Capital-risque : les fonds français en tête en Europe

Pour la première fois, les sociétés françaises de venture capital ont levé cette année davantage que leurs homologues britanniques, soit 2,7 milliards d'euros, selon Dealroom. Partech Ventures, Cathay Innovation et Alven Capital sortent du lot.
Delphine Cuny
Depuis le début de l'année, les fonds de capital-risque français, qui ont levé en cumulé 2,7 milliards d'euros, sont montés sur la première marche du podium en termes de montants levés en Europe, nettement devant les VC britanniques, pourtant beaucoup plus gros.

La France réussit clairement une percée dans l'univers très anglo-saxon du "venture capital" (VC), le financement des startups : les sociétés de capital-risque françaises ont levé cette année davantage de fonds que les VC britanniques, soit 2,7 milliards d'euros (à fin août), contre 2,3 milliards d'euros outre-Manche et 1,1 milliard d'euros en Allemagne, selon les données de Dealroom. C'est une première.

« Traditionnellement, le Royaume-Uni, Londres, était le pôle numéro un du capital-risque en Europe. En 2016, les levées des fonds VC d'Europe continentale ont bondi, en particulier en France, en Suède et aux Pays-Bas. Et en 2017, pour la première fois, la France prend la tête », relève Dealroom dans son bilan.

fonds levés VC capital risque Europe 2017

[Fonds levés, en milliard d'euros, par des VC européens chaque trimestre depuis 2015. Crédit : Dealroom]

La plus grosse levée (765 millions de dollars) revient, certes, à un fonds de Londres, Atomico, créé par le Suédois Niklas Zennström, cofondateur de Skype.

Partech et Alven Capital en tête

Ce montant record des VC français est révélateur de la montée en puissance de plusieurs acteurs de la place, en particulier Partech Ventures, qui vient de boucler un nouveau fonds de 400 millions d'euros, trois fois plus important que le précédent, et de lever en tout près d'un milliard d'euros en dix-huit mois.

Parmi les autres levées importantes, se distingue le premier closing en juin de Cathay Innovation, issu du fonds franco-chinois Cathay Capital, pour 287 millions d'euros, avec le soutien d'institutionnels tels que Bpifrance et la Banque de développement de Chine et celui de grandes entreprises telles que Cardif (BNP), ADP, Seb, Michelin, Total et Valeo.

VC Europe levées par fonds

[En bleu, les fonds levés par des fonds VC européens, depuis 2014; en gris, les montants investis par des fonds VC en Europe. Crédit : Dealroom]

Autre levée majeure, celle d'Alven Capital, qui a bouclé début janvier son cinquième fonds de 250 millions d'euros. En 17 ans, ce pionnier, qui a investi dans plus de 100 entreprises, notamment dans Dataiku, Drivy, Frichti, Lengow et Qonto, ressort comme la société de capital-risque la plus active en France sur la période 2021-2017, en nombre de startups financées, selon le cabinet spécialisé CB Insights qui a cartographié les VC dans chaque pays d'Europe.

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[La carte des sociétés de capital-risque les plus actives dans les principaux pays d'Europe, en nombre de participations en portefeuille, de 2012 à août 2017. Crédit : CB Insights]

Dealroom cite également les deux levées d'Omnes Capital (ex-Crédit Agricole Private Equity), bien que plutôt destinées au financement des infrastructures d'énergies renouvelables et des PME qu'à celui des startups.

Les besoins de l'écosystème couverts

Au total, depuis 2015, les acteurs français du capital-risque ont rassemblé 5,4 milliards d'euros, un montant qui s'approche des sommes investies dans les startups françaises sur la période (6 milliards d'euros). Ce qui permet de penser que les jeunes entreprises de la French Tech n'ont plus forcément besoin d'aller chercher des financements auprès de VC étrangers, américains ou britanniques le plus souvent, pour boucler leurs tours de table.

De même, les fonds levés par des VC européens (8,4 milliards d'euros à fin août) devraient atteindre 12 milliards d'euros d'ici à la fin de l'année, plus du triple qu'en 2014, et se rapprocher des montants investis en Europe par l'ensemble des venture capitalists de tous horizons. Au-delà d'un probable effet Brexit incitant les investisseurs à privilégier des fonds continentaux, ces chiffres montrent que le capital-risque européen est en train de passer la vitesse supérieure, accompagnant l'essor de l'écosystème de startups du continent.

Delphine Cuny

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