Credit Suisse va garder son joyau helvétique et lever 3,7 milliards d'euros

Sous la pression des actionnaires, le numéro deux bancaire helvétique a dû renoncer à son projet d’introduire en bourse son activité la plus rentable, celle de banque universelle en Suisse. A la place, la banque va lancer une nouvelle augmentation de capital pour renforcer ses fonds propres.
Delphine Cuny
Tidjane Thiam, le directeur général de la banque suisse, a abandonné son projet de lever de l'argent en Bourse en cédant une partie de son activité lucrative de banque universelle en Suisse.

Credit Suisse est en passe de se réconcilier avec ses actionnaires. Sortant de deux années de pertes consécutives, la deuxième banque helvétique se préparait à une assemblée générale houleuse le 18 mai prochain. D'abord, le comité exécutif a renoncé au versement de copieuses primes aux dirigeants, que plusieurs influents cabinets de conseil de vote aux investisseurs préconisaient de rejeter. Ensuite, le groupe de Zurich vient de publier (enfin) des résultats bénéficiaires au premier trimestre et d'abandonner son projet d'introduire en Bourse son joyau, la "banque universelle" en Suisse, destiné à renforcer ses fonds propres.

Finalement, c'est l'option d'une augmentation de capital de 4 milliards de francs suisses (3,7 milliards d'euros) qui a été retenue. Et elle est bien accueillie sur les marchés : l'action a grimpé de 2,6% ce mercredi.

 "Une augmentation de capital sèche produira moins de dilution qu'une introduction en Bourse", a justifié le directeur général, Tidjane Thiam, dans une interview à Bloomberg TV.

 [Interview du directeur général de Credit Suisse à Bloomberg TV mercredi 26 avril]

Précieuse banque suisse

Cette mise en Bourse partielle (20% à 30% du capital), prévue initialement au second semestre 2017, semblait déjà plus ou moins enterrée, le DG ayant laissé entendre en février que des alternatives étaient à l'étude. Elle devait permettre de lever entre 2 et 4 milliards de francs suisses, en plus des 6 milliards levés lors d'une augmentation de capital fin 2015, peu après l'arrivée du dirigeant franco-ivoirien.

Ce projet, bien accueilli au départ, n'avait plus la faveur des actionnaires, qui ne comprenaient pas la logique d'une opération semblant un peu désespérée, revenant à brader son activité historique. La banque privée s'y porte très bien et les profits sont en hausse pour le cinquième trimestre consécutif.

"Nous pensons que conserver 100% des parts de notre précieuse banque suisse, tout en levant du capital, par une émission d'actions avec droit préférentiel de souscription, constitue le meilleur plan d'action et se traduira en une création de valeur significative pour les actionnaires à long terme", a commenté le président du conseil d'administration, Urs Rohner.

Pour les analystes de RBC Capital Markets, "l'impact de l'augmentation de capital sera largement compensé par la conservation des activités suisses et le fait que Credit Suisse va distribuer un dividende en cash à partir de 2017."

L'augmentation de capital sera soumise au vote des actionnaires le 18 mai.

Après des pertes importantes sur des positions risquées de marché, Credit Suisse avait décidé de réduire la voilure dans la banque d'investissement, à l'évolution volatile, et de se recentrer sur la gestion de fortune. Au premier trimestre, les activités de marché ont bien performé grâce au rebond du "fixed income" (marchés obligataires, des changes, etc). Mais le patron s'est montré prudent, relevant que les incertitudes politiques avaient pesé sur les transactions au mois d'avril.

Delphine Cuny

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.