L'ex-Goldman Sachs "Fabulous Fab" jugé coupable de fraude boursière

Le français Fabrice Tourre, ex-courtier de la banque américaine Goldman Sachs, a été jugé coupable de fraude boursière jeudi à New York lors de son procès face au gouvernement américain, l'un des plus en vue depuis la crise financière.
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C'était l'un des procès les plus en vue aux Etats-Unis depuis la chute de la banque Lehman Brothers et le début de la crise en 2008. Fabrice Tourre, le Français, ex-courtier chez Goldman Sachs, a été jugé coupable de fraude boursière à New-York dans la nuit de jeudi à vendredi.

"Fabulous Fab", comme il se surnommait lui-même, 34 ans, a été jugé "responsable" dans six chefs d'inculpation sur sept, au bout de près de deux jours de délibérations et près de trois semaines de procès. Il était accusé notamment de fraude boursière, gains illicites, négligence, tromperie intentionnelle, ou encore d'avoir aidé son ex-employeur Goldman Sachs à commettre des infractions.

Goldman avait payé pour éviter un procès

Le régulateur boursier américain (SEC) avait porté plainte contre Fabrice Tourre et Goldman en mai 2010, les accusant d'avoir trompé des investisseurs lors de la vente de produits financiers complexes adossés à des prêts hypothécaires risqués (subprime). Goldman Sachs a versé 550 millions de dollars il y a trois ans pour mettre fin aux poursuites de la SEC, sans reconnaître sa culpabilité. Elle avait choisi l'option d'un accord amiable coûteux pour s'épargner de longs mois de mauvaise presse et une éventuelle condamnation.

Fabrice Tourre voulait "laver son nom", pas les jurés

Fabrice Tourre a lui fini par aller au procès. Ses avocats affirmaient qu'il avait "refusé de s'agenouiller devant une puissante organisation gouvernementale" et voulait "laver son nom". Leurs arguments n'ont pas convaincu les neufs jurés. Pour l'heure, on sait qu'il a quitté le tribunal sans s'exprimer devant les journalistes et qu'il pourrait pourrait faire appel. Ses avocats n'ont pas non plus fait de commentaire.

"Nous sommes heureux du verdict du jury qui a jugé Fabrice Tourre coupable de fraude. Nous allons continuer à vigoureusement chercher à rendre responsable et à amener devant la justice si nécessaire ceux qui ont commis des fraudes à Wall Street", a réagi pour sa part la SEC.

La peine reste à décider. L'ex-courtier risque une forte amende et la restitution des gains mal acquis, assortis d'une interdiction d'exercer des fonctions liées aux marchés.

L'ancien courtier mentait par appât du gain selon la SEC

La SEC lui reprochait en particulier d'avoir dissimulé le rôle de l'investisseur John Paulson, qui pariait sur l'effondrement du marché résidentiel américain, dans la conception d'un produit financier adossé à des crédits "subprime", l'Abacus, en 2007, peu avant la crise.

John Paulson a pris une part active, par l'intermédiaire de Goldman, dans la sélection des crédits en question et ce rôle a été selon la SEC caché à un intermédiaire qui était cité comme chargé de former le portefeuille d'actifs final, ACA, et de les vendre à des investisseurs. Ces derniers, les banques néerlandaise ABN-Amro et allemande IKB, ont perdu des centaines de millions de dollars tandis que John Paulson engrangeait un milliard.

Les avocats de la SEC se sont employés à dépeindre "Fabulous Fab" comme un courtier expérimenté qui a "choisi" de mentir par appât du gain. "C'était une transaction à 1 milliard de dollars pour nourrir l'avidité de Wall Street", a lancé l'avocat de la SEC, Matthew Martens, aux jurés.

Pour Anthony Sabino, avocat et professeur de droit à l'Université Peter Tobin College of Business, ce sont les emails de Fabrice Tourre qui lui ont fait le plus de tort: beaucoup étaient personnels et destinés à sa petite amie mais il s'y décrivait comme "Fab' le fabuleux", vendant des "monstruosités" à des investisseurs qui "ne vont pas faire de vieux os".

Une victoire cruciale pour la SEC

Les avocats de Fabrice Tourre ont tenté à leur tour de le dépeindre comme un subordonné alors âgé de seulement 28 ans qui n'avait fait que "respecter les normes de l'époque", tout en jugeant "ridicule" de dire qu'ACA ou les acheteurs de l'Abacus ne connaissaient pas la position de John Paulson sur les subprime, alors qu'elle faisait les gros titres de la presse financière à l'époque. Cette victoire était jugée cruciale pour la SEC, vertement critiquée pour avoir été incapable d'empêcher la crise et de faire condamner des responsables de la crise. "Cela va remonter le moral de la SEC", a estimé Jakob Frenkel, avocat spécialisé dans les affaires boursières.

 

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Commentaires 6
à écrit le 02/08/2013 à 15:42
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"Culprit as usual". Il est comme le "Fabulous Kerviel" de la Société Générale. Qui peut sérieusement croire qu'il n'était pas un rouage de l'ex-Goldman Sachs ? mais un fraudeur indépendant ? Trop "FAB" pour négliger ce bon Lafontaine, sur la raison d...

à écrit le 02/08/2013 à 15:33
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Un français se crash à Wall Street comme pilote d'un fonds, un autre se crash en Suisse comme pilote d'un locomotive, Hollande crash la France avec sa politique volontariste de décroissance par les prélèvements fiscaux, etc... Que vivent nos élites f...

à écrit le 02/08/2013 à 14:48
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L'arrogance de Mr. Tourre n'a d?équivalent que sa naïveté. S'il avait mieux chiadé son modèle Monte Carlo sur le fonctionnement de la justice américaine, il aurait vite compris que les probabilités de convaincre les jurés et de gagner son procès étai...

à écrit le 02/08/2013 à 14:13
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Un passage par la case prison ( sans recevoir 20000 , bien entendu !) , salutaire pour le petit genie .. Quel dommage de mettre une supposee grande intelligence au service de l'argent facile sans mesurer les consequences de ces actes . J'aimerais vo...

à écrit le 02/08/2013 à 13:26
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Encore un lampiste qui sert de fusible. En quoi être salarié d'une société malhonnête est une source de culpabilité juridique ? Le fait de savoir que son travail est utilisé à des fins malhonnêtes nous rend-il responsable des actes de son patron ? Je...

à écrit le 02/08/2013 à 12:26
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Quel égo, quelle arrogance. Je m'appelle fabulous Fab... Il aurait mieux fait d'utiliser son intelligence à de plus nobles causes. Mais bon, on voit où tout cela l'a mené.

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