Les rémunérations du private equity sur la sellette

Les investisseurs dans des fonds de private equity plaident une réduction de la rémunération sous forme de commissions de gestion. Ils souhaitent que ces commissions soient indexées, non plus sur la totalité de l'argent qui est confié aux fonds de private equity mais sur les seules sommes utilisées par les fonds pour financer des acquisitions.
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Après les rémunérations des banquiers, c'est au tour de celles du private equity de se retrouver sur la sellette. La semaine dernière, lors de la conférence "Super Return" qui réunissait en Allemagne, à Berlin, le gratin du capital-investissement mondial, plusieurs gérants de fonds n'ont pas fait mystère des pressions exercées par leurs actionnaires sur les "management fees", ces commissions versées chaque année aux gérants pour la gestion des fonds. La coutume veut que les "management fees" représentent entre 1% et 3% des montants confiés par les investisseurs institutionnels aux gérants de fonds. Ainsi, un fond doté de 20 milliards de dollars génèrera entre 200 et 600 millions de dollars de commissions de gestion par an.

La "dry powder" s'élève à près de 1.000 milliards de dollars

Mais les "zinzins" plaident désormais en faveur de "management fees" indexées, non plus sur la totalité des sommes allouées, mais sur les seuls montants investis par les fonds dans des entreprises. Ce qui semble plus logique car, ainsi, seul l'argent que les gérants font "travailler" donnerait lieu à rémunération. Le hic, c'est que cela déboucherait, à l'heure actuelle en tout cas, sur une chute des "management fees", les gérants de fonds peinant depuis juillet dernier à trouver des sociétés à acquérir, compte tenu de la difficulté à décrocher des crédits bancaires pour financer les LBO (Leverage Buy-out : acquisition par endettement) et de vendeurs potentiels qui préfèrent attendre des jours meilleurs pour céder leurs actifs. Conséquence, la "dry powder", c'est-à-dire l'argent levé par les fonds mais non encore investi, s'élève à près de 1.000 milliards de dollars, à l'échelle mondiale, selon le cabinet Preqin. Un sacré manque à gagner en perspective pour les fonds de capital-investissement, si cette somme n'entrait plus dans le calcul des commissions de gestion.

Des management fees ramenées à 1,71% en 2010

Cela fait quelques années déjà que les investisseurs institutionnels jugent les "management fees" trop élevées. En 2010, ils avaient obtenu qu'elles soient ramenées à 1,71%, en moyenne, dans le monde, d'après Preqin. Mais leur éventuelle future indexation sur les seuls montants investis représenterait une véritable révolution. Certains experts n'hésitent pas à prédire que, dans une dizaine d'années, 30% des financements alloués par les "zinzins" aux fonds de private equity le seront dans des fonds dont les commissions de gestion seront basées sur les sommes effectivement investies, contre 5% seulement aujourd'hui. Si les investisseurs institutionnels sont en mesure d'imposer leur loi, c'est parce que l'industrie du capital-investissement est très concurrentielle, surtout en cette période de crise financière, avec près de 400 fonds de private equity dotés de plus d'un milliard de dollars, à travers le monde. Un nombre qui devrait plus que doubler, d'ici à 2020.

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