À Paris, les prix ne devraient pas baisser

Selon François Gagnon, patron d'ERA Europe, les prix parisiens devraient encore monter un bon moment. Dans le reste de l'Europe, les tendances sont très disparates.
En France, le marché est aujourd'hui plutôt figé en raison des prochaines échéances électorales. Les transactions sont plus longues à aboutir mais elles sont toujours là... Copyright Reuters

L'Europe de l'immobilier en est-elle au même stade ? La globalisation est-elle en train de lisser les différences de prix entre les différents pays ? Pas vraiment si l'on en croit François Gagnon, président du réseau d'agences immobilières ERA Europe et ERA France. Fort d'un réseau de plus de 1.000 agences sur le Vieux Continent, dont 350 en France, l'homme fort du groupe a en effet, une idée assez précise des tendances du moment. Avec une distinction forte entre les pays du nord et du sud. Au nord, les prix et les transactions se portent plutôt bien. Parmi les bons élèves, l'Allemagne qui profite d'une situation économique plus saine que celle de ses voisins. Résultat : les prix sont plutôt à la hausse de 3 à 5% et les perspectives sont tout aussi flatteuses. Idem en Scandinavie où les prix se redressent après un petit coup de faiblesse en 2010. Les transactions, en revanche, sont toujours à des niveaux inférieurs à ceux de 2009. Première place toutes catégories pour la Suisse qui, grâce à une progression constante du nombre d'immigrants, à des salaires médians très élevés et un besoin de logements toujours plus important connaît une hausse régulière et des prix et des transactions. Tendance qui devrait perdurer encore très longtemps, stipule François Gagnon. Seul mouton noir dans cette zone : l'Irlande. Le pays qui comptait beaucoup d'ouvriers (jusqu'à 400.000) en raison d'un boom de la construction, pâtit lourdement des conséquences de la crise. Comme on a déjà pu le voir avec les incidences sur les banques du pays. Du coup, tous les ouvriers sont partis et ont emmené avec eux toutes les perspectives de hausse des prix de l'immobilier. Le sud de l'Europe, est lui, particulièrement touché et présente les plus mauvaises performances. A commencer par l'Espagne dont la baisse des prix atteint entre 40 et 50% sans aucune perspective de rebond à court et moyen terme, anticipe François Gagnon. Idem pour l'Italie qu subit, en outre, de plein fouet la fermeture de nombreuses agences immobilières. Quant à la Grèce, le patron d'ERA Europe fait remarquer que ce marché était déjà un peu à part, tant la constitution des prix était jusqu'à présent aléatoire. Seul le haut de gamme très bien placé demeure attractif et suscite encore l'intérêt. La Turquie, de son côté, apparaît comme un marché très prometteur. « L'économie se porte bien sur cette zone et la demande est là », affirme le numéro un d'ERA Europe.

En France, il ne faut pas compter sur une baisse des prix

En France, la donne est tout autre. Le marché est aujourd'hui plutôt figé en raison des prochaines échéances électorales. Les transactions sont plus longues à aboutir mais elles sont toujours là et ce, dans un contexte « assez bien maîtrisé », souligne François Gagnon pour qui les banques n'ont pas vraiment coupé le robinet. Il remarque, certes, des exigences plus strictes de la part des établissements prêteurs mais pas un assèchement du crédit. Et comme par le passé, il estime que la France a deux visages : celui de la province et celui de Paris. En province, le marché est tendu et les prix devraient sans doute connaître une petite inflexion compte tenu des mauvais chiffres de l'économie. En revanche, Paris reste Paris et conserve intact tous ses atouts, assure le spécialiste. Pour lui, les prix ont certes terriblement grimpé ces dernières années pour atteindre des niveaux hors normes, surtout par rapport aux salaires des candidats potentiels. « Mais il ne faut pas s'arrêter aux salaires. Regardez plutôt les plus-values dégagées par les propriétaires parisiens lorsqu'ils vendent leur bien actuellement. Compte tenu de ces plus-values, ils peuvent acquérir des biens encore plus chers, contribuant ainsi à faire flamber les prix ». Du coup, François Gagnon est convaincu que les prix parisiens ne sont pas prêts de baisser, contrairement au sentiment des notaires parisiens. Il estime que cette année, on pourra peut-être assister à une stagnation en raison des élections. Mais dès 2013, le rythme devrait à nouveau être ascensionnel. « Il n'y a aucune raison pour que la hausse s'arrête un jour. Et je ne crois pas que l'arrêt des aides fiscales constitue un frein. Ces aides étaient un coup de pouce artificiel et l'on paie toujours un jour ou l'autre ce type de béquilles », pense le patron d'ERA France.

Attention au développement des réseaux de mandataires

Celui-ci est beaucoup plus circonspect sur les récents développements des réseaux de mandataires. Et plus particulièrement depuis que le ministère de la justice ait fait circuler un projet de décret modifiant les conditions d'application de la loi Hoguet. Projet qui envisage de faciliter l'octroi des cartes professionnelles d'agent immobilier ou d'administrateur de biens. Pour ce responsable d'ERA, on tire ici la profession vers le bas alors qu'elle a pourtant bien besoin d'être tirée vers le haut. « Il faut une vraie réglementation permettant une vraie professionnalisation de notre secteur et je trouve que sur ce sujet, les fédérations n'ont pas vraiment su faire entendre leur voix », se plaint-il, émettant même quelques doutes sur le véritable engagement de ces instances vis-à-vis du sujet. Et de regretter aussi que le développement de ces réseaux de personnes non qualifiées puisse se faire sans garde-fou. « C'est comme une insulte pour moi et pour tous les professionnels des agences immobilières qui se sont formées ». Pour lutter contre ces réseaux, il s'est récemment uni à d'autres homologues, dont Orpi, Laforêt, Century 21 et la FNAÏM.
« Alors quel avenir pour ces réseaux en France, quel avenir pour les agences ? Gardons-nous du manichéisme : les agences immobilières ont survécu aux crises qui ont tant affecté ces réseaux aux Etats-Unis puisque leurs adhérents n'avaient plus les moyens de payer des mensualités onéreuses. Les agences ont intégré l'internet et la dématérialisation relative au service. Elles se sont ajustées à la baisse du pouvoir d'achat des ménages et ont aujourd'hui vocation à développer leurs parts de marché auprès de consommateurs de plus en plus exigeants en apportant de plus ne plus de services. On aurait tort de les ranger sur l'étagère des objets économiques du passé », soutient François Gagnon.
 

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Commentaires 6
à écrit le 01/03/2012 à 9:15
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Comment voulez vous que les prix augmentent ? On est déjà à des prix très élevés y compris pour des gens fortunés. Un tel niveau ne peut être maintenu dans une ville de 2 millions d'habitants qui ne peut pas être composée exclusivement de milliardai...

à écrit le 29/02/2012 à 9:55
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Idem, les discours sont très différents dans la presse et en agence : les AI disent tous qu'il faut absolument etre au bon prix parce que le marché risque de s'effondrer en 2012 (pour info je suis à paris 17, dans une zone normalement très tendue...)...

à écrit le 29/02/2012 à 7:38
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On y croit ! Le Président d'un réseau d'agences immobilière me dit qu'il faut acheter sans attendre... c'est curieux, une agence de ce réseau ERA en zone tendue m'a invité à baisser mon prix rapidement parce que "le marché est durablement baissier".....

à écrit le 29/02/2012 à 1:20
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Le marché était baissier en 2008 et le serait resté sans les aides de l'Etat qui ont mis le marché sous perfusion. Ces aides ont été réformées. On va retomber très vite aux prix de 2008 et ce ne sera pas encore assez pour resolvabiliser les ménages.

à écrit le 28/02/2012 à 20:57
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« Il n'y a aucune raison pour que la hausse s'arrête un jour " Mmmhh, ça c'est rationnel comme approche... Ca doit être une conséquence du théorème de l'âne : avec une carotte sous le nez il ne s'arrête jamais.

à écrit le 28/02/2012 à 19:47
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"les banques n'ont pas vraiment coupé le robinet." Ah bon ? -25 % de crédit octroyés alors que les logements parisiens sont inaccessibles aux cadres supérieurs... Pour info, le volume des ventes est en forte baisse et tous les leviers de la hausse (...

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