Transparence : les banques françaises au banc d'essai

Les associations Les Amis de la Terre et Attac ont publié mercredi un rapport qui évalue les pratiques des banques françaises sur différents critères : des politiques commerciales et salariales aux relations clients en passant par leur impact social et environnemental ainsi que leur présence dans les paradis fiscaux. Constat général : en matière de transparence, des progrès restent à faire.
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Dans le cadre de leur campagne commune "A nous les banques !", lancée en avril 2011, les associations Les Amis de la Terre et Attac ont publié mercredi un rapport qui passent au crible les différentes pratiques des banques françaises.

En termes de transparence, l'étude actualise les données d'un premier rapport d'étape publié en juin 2011. Les dix établissements sollicités (voir liste dans le classement en bas de l'article) s'étaient alors vus proposer de répondre à 23 questions sur des thèmes divers : "Spéculation et prises de risques", "Politique vis-à-vis des clients", "Relations avec vos salariés", "Impact social et environnemental de vos activités" et "Démocratie". Contre une réponse apportée, l'établissement recevait alors un point. Un point supplémentaire lui était attribué en cas de "réponse précise", autrement dit conforme aux attentes des deux associations. Après publication du premier classement, les banques ont, pendant l'été, apporté des compléments de réponses.

Si rien ne bouge en tête du classement - le Crédit Coopératif et La Nef (banque coopérative de finances solidaires) obtenant la note maximale de 46 - c'est derrière que les banques semblent avoir réagi pendant l'été. Ce sont d'ailleurs les trois principaux établissements cotés et chahutés sur les marchés depuis le début de l'année, à savoir BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale, qui enregistrent les plus fortes progressions. A noter, le bonnet d'âne attribué au groupe BPCE et au Crédit Mutuel-CIC qui n'ont pas répondu au questionnaire.

En complément de ces notes de transparence, qui apprécient le degré de coopération des banques avec ce procédé de "notation citoyenne", les deux associations les ont également jugées sur leur comportement dans différents domaines et l'impact de leur activité.

En conclusion du rapport, Les Amis de la Terre et Attac fournissent leurs principales recommandations. Les deux associations prônent notamment la séparation des activités de banque d'investissement et de banque de détail ainsi que l'interdiction de verser des dividendes aux actionnaires en période de crise.

Quelques enseignements de l'étude :

Paradis fiscaux
L'étude rapporte le nombre de filiales dans les paradis fiscaux au nombre total de filiales. Pour établir ce ratio, les associations ont choisi la liste établie par le Tax Justice Network (TNJ), qui recense 60 paradis fiscaux, alors que les banques se réfèrent à la définition de l'OCDE des "territoires non coopératifs". "Le Luxembourg, la Suisse, Monaco, la Belgique, le Lichtenstein, pour ne citer que ces "centres financiers internationaux" européens (selon l'expression officielle), sont devenus  "blancs", et ne font donc pas partie de la liste des paradis fiscaux à laquelle se réfèrent les banques", note le rapport.

Hautes rémunérations
Concernant la rémunération moyenne des dix personnes les mieux payées dans les banques, le rapport constate un grand écart entre Société Générale (2,06 millions d'euros), BNP Paribas (1,7 millions) et Crédit Agricole (1,4 millions) et les « petits poucets » du Crédit Coopératif (220 000 euros) et La Nef (57 000 euros).

Impact social et environnemental
Seule La Nef publie l'intégralité des projets qu'elle finance, indique le rapport. "Pour toutes les autres l'opacité reste de mise sous prétexte de réglementation sur le secret bancaire".
Les plus impliquées dans des financements que les associations estiment "controversés" (dans des "secteurs à risques" tels que le nucléaire, grands barrages, exploitation des hydrocarbures comme le pétrole ou le gaz de schiste) sont BNP Paribas et Société Générale.
 

Notes de transparence :
Crédit Coopératif : 46 points (évolution sur les deux classements : + 0 point)
La Nef : 46 (+4)
HSBC (présent en France depuis le rachat du CCF) : 38 (+3)
Crédit Agricole 38 (+4)
Société Générale 38 (+9)
Dexia 35 (+1)
BNP Paribas 35 (+5)
La Banque Postale 34 (+0)
BPCE 0 (+0)
Crédit Mutuel-CIC 0 (+0)
 

Pour aller plus loin :

L'étude complète 

Sa synthèse
 

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