Les banquiers d'investissement trustent les états-majors des grandes banques

Deutsche Bank s'apprête à nommer plusieurs responsables de la banque d'investissement à des postes-clés, au sein du groupe bancaire allemand.
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Les banquiers d?investissement prennent du galon. Selon l?agence Reuters, Anshu Jain, l?actuel patron de la division banque d?investissement de Deutsche Bank - qui succèdera le 1er juin à Josef Ackermann, le big boss de la banque allemande - s?apprêterait à bombarder au comité exécutif deux autres collaborateurs de la BFI (banque de financement et d?investissement). A savoir William Broeksmit et Henry Ritchotte. Le premier deviendrait directeur des risques de Deutsche Bank et le second serait propulsé directeur général délégué de la banque.

Toutes les banques britanniques sont dirigées par des banquiers d'investissement

Cette montée en puissance de la banque d?investissement (courtage, conseil en fusions et acquisitions, pilotage d?introductions en Bourse, etc.) ? par opposition à la banque de détail - chez Deutsche Bank n?est pas un cas isolé. Depuis cinq ans environ, nombre d?établissements bancaires, y compris ceux basés sur le modèle de la banque universelle, sont aujourd?hui dirigés par d?anciens banquiers d?investissement.

C?est le cas de toutes les banques britanniques avec, notamment, Bob Diamond chez Barclays, Stephen Hester chez RBS, ou bien encore Antonio Horta-Osorio chez Lloyds. Les banques suisses ne font pas exception : Brady Dougan, le président de Credit Suisse, est un homme de marchés qui s?est illustré en redressant la rentabilité de la BFI de la banque helvétique, et Sergio Ermotti, patron par intérim d?UBS, présidait auparavant la banque d?investissement de l?italienne UniCredit. La BFI, Frédéric Oudéa aussi connaît bien : le patron de la Société générale a travaillé dans cette division de la banque de La Défense, à Londres et à Paris.

Une question de génération

Pourtant, les métiers de la BFI ne sont pas en odeur de sainteté depuis la crise financière de 2008, qu?ils sont accusés d?avoir provoquée à force de prises de risques. Comment expliquer, alors, que les banquiers d?investissement se retrouvent à des postes-clés au sein des établissements bancaires ?

Il y a d?abord une question de génération. Le métier de banquier d?investissement a connu un âge d?or à partir du milieu des années 1990, et ce jusqu?à 2007, année au cours de laquelle a éclaté la crise des « subprimes » (crédits hypothécaires américains à risque). Cette décennie a vu arriver sur le marché du travail un très grand nombre d?apprentis banquiers d?affaires, les étudiants en finance étant alors bien davantage attirés par l?adrénaline des métiers de marchés plutôt que par le côté plus « pépère » de la banque de détail. Ces nombreux jeunes talents sont aujourd?hui en âge de prendre des responsabilités, ce qui explique que l?on trouve aujourd?hui tant d?anciens banquiers d?investissement dans les hautes sphères des banques.

Remettre de l'ordre dans les activités de marchés

Une autre explication de ce phénomène réside dans la crise financière de 2007/2008. Certes, les métiers de banque d?investissement possèdent une grande part de responsabilité dans cette crise. Mais, ceux qui ont allumé l?incendie ne sont-il pas les mieux placés pour l?éteindre ? De fait, c?est sa connaissance des marchés et de leur complexité qui avait convaincu Citigroup, en décembre 2007, de faire de Vikram Pandit son nouveau patron, afin de remettre de l?ordre dans les activités de marchés de la banque, durement ébranlée par la crise des « subprimes », et de la doter d?une gestion des risques plus efficace. Une véritable révolution, à l?époque, car Citigroup était alors présidée par un juriste, Chuck Prince. Mais, pour détricoter les prises de risques inconsidérées, il était nécessaire de faire appel à un homme de marchés. Enfin, les banquiers d?investissement sont les plus à même d?adapter les établissements bancaires aux nouvelles réglementations de marchés dont la crise financière a accouché. Le danger étant qu?ils fassent la part trop belle aux activités risquées, au détriment de la banque de détail.
 

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Commentaires 2
à écrit le 17/03/2012 à 16:35
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En voilà une belle raison de plus pour séparer les activités de marché et la banque de dépôt : les compétences nécessaires ne sont pas du tout les mêmes et les parcours hiérarchiques sont incompatibles (circuits sophistiqués pour les uns, connaissanc...

à écrit le 15/03/2012 à 22:37
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C'est pas rassurant pour l'avenir. Ce sont ces margoulins qui nous ont mis dans le trou en 2008 pour se bourrer les poches et qui ont bidouillé les comptes de la Grèce.

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