Le jeune private equity chinois a déjà des allures d'empire

En 2011, le private equity chinois a investi 16 milliards de dollars, un montant qui représente 5% du total des investissements réalisés par le private equity mondial, contre 1,5% seulement en 2007.
Le private equity chinois a investi 16 milliards de dollars, en 2011.Copyright Reuters

Le capital-investissement chinois est très jeune. Si jeune que les plus importants fonds de private equity du pays ne sont guère connus à l'étranger. CDH, SAIF, New Horizon, Hony Capital, Fosun... Autant de noms qui n'évoquent pas (encore) grand-chose. Pourtant, ces fonds, dont le plus vieux est âgé de 11 onze ans seulement, gèrent déjà entre 3,5 et 6,8 milliards de dollars d'actifs chacun. Et, l'an dernier, le private equity chinois a investi 16 milliards de dollars, un montant qui représente 5% du total des investissements réalisés par le private equity mondial, contre 1,5% seulement en 2007, selon la Chambre de commerce de l'Union européenne en Chine.

L'Asie-Pacifique représente 22% des montants levés

Il faut dire que la puissance de feu du private equity asiatique va croissant : en 2011, la zone Asie-Pacifique a représenté 22% du total des fonds levés par le capital-investissement mondial, contre 9% en 2008, d'après le cabinet Preqin. Début 2012, le fonds chinois Hony Capital s'est même offert le luxe de boucler en moins de six mois le « closing » d'un fonds de 2,4 milliards de dollars, un montant supérieur à sa prévision, alors que la plupart de ses concurrents américains et européens peinent à séduire les investisseurs institutionnels.

Le capital-risque domine le private equity chinois

Si les « zinzins » succombent aux sirènes des grands fonds de capital-investissement chinois, c'est parce que ceux-ci génèrent des taux de rendement de plus de 40%, selon la banque d'affaires China First Capital. La recette de ces performances ? D'abord, en Chine, la plupart des fonds de private equity sont des fonds de capital-risque, qui investissent dans de très jeunes sociétés. Une activité par définition plus risquée que le capital-développement ou que le LBO (Leverage Buy-Out : acquisition par endettement), mais beaucoup plus rémunératrice. D'autant plus rémunératrice que les jeunes pousses chinoises surfent sur une économie domestique encore très florissante, ce qui leur confère un fort potentiel de croissance.

La Chine, championne du monde des introductions en Bourse

Ensuite, ChiNext, la Bourse chinoise des start-up, créée en octobre 2009, offre des valorisations très élevées, de l'ordre de 42 fois les bénéfices, en moyenne ! C'est dire si les fonds de « venture » chinois peuvent espérer de coquettes plus-values, lorsqu'ils cèdent leurs participations dans le cadre d'introductions en Bourse. Et des IPO (Initial Public Offering), il n'en manque pas, en Chine. L'an dernier, le pays s'est imposé comme le champion mondial des introductions en Bourse, avec 420 IPO.

Les petits fonds « scotchés » avec leurs participations

Mais il existe une ombre au tableau. Cet environnement favorable ne profite qu'aux plus grands fonds chinois, explique China First Capital. Car la CSRC (China Securities Regulatory Commission), le gendarme boursier chinois, n'accorde son feu vert qu'à un nombre très limité de projets d'introductions en Bourse. « La CSRC privilégie clairement les sociétés qui ont pour actionnaires un grand fond chinois, car elle estime qu'il s'agit là d'un gage de qualité du dossier », explique China First Capital. Conséquence, les fonds plus petits se retrouvent, eux, « scotchés » avec leurs participations, à moins de parvenir à les céder à de plus grands fonds ou à des industriels.

Fosun veut investir 2,4 milliards en Europe et au Japon

Aussi est-il plus intéressant pour les « petits » fonds chinois d'investir à l'étranger, où les autorités boursières sont moins tatillonnes sur le front des IPO. Fosun est ainsi en train de lever un fonds de 2,4 milliards de dollars, destiné à investir au Japon et en Europe. L'Europe que Fosun connaît déjà bien, le fonds étant actionnaire du Club Méditerranée à hauteur de 7,1% depuis juin 2010. Il y a fort à parier qu'à l'image du Qatar, la Chine va bientôt s'inviter au capital d'autres grands groupes français.

 

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