Revolut creuse ses pertes mais poursuit sa croissance accélérée

En 2020, la néo-banque britannique accuse des pertes en hausse de 80%, mais souligne le redressement de sa profitabilité sur le dernier trimestre. Elle s’inscrit toujours dans une hyper croissance, en multipliant les lancements de produits, au risque de banaliser son offre. Au premier trimestre 2021, Revolut revendique désormais plus de 15 millions de clients dans le monde.
Revolut prépare une nouvelle levée de fonds en 2021 pour financer son hypercroissance.
Revolut prépare une nouvelle levée de fonds en 2021 pour financer son hypercroissance. (Crédits : Revolut)

Revolut, la fintech star britannique, valorisée autour de 20 milliards de dollars, continue de gagner des clients et de perdre de l'argent. La startup vient ainsi d'annoncer, sur l'exercice 2020, une progression de 57% de son chiffre d'affaires, à 261 millions de livres sterling (305 millions d'euros), et une perte de 196 millions de livre sterling (229 millions d'euros), en hausse de 83%. Toutefois, la startup a dégagé un bénéfice opérationnel en novembre et décembre 2020. La dynamique se poursuit au premier trimestre 2021 avec un bond de 130% de ses revenus.

Le creusement de ses pertes est pleinement assumé par la néobanque, qui met en avant sa conquête de clientèle au Royaume-Uni, en Europe, mais aussi aux États-Unis, au Japon et en Australie.

À la fin de l'année dernière, Revolut comptait ainsi 14,5 millions de clients particuliers (+45%) et quelque 500.000 clients professionnels (+127%). Pour rassurer ses investisseurs, la fintech, qui prépare cette année une nouvelle levée de fonds, souligne la nette amélioration de sa marge brute, à 49% sur l'exercice, et surtout, sa constante progression (61% au quatrième trimestre).

Spécialisée dans les paiements transfrontières, Revolut a certes été touchée par la crise sanitaire. Mais la chute des transactions en Europe au premier semestre a été plus que compensée par le développement de nouveaux services payants, dont son offre sur les professionnels. Au total, 15% de ses nouveaux clients sont désormais abonnés à des offres payantes.

Objectif: 100 millions de clients

Cette croissance tous azimuts entraîne une forte hausse de ses coûts, notamment dans les fonctions support, comme le contrôle des risques et la conformité. La plupart des fintechs ou néo-banques ont en effet tendance à privilégier leur développement aux procédures, de plus en plus complexes, de conformité. Et les régulateurs se montrent désormais de moins en moins souples en la matière, comme en témoignent les récents rappels à l'ordre à l'égard de N26 ou de Carrefour Banque.

Revolut a été également épinglée dans le passé par les autorités britanniques sur ses défaillances de sécurité et de conformité. Et la fintech n'a eu d'autres choix que de réagir, mais au prix de ruptures de service ou de comptes bloqués sans raison.

Cette question de la conformité va devenir de plus en plus centrale au fur et à mesure que les nouveaux entrants développent leur franchise. De son côté, Revolut maintient son objectif de 100 millions de clients d'ici à 2025.

Au-delà du défi réglementaire et des process internes, la fintech doit également s'interroger sur sa capacité d'innovation dans cette phase d'hypercroissance. Ses atouts restent les mêmes, comme la transparence de ses tarifs et un système de notifications performant, mais elle doit constamment faire évoluer son application mobile face à une concurrence digitale de plus en plus vive, y compris chez les banques traditionnelles. Pour l'heure, elle multiplie les offres payantes et les produits (27 lancements en 2020), au risque de devenir de plus en plus produit et de moins en moins client.

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