Les banques se convertissent à l’open innovation

La Société générale vient de nouer un partenariat avec Player, un lieu dédié à l’innovation collective, situé dans le 2ème arrondissement de Paris, en plein quartier des startups. Compte tenu de l’accélération du rythme de l’innovation, les grandes entreprises ne peuvent plus innover seules dans leur coin.
Christine Lejoux
Player, un nouveau lieu d'innovation collective dans le quartier parisien du Sentier, a ouvert ses portes en mai 2015.

Il n'y a pas si longtemps, la plupart des grandes entreprises innovaient à la manière des premiers de la classe, qui tremblent à l'idée que leur voisin ne copie sur eux durant le contrôle de maths : à demi-couchés sur le bureau, le bras replié autour de la feuille pour dissimuler leurs réponses, un coup d'œil soupçonneux jeté alentour à intervalles réguliers... Mais, à l'heure de la révolution numérique, de « l'uberisation » de l'économie, qui voient des startups bousculer en quelques mois des business models établis depuis des décennies, il devient très difficile de continuer à innover en solo.

« Ce qui est très nouveau, c'est l'accélération du rythme de l'innovation. Or, nous sommes une organisation ancienne (créée il y a 151 ans) et très large, avec 150.000 collaborateurs. Il nous a donc fallu mettre en place un système d'innovation très différent, non plus tourné vers l'intérieur mais ouvert. Nous sommes ainsi passés d'une innovation de produits conçus par des ingénieurs à une innovation centrée sur les besoins des clients, l'expérience des utilisateurs.»

a expliqué Françoise Mercadal-Delasalles, directrice des ressources et de l'innovation du groupe Société générale, lundi 23 novembre, lors d'une conférence de presse sur le thème de l'open innovation.

Une relation multiforme avec les startups

Cette ouverture vers des idées venues de l'extérieur, la Société générale va notamment les chercher auprès des fintech, ces startups qui se font fort de révolutionner les services financiers en replaçant le client au centre des préoccupations. Au cours des six derniers mois, la banque a ainsi identifié 600 jeunes pousses susceptibles, soit d'aider le top management du groupe dans sa réflexion sur la transformation digitale de l'entreprise, soit les équipes opérationnelles dans la conception de nouveaux produits. Et ce, pas seulement en France, mais également en Israël, à Bangalore (Inde), Londres, New York ou encore San Francisco. Au final, la Société générale a retenu une cinquantaine de startups, avec lesquelles elle entretiendra des relations de natures différentes, du partenariat commercial au rachat, en passant par la prise de participation.

« Notre relation avec les startups est multiforme », insiste Françoise Mercadal-Delasalles. Qui a dévoilé le 23 novembre une nouvelle forme de cette stratégie d'open innovation, avec la mise en place d'un partenariat avec Player. Situé au 16, rue du Caire, dans le 2ème arrondissement de Paris, Player, qui a ouvert ses portes au mois de mai, est « un lieu d'innovation collective », selon sa directrice générale, Marylène Vicari. S'y côtoient une cinquantaine de chercheurs, d'entrepreneurs, de codeurs, qui planchent sur les nouvelles façons de travailler ensemble.

Une communauté dans laquelle « nous immergeons certaines de nos équipes, lesquelles viennent ici élaborer des prototypes avec des gens extérieurs au groupe, très différents, qui les aident à être plus créatives et agiles », explique Aymeril Hoang, directeur de l'innovation à la Société générale. Et d'ajouter : « Ce qui compte, c'est la communauté. Nous n'avons donc pas besoin de créer notre propre lieu d'open innovation. » Une allusion claire aux WAI (We are Innovation) de BNP Paribas et au Village by CA du Crédit agricole.

Dernier hackathon en date, celui de BNP Paribas

Concrètement, Player a accueilli l'été dernier une dizaine de collaborateurs de Société générale Insurance, qui travaillaient sur une application mobile dédiée à la voiture connectée. « Jusqu'alors, nous nous étions appuyés sur une équipe de développeurs internes. Mais nous nous sommes aperçus que notre projet d'application mobile était identique à ce que faisait la concurrence, il nous manquait quelque chose, en particulier sur la partie divertissements de l'appli », raconte Alexandre Rispal, responsable de la R&D et de l'innovation chez Société générale Insurance. Après quinze jours passés dans le grand bouillon de Player, où ils se sont gentiment entendus dire qu'il serait opportun de redémarrer leur projet de zéro ou presque, Alexandre Rispal et son équipe sont repartis avec un pilote autrement plus satisfaisant que la mouture initiale.

Une mouture qui était d'ailleurs née dans le cadre du hackathon organisé en octobre 2014 par la Société générale, sur le thème des objets connectés. Très prisés par les grandes entreprises, les hackathons, contraction des mots « hack » (pirater, en anglais) et « marathon », sont des événements de programmation informatique qui réunissent développeurs, designers et autres petits génies de l'informatique. Dernier en date dans le secteur bancaire français, celui organisé en juin par BNP Paribas a débouché sur la sélection de six startups - sur un total de 57 -, qui seront incubées par la banque durant quatre mois, le temps d'accoucher de produits susceptibles d'aider le groupe à accélérer sa transformation digitale. Parmi les heureuses élues figure par exemple SnapCheck, qui a pour ambition de concevoir des chèques digitaux, dans une optique de réduction des coûts et de la fraude. L'open innovation, encore et toujours.

Christine Lejoux

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Commentaire 1
à écrit le 26/11/2015 à 11:34
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Les question de "1er la classe" sont un problème de management: reconnaissance des idées, décloisonnement, recadrage des comportements "team player". Donc pour palier un problème de management, on nous explique que sous-traiter son cœur de métier ...

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