Orange cherche un nouveau partenaire pour Orange Bank

Orange Bank est à la recherche d'un nouveau partenaire capitalistique pour accélérer son développement. Ce partenaire pourrait soit reprendre la participation de Groupama, soit s'ajouter aux actionnaires actuels. En revanche, Orange dément toute intention de se séparer de sa filiale.
Le PDG d'Orange, Stéphane Richard, porte le projet Orange Bank depuis sa genèse.
Le PDG d'Orange, Stéphane Richard, porte le projet Orange Bank depuis sa genèse. (Crédits : Reuters)

C'est confirmé. Le groupe de télécom Orange cherche un nouveau partenaire pour sa filiale bancaire, Orange Bank. L'information a été dévoilée par Le Canard Enchaîné au détour d'une petite phrase. « Nous n'avons pas monté ce projet pour devenir banquier, mais pour mesurer notre capacité d'innovation », a ainsi glissé Stéphane Richard, PDG de l'opérateur historique à l'hebdomadaire satirique. Ce qui a été aussitôt compris comme une intention de céder sa filiale bancaire, qui ne cesse de creuser ses pertes depuis son lancement en 2017.

En 2020, malgré une hausse de son PNB de 72% à 69 millions d'euros, Orange Bank a accusé une nouvelle perte opérationnelle de 195 millions d'euros. Au total, la banque digitale a accumulé 643 millions de pertes opérationnelles et la maison-mère a dû recapitaliser sa filiale à hauteur de 420 millions d'euros en plusieurs fois, dont une toute récente augmentation de 89 millions d'euros.

Un partenaire pour accélérer le développement

Dans un entretien accordé ce jour au Figaro, Stéphane Richard a cependant formellement démenti toute intention de vendre Orange Bank. "Nous ne souhaitons pas vendre Orange Bank qui reste un projet stratégique pour Orange", a-t-il déclaré.

« Il y a eu méprise sur nos intentions. Nous avons un actionnaire, Groupama, qui est un contributeur important à nos activités, notamment dans le crédit à la consommation, mais dont la participation au capital été diluée de 35% à 22% au gré des augmentations de capital », explique à La Tribune, Paul de Leusse, directeur général d'Orange Bank.

« Nous menons donc des réflexions pour accueillir un nouveau partenaire au capital, qui viendrait soit remplacer Groupama, soit s'ajouter aux actionnaires actuels. Dans tous les cas de figure, il s'agit d'un plus pour accélérer notre développement et non d'une volonté d'Orange de vendre sa filiale », insiste Paul de Leusse.

Plusieurs marques d'intérêt

Plusieurs marques d'intérêt se sont déjà manifestées mais, selon Paul de Leusse, les discussions actuelles portent davantage sur les aspects industriels que sur le volet capitalistique. Ce nouveau partenariat devrait néanmoins aboutir dans les prochains mois.

Sur le profil de ces partenaires, Orange et Orange Bank se font pour l'heure très discrets. L'idée serait de nouer un partenariat, et plutôt un seul que plusieurs, avec un acteur susceptible de compléter l'offre d'Orange Bank et/ou d'apporter un fonds de commerce.

Il est clair qu'Orange souhaite se développer à l'étranger et sur certains métiers, comme le crédit à la consommation, voire l'épargne. « Il y a de nombreuses combinaisons possibles, comme une banque qui ne dispose pas encore d'une néobanque, un assureur spécialisé dans l'affinitaire ou un acteur du crédit à la consommation qui pourrait proposer à ses clients un compte bancaire », avance un observateur du marché.

Rien de précis non plus sur le futur tour de table. Sauf que le sujet du maintien ou non de la position majoritaire d'Orange au capital de sa filiale ne semble pas tabou. Même si cette décision serait plutôt difficile à vendre au conseil d'administration où siègent quatre représentants des salariés d'Orange. Les commerciaux d'Orange sont en effet commissionnés sur la vente des produits d'Orange Bank (comme pour la téléphonie) et les bureaux d'Orange génèrent 60% des ouvertures de compte.

Le projet de Stéphane Richard

Ce serait également le signe d'un changement de stratégie pour Stéphane Richard qui porte le projet depuis le début. Le PDG avait mis tout son poids dans la balance pour convaincre son conseil d'administration de l'intérêt du projet de diversification de l'opérateur historique par le rachat de Groupama Banque. Les administrateurs représentant l'Etat, toujours actionnaire à hauteur de 22%, avaient notamment émis à l'époque de sérieuses réserves, avant de s'abstenir lors du vote. Le lobby bancaire avait également mis en garde Bercy devant un tel projet.

Téméraire, l'idée de créer une nouvelle banque digitale en France se solde certes pour l'instant par un échec financier. Il faut cependant le relativiser : les pertes d'Orange Bank sont une goutte d'eau dans les quelque 3 milliards d'euros de résultat net du groupe de télécom. Les objectifs de la banque n'ont jamais été atteints et ils semblent toujours aussi ambitieux à réaliser aujourd'hui. L'équilibre est promis pour 2023, après avoir été initialement fixé à 2021.

A l'horizon 2023, Orange Bank vise 5 millions de clients, contre 1,5 million de clients en 2020. Mais à ce chiffre, il convient de retirer quelque 530.000 clients, qui ont uniquement souscrits une assurance mobile pour être plus proche de la réalité commerciale.

« Le début d'Orange Bank a été effectivement compliquée mais c'est normal comme pour toute aventure entrepreneuriale, même quand elle est pilotée par un grand groupe », concède Paul de Leusse. « Mais aujourd'hui, nous avons un actionnaire qui est très satisfait du développement d'Orange Bank ». D'autant qu'elle impacte l'activité télécoms, comme vecteur de fidélisation sur les abonnements internet et mobile.

Virage stratégique à 180 degrés

Orange Bank multiplie les initiatives pour accroître le chiffre d'affaires avec le Pack Premium et diversifier ses revenus, avec la récente acquisition de la néobanque Anytime. De fait, Paul de Leusse a opéré depuis son arrivée en octobre 2018 - toute l'ancienne équipe de direction d'Orange Bank a été débarquée - un virage stratégique à 180 degrés en passant du « tout gratuit » au « tout payant ». Du coup, 80 % des nouvelles entrées en relation sont payantes contre 20 % en 2018. Reste que Orange Bank continue de faire pâle figure en conquête de clientèle face à des principaux concurrents néobanques, comme N26, et face aux banques en ligne traditionnelles, comme Boursorama.

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Commentaires 7
à écrit le 04/03/2021 à 20:48
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ça tombe bien Richard doit dégager d'ici peu ?

à écrit le 04/03/2021 à 9:24
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Olivier Véran ferait un excellent nouveau partenaire pour Orange. Il serait l'Agent Orange le plus efficace pour plumer les clients de cet ersatz bancaire.

à écrit le 04/03/2021 à 0:37
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Olivier Véran ferait un excellent nouveau partenaire pour Orange Bank. Il serait l'Agent Orange le plus efficace pour plumer les clients de cet ersatz bancaire.

à écrit le 03/03/2021 à 23:55
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Orange au désespoir !

à écrit le 03/03/2021 à 20:24
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Pas grave ! Nous sommes là pour ça, nous les contribuables.

à écrit le 03/03/2021 à 19:38
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Etre Banquier, ça ne s'improvise pas !

à écrit le 03/03/2021 à 19:33
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vu comme les banques sont demandetresses, faudrait voir avec elles

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