A Wall Street, la saison des résultats s'annonce morose

Les profits réalisés par les grandes entreprises américaines au premier trimestre 2012 devraient afficher une très légère croissance. Ces dernières semaines, les attentes des investisseurs ont nettement été revues à la baisse.
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Ce sont des investisseurs inquiets qui s'apprêtent, ce mardi soir après la clôture de Wall Street, à faire face aux premiers résultats trimestriels de l'année. Lundi, les marchés américains ont en effet chuté, plombés par les chiffres décevants des créations d'emplois aux Etats-Unis. Repassé sous la barre des 1.400 points, le S&P 500 évolue ainsi à son plus bas niveau depuis près d'un mois. Comme il est de tradition, c'est le géant de l'aluminium Alcoa qui ouvrira le bal. Il sera suivi cette semaine par Google (jeudi) et par les banques JPMorgan et Wells Fargo (vendredi).

Les marchés misent sur une très légère croissance des profits réalisés en début d'année par les entreprises composant le S&P 500. Selon le consensus réalisé par Standard & Poor's Capital IQ, ils ne devraient avoir progressé que de 0,85% par rapport au premier trimestre 2011. Il s'agirait alors de la plus faible croissance enregistrée depuis près de trois ans. Au quatrième trimestre 2011, ces profits avaient encore augmenté de 8,4%. "La base de comparaison est très difficile", note Sam Stovall de Capital IQ, rappelant que les bénéfices des grandes entreprises américaines avaient grimpé de 19,7% sur les trois premiers mois de 2011.

Attentes abaissées

Reste que les analystes ont très nettement revu leurs ambitions à la baisse depuis plusieurs semaines. Début janvier, le consensus tablait encore sur une croissance de 4,4%, hors valeurs financières, selon les données compilées par Bloomberg. Il ne s'élève désormais plus qu'à 0,6%. Malgré cette révision, le S&P 500 a progressé de 10% depuis le début de l'année, les marchés se focalisant davantage sur les statistiques macro-économiques encourageantes aux Etats-Unis que sur la baisse des perspectives pour les entreprises. Il existe donc un risque de correction, notamment si les anticipations pour le reste de l'année déçoivent.

Plusieurs facteurs expliquent le tassement des profits des grandes entreprises américaines. Le ralentissement de la croissance en Chine et les difficultés économiques en Europe ont impacté leurs activités à l'étranger, qui représentent 40% des profits des sociétés composant le S&P 500. Cette évolution a, en outre, été amplifiée par l'évolution négative du taux de change, qui a un effet mécanique sur les résultats financiers. "La valeur moyenne du dollar a progressé de 2,5% au premier trimestre", souligne Sam Stovall. Pour ne rien arranger, "le prix moyen du pétrole a augmenté de 4,3%".

Les chiffres publiés ce mardi soir par Alcoa devraient donner une première tendance de l'impact du ralentissement en Chine, premier consommateur mondial d'aluminium. Les analystes misent sur une perte de 4 cents par action, contre un profit de 28 cents au premier trimestre 2011. "Notre croissance en Chine reste inférieure à la tendance précédemment observée", expliquait en janvier le directeur financier du conglomérat industriel 3M, qui devrait enregistrer un repli de 5% de ses profits sur le trimestre.

Le deuxième semestre sera meilleur

La situation en Europe a également pesé. McDonald's, le numéro un mondial de la restauration rapide, devrait accuser un net ralentissement de la croissance de ses bénéfices en raison de ventes décevantes sur le Vieux Continent. Les profits du chimiste Dow Chemical, qui a fermé 5 usines et licenciés 900 personnes après la contraction de la demande en Europe, sont attendus en nette baisse. Le conglomérat géant General Electric a, lui, été pénalisé une baisse de 10% du chiffre d'affaires de sa division d'imagerie médicale en Europe.

"Plusieurs économies émergentes, comme la Chine, devraient commencer à rebondir", prédit Barry Knapp de Barclays Capital. "Les chiffres devraient être meilleurs au deuxième semestre", ajoute-t-il. Le consensus réalisé par Bloomberg mise en effet sur une croissance de 6,9% des profits sur l'ensemble de l'année 2012, profitant également de l'accélération de la reprise aux Etats-Unis. Les statistiques de l'emploi pourraient cependant inciter les investisseurs à faire preuve d'un peu plus de prudence au cours des prochaines semaines.

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