Le régulateur britannique fustige les tarifs bancaires et prône l'Open Banking revolution

Au Royaume-Uni, l'Autorité de la Concurrence et des Marchés (CMA) a publié mardi un rapport cinglant sur les pratiques du secteur bancaire. Ses conclusions stigmatisent la politique commerciale conservatrice des quatre plus grandes banques qui s'exerce au détriment des clients et le manque de concurrence du secteur.
Jérôme Cristiani
Dans son rapport, le gendarme de la concurrence britannique liste une série de mesures présentées comme la condition de survie d'un secteur vital pour l'économie britannique.

Au Royaume-Uni, le ciel s'assombrit encore pour l'industrie bancaire britannique déjà sous pression avec la baisse de 0,25 point du taux directeur de la Banque d'Angleterre qui va mettre encore un peu plus à mal la rentabilité du secteur.

Ce mardi 9 août, dans son rapport intitulé "Pour que les banques travaillent plus dur pour vous" qui conclut deux ans d'enquête sur les pratiques du secteur bancaire, la CMA, l'Autorité de la Concurrence et des Marchés (Competition and Markets Authority) britannique a sévèrement épinglé d'une part les grandes banques historiques (Lloyds Banking Group, Royal Bank of Scotland, HSBC and Barclays - les "big four") pour leur manque d'entrain à améliorer le pouvoir d'achat des clients de la banque de détail par une concurrence efficace, et d'autre part, déploré le fait que les petites banques innovantes peinent toujours à se développer.

« Cela veut dire que beaucoup de gens paient plus qu'ils ne devraient et qu'ils ne bénéficient pas de nouveaux services », dénonce la CMA dans son communiqué.

    >Lire : Fintech et régulateurs planchent (ensemble) sur une réglementation compétitive

L'objectif déclaré de l'Autorité est rien moins que de lancer la révolution bancaire au Royaume-Uni, au travers d'un paquet de mesures destinées à redonner du pouvoir d'achat aux particuliers et aux petites entreprises mais aussi à dynamiser les innovations technologiques des fintech.

La CMA présente ces mesures comme la condition de survie d'un secteur vital pour l'économie du pays.

     >Lire : Fintech : pourquoi le Brexit menace le leadership mondial de Londres

L'Open Banking revolution au bénéfice des clients... et du secteur bancaire

Et, selon le gendarme de la concurrence et des marchés, cela se fera en redonnant du pouvoir aux consommateurs, en faisant en sorte que les banques n'aient plus toutes les clés en main. Dans le paquet de réformes que la CMA veut voir adopter, il est ainsi demandé aux banques :

- de mettre en oeuvre dès 2018 le principe de Banque Ouverte (Open Banking) pour accélérer la transition technologique dans la banque de détail.

Cette Banque Ouverte apportera des possibilités d'échange sécurisé et confidentiel de données entre clients particuliers, banques et tierces parties, de manière à permettre à ces clients de:
- gérer des comptes multiples au travers d'une seule application;
- contrôler sa trésorerie (et être prévenu avant tout dépassement, pour éviter les agios);
- comparer les services et tarifs de différentes banques selon ses propres critères.

Supprimer les entraves à la concurrence et à la mobilité de la clientèle

Parmi les autres obligations des banques, notons l'obligation de transparence des prix de tous les services bancaires, la suppression de la reconduction automatique des contrats (qui participe des outils pour rendre la clientèle captive) - sachant qu'aujourd'hui, les banques proposent des contrats nombreux et en tous genres à leurs clients (assurance auto, maison...).

Pourquoi la CMA insiste-t-elle autant sur la nécessité de mettre en place des solutions permettant à la clientèle des particuliers de plus facilement trouver et comparer des informations sur les services bancaires concurrents? Son objectif est de favoriser la mobilité bancaire des clients dans la banque de détail, d'en finir avec le système actuel qui rend la clientèle captive. Actuellement, précise la CMA, chaque année, seulement 3% des particuliers et 4% des professionnels changent de banque.

Les agios, boulet pour les consommateurs, rente pour les banques

Enfin, soulignant l'extraordinaire rente que constituent les agios pour les banques (1,2 milliard de livres par an), la CMA exige que des systèmes d'alerte soient mis en place, y compris via le téléphone mobile, pour prévenir les clients qui risquent de se retrouver débiteurs - une autre mesure qui participe de la réduction des frais bancaires, et censée redonner un peu de pouvoir d'achat aux consommateurs.

Alasdair Smith, directeur de l'investigation dans la banque de détail au CMA, l'affirme dans le communiqué du 9 août:

« La réforme annoncée aujourd'hui va bouleverser la banque de détail pour les années à venir, et permettre que, à la fois les particuliers et les petites entreprises, puissent bénéficier de meilleurs contrats avec leurs banques.

« Nous brisons les barrières qui permettent aux banques de garder la mainmise sur leur clientèle»

« Nous voulons accroître la concurrence et l'innovation dans un secteur dont la performance est cruciale pour l'économie du Royaume-Uni »

La CMA indique qu'elle va désormais travailler à la mise en place de ces mesures en collaboration avec les instances telles que le Trésor, la FCA (le gendarme britannique des marchés financiers, la Bacs (Bankers Automated Clearing Service) et le Nesta (organisme qui finance l'innovation).

Jérôme Cristiani

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