer, directeur de la rédaction de Fortune Magazine. Pour les explications, le journaliste donne satisfaction à la chaîne d'information. Lehman Brothers a abusé de l'effet de levier et n'avait plus les moyens de satisfaire ses créanciers, explique en substance Serwer. Pour le réconfort, CNN reviendra. Car après Lehman, d'autres établissements dont AIG, Washington Mutual et Wachovia "font face à de très sérieux problèmes"... :

Trois semaines après la faillite cataclysmique de Lehman, son patron, Dick Fuld, surnommé "le gorille" pour ses pratiques managériales brutales, défend ses bonus devant une commission d'enquête du Congrès. Découvrez son fabuleux patrimoine immobilier sur CNN :