Les banques européennes en stress avant les résultats des tests de résistance

L'Autorité bancaire européenne dévoilera à 22 heures les résultats de l'édition 2016 des tests de résistance auxquels elle a soumis 51 banques de l'Union européenne.
Christine Lejoux
Monte Paschi surtout, mais aussi Deutsche Bank, focalisera l'attention des investisseurs.

Pas d'apéritif de fin de semaine ni de départ en vacances, pour les banquiers européens, ce vendredi 29 juillet. Et pour cause : l'Autorité bancaire européenne (EBA) dévoilera à 22 heures les résultats de l'édition 2016 des tests de résistance auxquels elle a soumis 51 banques de l'Union européenne (UE), représentant 70% des actifs bancaires de l'UE. L'EBA avait déjà passé les banques européennes à la moulinette de ses « stress tests » en 2011 et en 2014, un exercice destiné à redonner confiance aux investisseurs dans le secteur bancaire européen, après la crise financière de 2008, puis celle des dettes souveraines au sein de la zone euro, en 2011. Comme lors des éditions précédentes, l'EBA a évalué la capacité des banques à résister à un choc économique et financier de grande ampleur. Le scénario catastrophe de cette édition 2016 est ainsi bâti, entre autres, sur l'hypothèse d'une baisse de 1,2% du Produit intérieur brut (PIB) de l'UE en 2016, puis de 1,3% l'année suivante.

En revanche, à la différence des tests de résistance de 2011 et de 2014, ceux de cette année n'exigent pas des banques qu'elles respectent un ratio de solvabilité minimum. En 2014, celui-ci, qui rapporte les fonds propres des établissements bancaires à leurs actifs pondérés des risques, avait été fixé à 5,5%. Un seuil que 24 banques avaient échoué à atteindre ou à dépasser, ce qui les avait obligées à renforcer leurs fonds propres. Dans le cadre de l'édition 2016 de ses « stress tests », l'EBA s'est contentée de mesurer l'évolution des capitaux et des actifs des banques, en fonction du scénario économique catastrophe qu'elle a élaboré. Il appartiendra ensuite aux superviseurs des banques européennes, tels que la BCE pour celles de la zone euro, de prescrire des remèdes aux établissements dont la fragilité aurait été mise en exergue par les tests de résistance.

Monte Paschi et Deutsche Bank focaliseront l'attention des investisseurs

Globalement, l'agence de notation Fitch estime que les résultats de ces tests montreront « une résistance relative des banques de l'UE ». De fait, BNP Paribas, par exemple, attend « sans inquiétude spécifique » le diagnostic de l'EBA, a indiqué hier Philippe Bordenave, le directeur financier de la première banque française, qui présentait ses résultats trimestriels. En revanche, nul doute que la sérénité n'est pas vraiment de mise chez Monte Paschi, dont les difficultés financières pourraient menacer l'ensemble du secteur italien. En 2014 déjà, la troisième banque italienne avait échoué aux tests de résistance de l'EBA, et avait donc dû se recapitaliser par deux fois, pour un montant total de 8 milliards d'euros. Aujourd'hui, celle qui n'est autre que la plus ancienne banque du monde encore en activité - sa création remonte à 1472 - planche sur une augmentation de capital de 5 milliards d'euros.

Laquelle n'est que l'un des volets du plan d'assainissement de sa situation financière qu'elle doit présenter à la BCE, et qui comprend également la cession de 10 milliards d'euros de créances douteuses, ce fléau qui empoisonne les banques italiennes. En moyenne, sur l'ensemble des banques passées au tamis par l'EBA, « les actifs des banques italiennes présentent la plus faible qualité », souligne Fitch. C'est dire si les résultats de leurs « stress tests » seront examinés à la loupe par les investisseurs, ce soir. Ceux de Deutsche Bank devraient également focaliser leur attention, le FMI ayant récemment qualifié la première banque allemande, engluée dans une lourde restructuration et quelque 8.000 litiges judiciaires, de « plus gros risque systémique pour le secteur bancaire européen ».

Christine Lejoux

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 3
à écrit le 29/07/2016 à 18:11
Signaler
Le ratio de solvabilité de 5,5 % imposé en 2014 portait sur les actifs pondérés pré-stress tests ou post-stress tests ? J'imagine qu'il s'agit de la seconde option mais l'article ne permet pas de lever complètement le doute.

à écrit le 29/07/2016 à 14:32
Signaler
Ils ont déjà les résultats puisque tout a été négocié par avance : les italiens s'en sortent tous sauf MPS qui seul reste montré du doigt pour la forme, les allemands ont aussi négocié bas pour ne pas voir les regards se tourner vers leurs turpitudes...

à écrit le 29/07/2016 à 13:31
Signaler
Le milieu financier n'étant que peur c'est logique.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.