Les agences de notation redoutent une année 2021 difficile pour les banques

Selon l'agence de notation S&P Ratings, la capacité des banques à traverser cette crise sera véritablement testée l'année prochaine, lorsque les mesures de soutien à l'économie prendront fin. De son côté, l'agence Moody's table sur une hausse des défauts en 2021. Les banques françaises pourraient jouer sur le levier de la réduction des coûts pour affronter un contexte moins favorable que prévu.
Pour l'agence de notation, 2021 sera le véritable test pour mesurer la solidité des banques face à la crise.
Pour l'agence de notation, 2021 sera le véritable test pour mesurer la solidité des banques face à la crise. (Crédits : BRENDAN MCDERMID)

Après la publication de résultats globalement bons au troisième trimestre, souvent supérieurs aux attentes des analystes financiers, les agences de notation financière restent prudentes sur le secteur bancaire. « Cette année a été difficile pour les banques et l'année prochaine pourra l'être plus encore », prévient ainsi une étude sectorielle de S&P Global Ratings, publiée mardi. Pour mémoire, environ un tiers des notations des banques sont sous perspective négative.

Quatre risques-clés

L'étude souligne quatre risques-clés qui pourraient peser sur le secteur, au niveau mondial, l'année prochaine : une prolongation des effets de la pandémie sur l'économie, des effets négatifs sur les emprunteurs qui ne bénéficieront plus des mesures de soutien de l'État et des moratoires accordés par les banques, une hausse des défauts de paiement et, enfin, une dégradation du marché immobilier.

Dans certains pays, dont la France, le retour au niveau « d'avant crise » pourrait ainsi attendre 2023. « La crise n'a pas fini d'impacter les banques françaises, même si elles ont abordé cette crise sanitaire avec des bilans beaucoup plus sains. Mais les éléments de pression qui existaient avant la crise demeurent, notamment sur l'efficacité opérationnelle », avance Nicolas Malaterre, senior director chez S&P Global Ratings.

Baisse du coût du risque

De son côté, l'agence de notation Moody's met également en garde, dans une étude publiée le 12 novembre, sur les risques de faillites d'entreprises et de pertes de crédit pour les banques lorsque les mesures de soutien à l'économie seront moins fortes en 2021.

Certes, les banques françaises ont souligné, lors de la publication de leurs résultats trimestriels, à la fois la réduction du coût du risque par rapport au trimestre précédent et le niveau élevé des provisions constituées pour faire face aux risques futurs.

« Les grandes banques cotées affichent une relative confiance et elles n'anticipent pas une augmentation significative du coût du risque », observe Olivier David, gérant chez Vega Investment Managers. Les banques ont notamment mis en avant le très faible taux de défaut lors de la reprise des échéances des crédits en fin de moratoire. « Il n'existe pas encore d'explosion du coût du risque, ce qui explique pour une large part le rebond des banques sur les marchés », estime le gérant.

« Nous nous attendons à un doublement du coût du risque en 2020 et 2021, date à laquelle les mesures de soutien et les moratoires prendront fin et nous ne prévoyons pas un retour à la normal, soit un coût du risque autour de 30 à 35 points de base, avant 2023 », tempère cependant Nicolas Malaterre.

Le levier de la réduction des coûts

Si les bons résultats du troisième trimestre sont à l'image du fort rebond de l'activité économique et de la hausse des marchés après le premier confinement, le quatrième trimestre s'annonce moins favorable à l'aune du reconfinement, un scénario qui n'a pas été réellement envisagé par les banques.

Au total, la reprise économique s'annonce moins forte que prévu et les banques seront à nouveau jugées sur leur capacité d'adaptation. « L'élément le plus impressionnant des résultats du troisième trimestre des banques françaises est le rythme de la baisse des dépenses et l'amélioration des coefficients d'exploitation. Avec le rebond de l'activité, cette baisse des coûts sera un effet de levier important vers un retour à une meilleure profitabilité», estime Olivier Panis, analyste banque chez Moody's.

La base de coûts reste en effet un élément de tension important pour les banques françaises, plus impactées que d'autres en Europe par les taux bas et moins engagées aussi dans les efforts de restructuration des réseaux de détail. « Les banques françaises doivent démontrer qu'elles peuvent réduire les coûts, si nécessaire, notamment dans l'hypothèse d'un rebond économique moins fort que prévu. C'est sans doute le principal enjeu pour les acteurs à moyen terme », avance Nicolas Malaterre.

La question du dividende

Cette prudence des agences de notation pour 2021 pourrait peser lourd dans la décision, attendue fin décembre, de la banque centrale européenne de lever, ou non, les restrictions en matière de distribution de dividende. Il est clair que la nette amélioration des ratios de solvabilité des banques tient en grande partie à l'absence de paiement de dividende en 2020 au titre de l'exercice 2019. Et ce matelas de sécurité, qui va bien au-delà des exigences réglementaires, peut représenter pour le régulateur une assurance pour le secteur face à un scénario de reprise lente en 2021.

Toutefois, les agences de notation ont intégré dans leurs projections un retour au dividende l'an prochain. Les banques cotées ont d'ailleurs commencé à provisionner l'éventuelle distribution d'un dividende en 2021. Certains analystes financiers espèrent même un dividende exceptionnel pour compenser en partie l'absence de dividende en 2020.

Lire aussi : Verser ou non des dividendes ? Les banques françaises sur la réserve

Avec le maintien des taux bas et une reprise de l'activité qui s'annonce moins forte, le retour du dividende reste le seul catalyseur susceptible de soutenir le rebond des valeurs bancaires.

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Commentaires 4
à écrit le 20/11/2020 à 11:02
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Les banques doivent continuer à dégraisser leurs personnels. C'est le bon moment pour le faire. Ensuite, avec la reprise, il sera trop tard. Il n'y aura plus de justification.

à écrit le 20/11/2020 à 8:43
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Et donc pour elles mêmes puisque si la finance se réduit leur importance se réduira aussi. Alors qu'un financier qui perd c'est la vie d'un ours polaire d'épargnée !

à écrit le 19/11/2020 à 20:35
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entre les ardoises que vont leur laisser les boites, et les credits qu'elles ont fait a 30 ans a 1% a des gens pas solvables sans apport qui ont achete n'importe quoi a n'importe quel prix, ca va envoyer du lourd

à écrit le 19/11/2020 à 19:17
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Voilà, on commence à comprendre qu'on se rapproche très logiquement d'une crise bancaire avec toutes nos manifestations hystériques... Il est bien temps !

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