La Caisse d’épargne muscle à son tour l’accompagnement des startups

Huit Caisses d'épargne régionales, dont celle de Lorraine Champagne-Ardenne, viennent de lancer un dispositif à quatre étages à destination des sociétés innovantes, de l'incubation au financement de projets.
Christine Lejoux
Le TCRM Blida, un incubateur de startups dans les anciens entrepôts des transports en commun de la ville de Metz.

Les anciens entrepôts des Transports en commun de la région messine (TCRM) ont changé de vocation. Oubliés les bus, une quinzaine de startups ont pris leur place dans cet espace de 25.000 mètres carrés, situé au 7 de l'avenue de Blida à Metz, préfecture de la région Lorraine, qui a décroché le label French Tech au mois de juin. A terme, une cinquantaine de jeunes pousses spécialisées dans le numérique seront hébergées au sein du TCRM Blida.

En contrepartie d'un loyer annuel progressif, compris entre 50 et 85 euros le mètre carré, les startups disposeront ainsi d'un lieu où elles pourront transformer leurs idées en véritables projets, puis structurer ces projets en business models, grâce aux conseils dispensés par des experts des domaines du juridique, de la comptabilité, ou encore du marketing et de la banque.

Parmi ces experts figureront des chargés de clientèle de la Caisse d'épargne Lorraine Champagne-Ardenne (groupe BPCE), qui compte déjà une trentaine de startups parmi ses clients. Celle-ci, avec la Banque Populaire Alsace Lorraine Champagne, a investi un total de 500.000 à 600.000 euros dans une société d'économie mixte destinée à acquérir le TCRM Blida, évalué entre 2 millions et 3 millions d'euros, le solde étant financé par la Caisse des dépôts et les collectivités locales, indique Benoît Mercier, président du directoire de la Caisse d'épargne Lorraine Champagne-Ardenne.

Une grille d'analyse des risques adaptée aux startups

Mais le TCRM Blida et ses équivalents dans sept autres régions d'implantation de la Caisse d'épargne ne sont que l'un des éléments du dispositif que l'Ecureuil met en place avec huit Caisses pilotes pour renforcer l'accompagnement des entreprises innovantes.

"Nous avons un dispositif à quatre étages, extrêmement différent de ce que les autres banques présentent. Les lieux d'hébergement de startups sont certes indispensables mais ils ne suffisent plus. Les entreprises attendent des banques une analyse des risques différente, une plus grande fluidité de la relation-client, ainsi que la capacité à faire rayonner leur offre sur le territoire", a estimé Cédric Mignon, directeur du développement de la Caisse d'épargne, lors d'une conférence de presse, le 2 décembre.

Une allusion claire au Village by CA du Crédit agricole, ainsi qu'aux WAI (We are innovation) de BNP Paribas.

Le deuxième étage du dispositif lancé par les Caisses d'épargne Lorraine Champagne-Ardenne, Rhône-Alpes, Normandie, Aquitaine Poitou-Charentes, Côte d'Azur, Bretagne Pays de Loire, Midi-Pyrénées, Provence-Alpes-Corse, ce sont une cinquantaine de chargés de clientèle dédiés aux startups. Ces dernières ne pouvant par nature fournir les cinq bilans traditionnellement demandés par les banques aux entreprises pour étudier leurs demandes de financement, la Caisse d'épargne a donc bâti une grille d'analyse des risques spécifique aux startups. Lesquelles seront examinées sur la base du profil du porteur de projet, du degré d'innovation de l'idée, de son potentiel et de la pertinence du plan de financement.

"Nous aurons une approche plus simplifiée, avec une prise de risque qui ne sera pas forcément beaucoup plus grande, compte tenu de tous les financements, notamment publics, à disposition pour les startups", souligne Cédric Mignon.

Un partenariat avec une plateforme de crowdfunding

Au sujet du financement, la Caisse d'épargne a jugé bon de renforcer son offre, au-delà des crédits bancaires et de ses fonds de capital-risque. La banque a donc noué un partenariat industriel avec la plateforme de crowdfunding Happy Capital, c'est là le troisième étage de son dispositif d'accompagnement des sociétés innovantes. Créée en 2013 et spécialisée dans l'investissement dans le capital de startups, Happy Capital compte "quelques dizaines de milliers" d'investisseurs actifs, lesquels ont financé un total de 15 jeunes pousses, pour un montant global de 4 millions d'euros. Des chiffres sans doute appelés à croître de façon considérable, la Caisse d'épargne entendant bien faire la promotion de Happy Capital auprès de sa clientèle de startups et de particuliers.

Pour vaincre les réticences de ces derniers à investir dans de jeunes pousses via le crowdfunding, la Caisse d'épargne proposera en outre une contre-analyse des startups membres de Happy Capital par Seventure Partners, une société de capital-innovation filiale de Natixis, la banque de financement et d'investissement du groupe BPCE.

Il faut dire que la sélection de projets d'investissement, Seventure connaît :

"Sur les 1.600 à 1.800 dossiers que nous recevons chaque année, nous n'en retenons que 10 ou 12", précise Raïssa Brian, directeur du développement de Seventure.

Enfin, dernier étage du dispositif, la Caisse d'épargne mettra en place "neo-cluster.fr", un réseau social digital permettant à sa clientèle de startups et d'ETI d'échanger, l'idée étant notamment de permettre aux premières de trouver des débouchés commerciaux auprès des secondes. Ce qui est, pour le coup, l'esprit du programme Innov & Connect lancé par BNP Paribas à l'automne 2014.

Christine Lejoux

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