"Sauve tes amis sur la route des vacances" : c?est l?application Facebook lancée par Assureurs Prévention cet été. A l?heure des grands chassés-croisés de vacanciers sur la route, la prévention est plus que jamais de mise. Si les dommages corporels baissent ce mois-ci, notamment du fait des mauvaises conditions météorologiques moins propices aux sorties, ils restent néanmoins à des niveaux élevés. Selon le dernier relevé de la Sécurité routière, entre juillet 2011 et août 2010, la route a tué 4025 personnes (-2,3%), blessé près de 83 000 personnes (-4,9%) et engendré plus de 66.000 accidents corporels (-4,9%).

Les assureurs ne ménagent pourtant pas leur peine. "L?objectif de nos actions et campagnes de sensibilisation est d'interpeller le plus grand nombre, en martelant des messages de prévention afin de changer durablement les comportements des Français sur les routes. Cet été, nous avons insisté sur trois sujets : la somnolence au volant, la conduite en ville et l?usage du téléphone en conduisant", affirme Eric Lemaire, président d?Axa Prévention. L?accent est mis aussi sur l?utilisation des équipements électroniques, sources d?inattention ou de prises de risque. "Nous insistons auprès des familles sur les équipements vidéo embarqués, qui posent des problèmes en termes de vigilance", déclare Geneviève Roudier, directrice des partenariats et des services de réparation en nature de Groupama.

Voitures tonneaux et simulateurs de conduite

Eté comme hiver, les assureurs écument salons et fêtes régionales pour prêcher la bonne parole. "Nous démultiplions les opérations de terrain, souvent avec nos agents généraux. Dernièrement, nous avons participé à une opération sécurité routière en collaboration avec Michelin place de Jaude à Clermont", ajoute Eric Lemaire. La voiture tonneau sur le stand Groupama au Salon de l?agriculture connaît aussi chaque année un vif succès. Sans oublier les conducteurs de deux-roues : "nous distribuerons des harnais de sécurité et nous ferons des opérations de street marketing à l?occasion du salon du deux-roues en novembre prochain", ajoute Eric Lemaire. Et le Groupement des entreprises mutuelles d?assurance (Gema) fait la tournée des plages avec sa piste d?initiation à la conduite de deux-roues, en collaboration avec des moniteurs CRS.

Les assureurs organisent aussi de nombreuses actions de sensibilisation dans les écoles, comme Maif, qui fait tester son simulateur de conduite sur deux-roues dans les collèges. "Le problème, c?est qu?il est appréhendé par les jeunes comme un jeu. Notre rôle est de leur montrer les limites d?une prise de risque", constate Bernard Benoît, président de Prévention Maif. Dans les lycées, la mutuelle sensibilise les jeunes au danger de la conduite sous l?emprise de drogue ou d?alcool. "Les lunettes d?alcoolémie montrent dans quelle mesure le champ visuel et la vitesse de réaction sont altérés", précise Bernard Benoît.

Accident en conditions réelles

La promotion de stages de conduite est aussi un moyen de faire appréhender les limites d?une conduite à risque. Groupama a ainsi mis en place douze centres Centaure, qui accueillent plus de 40 000 conducteurs chaque année. Ces stages combinent théorie et pratique, par exemple avec des mises en situation de conduite sur route mouillée pour tester sa réaction à la perte d?adhérence ou au freinage d?urgence. Une voiture spécialement équipée fait vivre aux stagiaires un accident en conditions réelles. "Avec les centres Centaure, nous touchons à la fois les jeunes conducteurs, les seniors et une clientèle professionnelle. Et quand on sort d?un centre, on conduit forcément différemment", affirme Geneviève Roudier. L?assureur vert constate que la probabilité d?avoir un accident matériel responsable diminue de 35% pour les jeunes de moins de 30 ans ayant suivi un stage post permis chez Centaure et de 27% pour les plus de 30 ans.

Toutes ces actions ont un coût : la prévention routière représente un budget de 4 millions d?euros par an environ pour Groupama comme pour Axa, et autour de 2 millions d?euros pour Maif. Sachant que les assureurs ont l?obligation de flécher 0,5% de leurs cotisations d?assurance auto vers des actions de prévention et d?éducation routière, soit plus de 37 millions d?euros pour les adhérents de la Fédération française des sociétés d'assurance et plus de 13 millions pour les mutuelles du Gema.

Des sinistres qui coûtent cher aux assureurs

Mais ces actions ne sont pas mises en place par pure philanthropie. Si la prévention permet de sauver des vies, elle permet aussi de faire baisser la charge des sinistres. Car ils coûtent cher aux assureurs? Fréquence et charge des sinistres sont par ailleurs les composantes majeures de l?élaboration des tarifs d?assurance : plus les sinistres ont été fréquents et plus leur coût aura été élevé, plus les primes d?assurance auront tendance à augmenter. En effet, si les sinistres augmentent plus fortement que les primes, les résultats techniques des assureurs se dégradent. C?est notamment pour cette raison (il faut aussi compter avec les événements climatiques, les vols ou les bris de glace) que les tarifs d?assurance auto ont augmenté cette année et que leur hausse est attendue aussi pour 2012 (autour de 3% pour l?assurance auto selon le cabinet Facts&Figures).

Avantage aux bons conducteurs

Tout le monde a donc à gagner des actions de prévention. Car à l?inverse, certains assureurs ont mis en place des tarifs plus avantageux pour les "bons conducteurs" ou pour ceux qui suivent des stages de conduite post-permis. Le Crédit Agricole a même lancé l?an dernier un "avantage bon conducteur". Le conducteur qui n?a eu aucun sinistre depuis trois ans bénéficie de 15% de réduction lors de la souscription de son contrat. L?assuré peut aussi cumuler 2% de réduction supplémentaire par an s?il n?a aucun sinistre. Quant au Crédit mutuel, il offre entre 3% et 7% de réduction si le bonus de l?assuré est à 50% depuis au moins 1, 2 ou 3 ans et s?il n'a pas déclaré de sinistre responsable depuis 3 ans. Et chez Axa, les participants à un stage de conduite obtiennent par exemple 20% de réduction sur les cotisations de la première année d?assurance.