Dans l’ombre de LendingClub, la licorne fintech GreenSky se veut la meilleure amie des banques

La startup financière d’Atlanta est valorisée 3,6 milliards de dollars par sa dernière levée de fonds auprès d’une banque régionale, plus que le roi déchu du prêt en ligne. La jeune entreprise a noué des partenariats avec des banques pour proposer aux distributeurs ou commerçants du crédit à la consommation ciblé sur des projets.
Delphine Cuny
"Simple, rapide, sans paperasse" la promesse de l'application GreenSky

Sale temps pour les Fintech ? Si les derniers chiffres montrent un dégonflement des valorisations et une baisse des levées de fonds des jeunes pousses réinventant la finance, le secteur est loin d'être passé de mode : l'entreprise d'Atlanta GreenSky va annoncer ce mardi un tour de table de 50 millions de dollars auprès de la banque régionale Fifth Third Bancorp la valorisant 3,6 milliards de dollars, selon le Wall Street Journal. C'est plus que la capitalisation boursière actuelle de LendingClub, le roi déchu du prêt entre particuliers en ligne fondé par le Français Renaud Laplanche : celle-ci s'est effondrée de 70% par rapport à son prix d'introduction en Bourse, à 2,19 milliards de dollars.

GreenSky a plus que doublé sa propre valorisation depuis sa précédente levée de fonds en 2014 (auprès du fonds TPG, Wellington et DST). Elle devient ainsi une des toutes premières « licornes » - ces jeunes entreprises non cotées en très forte croissance et valorisées plus d'un milliard de dollars - dans le domaine de la fintech, se hissant entre les californiennes SoFi et Credit Karma. GreenSky vient d'Atlanta, en Géorgie, une des métropoles fintech américaines, berceau notamment de la plateforme Kabbage et d'Equifax, l'ancienne agence d'évaluation de crédit qui se réinvente en fintech.

« Simple, rapide, sans paperasse »

Beaucoup moins connue que LendingClub, même aux Etats-Unis, GreenSky ne propose pas de prêt directement aux consommateurs, à la différence du Français Younited (ex-Prêt d'union) par exemple. Elle a fait le pari du BtoB, de jouer les intermédiaires entre distributeurs ou artisans et les banques pour faciliter le crédit à la consommation, sur des projets ciblés, notamment des travaux domestiques (par exemple l'installation de panneaux solaires), l'achat d'un nouvel écran plat ou de mobilier. L'un de ses 12.000 partenaires est le géant du bricolage Home Depot (dont le siège se trouve également à Atlanta). Depuis ses débuts dans le domaine en 2012, GreenSky aurait permis le financement de 5 milliards de dollars de prêts. L'entreprise, qui emploie plus de 670 personnes, serait profitable, avec des engagements des banques atteignant 7 milliards de dollars.

La promesse de GreenSky est d'offrir une solution « simple, rapide, sans paperasse », depuis son application mobile ou son site web. Avec sa douzaine de banques partenaires, elle garantit une réponse « en quelques secondes », dans la journée, à des conditions flexibles et avantageuses (dont du taux zéro), pour un montant de prêt allant jusqu' à 55.000 dollars. Si elle assure vouloir offrir « un financement à tout le monde, n'importe où » et permettre aux commerçants de « vendre plus », les clients finaux visés sont plutôt des profils à l'excellent historique de crédit (avec des notes de 760 en moyenne sur une échelle de 300 à 850 selon le Wall Street). GreenSky se paie en prélevant une commission du côté du commerçant et une autre du côté de la banque.

Le fondateur et directeur général, David Zalik, explique son succès par cette stratégie de partenariat avec les acteurs établis du crédit plutôt que celle, plus agressive, de la désintermédiation radicale. Il confie ainsi au Wall Street Journal :

« Nous ne concurrençons pas les banques, et nous ne tentons pas de devenir un organisme de prêt. Nous sommes une entreprise de technologie »

La banque de Cincinnati Fifth Third va d'ailleurs payer GreenSky pour utiliser sa technologie sous licence. Elle a observé que les clients avaient tendance à se détourner des cartes de crédit, en particulier les plus jeunes. Plutôt que de concevoir son propre portail, elle a préféré s'associer à GreenSky. Et entrer au capital. La startup n'a pas de projet d'introduction en Bourse. La fin de l'histoire sera donc plus vraisemblablement un rachat.

Delphine Cuny

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