Deutsche Bank : la restructuration du groupe pourrait jouer les prolongations

La première banque allemande a vu son bénéfice net s’effondrer de près de 98% au deuxième trimestre, à 18 millions d’euros. Son patron, John Cryan, n’exclut pas des efforts de restructuration supplémentaires si l’environnement économique actuel perdure.
Christine Lejoux
L'action de la première banque allemande chute de 45% à la Bourse de Francfort, depuis le 1er janvier 2016, contre un repli de l'ordre de 27% pour l'indice Stoxx Europe 600 Banks.

L'année 2016 devait marquer un pic dans la restructuration de Deutsche Bank, engagée l'an dernier par son nouveau patron, le Britannique John Cryan, pour tenter de redorer un blason terni par de très nombreux litiges, des résultats décevants et un cours de Bourse à l'avenant.

Mais, un an après son arrivée, l'homme fort de la première banque allemande prépare les esprits à une possible augmentation des efforts, lesquels passent déjà par la fermeture de quelque 200 filiales en Allemagne, la suppression de 9.000 postes dans le monde, ainsi que par l'interruption du versement de dividendes aux actionnaires, cette année et la suivante. « Si la faiblesse actuelle de l'environnement économique persiste, nous devrons nous montrer encore plus ambitieux dans le calendrier et l'intensité de notre restructuration », a déclaré le dirigeant lors d'une conférence téléphonique, mercredi 27 juillet, à l'occasion de la publication des résultats trimestriels de Deutsche Bank.

De fait, les taux d'intérêt très bas, conséquence de la politique monétaire ultra accommodante de la BCE (Banque centrale européenne), ont grevé les revenus des activités de banque de détail du géant allemand, au deuxième trimestre, tandis que le pôle de banque d'investissement - le métier phare du groupe - subissait de plein fouet la volatilité des marchés financiers. Résultat des courses, le chiffre d'affaires global de Deutsche Bank a plongé de 19,5%, d'avril à juin, à 7,39 milliards d'euros. Une contreperformance qui, couplée aux charges de restructuration, a provoqué un effondrement de 97,7% du bénéfice net du groupe, à 18 millions d'euros. Les analystes en ont été pour leurs frais, qui pariaient en moyenne sur un résultat net de 188 millions d'euros, selon le consensus élaboré par la société Factset.

Des incertitudes sur la mise en Bourse ou la cession de Postbank

Conséquence, l'action Deutsche Bank chutait de près de 3%, à 12,47 euros, mercredi en fin d'après-midi, portant son déclin depuis le début de l'année à 44,64%. A titre de comparaison, l'indice Stoxx Europe 600 Banks des principales banques européennes, dont les perspectives de rentabilité inquiètent du fait de la faiblesse des taux, dévisse de 26,92% depuis le 1er janvier.

Les investisseurs, qui doutent depuis des mois de la solidité financière de Deutsche Bank, ont été d'autant plus enclins à sanctionner le groupe à la Bourse de Francfort, mercredi, que celui-ci a échoué à boucler la vente de 20% du Chinois Huaxia Bank au deuxième trimestre. Cette étape clé dans le processus de renforcement des fonds propres de Deutsche Bank devrait toutefois se concrétiser au cours de la deuxième moitié de l'année, permettant ainsi une augmentation de 40 points de base du ratio de fonds propres « durs » (de grande qualité) du groupe, a assuré son directeur financier, Marcus Schenck.

En revanche, un autre élément crucial du plan de restructuration de Deutsche Bank pourrait poser problème : en fin de semaine dernière, le magazine allemand Manager Magazin affirmait que la banque envisageait désormais de garder sa filiale de banque de détail Postbank, doutant de la possibilité de l'introduire en Bourse ou de la céder d'ici à la fin 2017, comme elle le prévoyait initialement. « Nous considérons toujours une introduction en Bourse comme une option parfaitement viable », a rétorqué Marcus Schenck aux analystes qui le pressaient de questions sur le sujet. Il n'empêche, ces derniers attendront de pied ferme la publication, vendredi soir, de l'édition 2016 des tests de résistance auxquels l'EBA (Autorité bancaire européenne) a soumis les banques du Vieux Continent. Un exercice qui revêt un sens tout particulier dans le cas de Deutsche Bank, récemment qualifiée par le FMI (Fonds monétaire international) de « risque systémique le plus important pour le secteur bancaire européen. »

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La facture des litiges en baisse

Deutsche Bank, concernée par quelque 8.000 affaires judiciaires dans le monde, a nettement réduit les charges liées à ces risques. Au deuxième trimestre, ces litiges ont coûté 120 millions d'euros à la banque, contre 1,2 milliard un an plus tôt. D'ici à la fin de l'année, la banque espère pouvoir tirer un trait sur quatre litiges majeurs, dont l'un porte sur ses activités d'avant la crise financière de 2008, sur le marché des créances hypothécaires résidentielles titrisées aux Etats-Unis.

Christine Lejoux

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Commentaires 3
à écrit le 28/07/2016 à 10:33
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Merci beaucoup mais cette information ne mériterait elle pas d'être largement diffusée ? Un bénéfice bancaire allemand qui s'effondre en un semestre de 98% c'est gigantesque et si on l'ajoute la Chine qui se casse la gueule, le pétrole qui s'effo...

à écrit le 27/07/2016 à 23:13
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Les allemands paient cash un retard considérable de l'évolution du paysage bancaire, atomisé. DB et CBK connaissent le même problème. Sans compter un "confort" des structures et du personnel insoutenable devant un environnement difficile. On ne rajou...

à écrit le 27/07/2016 à 15:05
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Mais, elle va passer les stress-test avec succès, voire plus !!!!!!!

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