Le Crédit coopératif n'est pas une banque « boite noire »

D'où vient l'argent et où va-t-il ? Voilà les questions auxquelles le Crédit coopératif a décidé de répondre pour rester fidèle à son statut de banque coopérative. Des efforts de transparence récompensés par une forte progression de son nombre de clients.

Jean-Louis Bancel, président du Crédit coopératif, est un banquier militant pour la transparence. « Les gens veulent que les banques ne soient pas des boites noires », affirme-t-il C'est pourquoi il est très attaché à expliquer à ses clients « d'où vient l'argent et où va-t-il ? ». Dans un petit livret baptisé « rapport coopératif », un grand schéma synthétise justement ces circuits. Un effort pédagogique qui séduit les clients : les particuliers ont atteint 220 626 en augmentation de 13,7% l'an dernier. Au total, en intégrant les 70 400 personnes morales (coopératives, mutuelles, associations principalement), le nombre de clients a grimpé de 7% en 2011.

Une banque atypique avec de bons résultats

En parallèle, le volume de dépôts à vue a progressé de 11,5% à 9,1 milliards d'euros, l'épargne de 24,6% et les dépôts à terme de 2,3% pour totaliser 13,6 milliards d'euros de resoources. « Plus de 70% des ressources totales de la banque sont utilisées pour octroyer des crédits à la clientèle ( ...). 61% des crédits concernent des organismes d'intérêt général et des entreprises de l'économie sociale et 10% des particuliers », explique le Crédit coopératif. L'encours des crédits à la clientèle a ainsi progressé de 12,9% à 10,02 milliards d'euros. Ils servent à financer les entreprises pour 53%, les associations et services d'intérêt général pour 37% et les particuliers pour 10%. 

Alors que les grandes banques du marché ont été confrontés l'an dernier à la crise de la dette grecque qui leur a coûté fort cher, à la nécessité de revoir le modèle de leur banque de financement à coup de suppression de postes et cessions d'actifs, le Crédit coopératif lui a confirmé son positionnement atypique. Son produit net bancaire a augmenté de 5,2% à 406,3 millions d'euros et son résultat net de 41% à 51,2 millions.

Un modèle à lui tout seul

La crise et les excès de la finance de marché ont certainement contribué au succès du Crédit coopératif dont le positionnement reste inégalé en France. Pourtant, le secteur bancaire français est majoritairement coopératif avec le Crédit agricole, le Crédit Mutuel, les Caisses d'épargne et les Banques populaires. Mais force est de constater que ce statut spécifique n'a pas suffi à freiner l'érosion de la confiance des Français et la dégradation de l'image des banques, comme le monte l'étude annuelle du Cabinet Deloitte.

Jean-Louis Bancel l'explique par le fait que les banques n'ont pas su miser sur cette spécificité contrairement aux mutuelles d'assurance dont l'image est selon lui meilleure aujourd'hui que celle des banques, mêmes coopératives. Une prise de conscience s'est cependant opérée ces dernières années dans tout le secteur mutualiste et coopératif. Ainsi au Crédit agricole, l'animation de la vie locale et du sociétariat est redevenue une priorité. La vente de parts sociales qui consiste à proposer aux sociétaires de devenir "co-propriétaires" de leur banque est ainsi systématisée depuis deux ans dans certaines régions.

Un capital détenu à 80% par les clients

Le capital du Crédit coopératif est détenu à 80% par ses clients qui sont donc ses sociétaires. Parmi eux,  25 000 sont des particuliers  mais ils n'ont aucun droit de vote, et  38 000 sont des personnes morales avec le droits de vote. car comme l'indique jean-Louis Bancel, « notre finalité est bien d'être le banquier des personnes morales" avant d'ajouter qu'en 2013, nous accueillerons cependant un deuxième administrateur individuel à notre conseil d'administration ». Il s'agit en effet de tenir compte de la forte augmentation de la clientèle de particuliers sans mettre à mal "l'équilibre politique" au sein de la banque.

Les 20% restants du capital sont détenus par Natixis (groupe BPCE) sous forme de certificats coopératifs d'investissement qui ne donnent pas de droit de vote. Le Crédit coopératif est en effet adossé depuis 2002 au groupe Banque Populaire et depuis la fusion des organes centraux de Banque populaire et Caisse d'épargne pour créer le groupe BPCE, le Crédit coopératif en est l'une des composantes du nouveau groupe. Il détient 1% du capital de BPCE. 

Revivifier les liens avec les sociétaires particuliers

Malgré l'absence de droits de vote pour les particuliers,  le Crédit coopératif  veut "donner une capacité d'influence et favoriser la démocratie particpative au sein de la banque". Il met en place des "Audiomaton" accessibles à l'occasion des Assemblées générales locales et dans les agences qui permettront aux clients d'enregistrer un message de 2 minutes maximum sur un projet associatif, solidaire ou social qui leur tient à coeur et pour lequel ils aimeraient que la banque intervienne. Certains messages seront reproduits sur le site internet rénové de la banque.

De plus, la banque étudie la mise en place d'un dispositif qui permette aux clients particuliers de choisir l'affectation de l'épargne à certaines thématiques de financement. "De ce point de vue, les particuliers auront une influence sur la manière de faire notre métier", estime le président du Crédit coopératif. Ils pourront décider, dans une certaine mesure, quels crédit financeront leur dépôts.

Acteur emblématique de la finance solidaire

Le Crédit coopératif n'est certes pas le seul à pratiquer la finance solidaire. Peu de banques aujourd'hui peuvent s'en dispenser. Il s'agit de répondre aux attntes d'une partie eds clients mais aussi de soigner son image. BNP Paribas vient ainsi de réaliser un guide "Transparence et responsabilité", accessible sur son site internet afin d'orienter ses clients vers les produits d'épargne "ayant un impact positif sur la société". La Société Générale a annoncé avoir versé plus d'1 million d'euros à plus de 50 associations partenaires notamment par le bais des cartes de collection caritatives (5 centimes versés à chaque paiement par l'un de ces cartes).

Le Crédit coopératif peut néanmoins revendiquer son statut de pionner dans ce domaine. Tous ses produits existent ainsi en version "classique" et en version "solidaire". Le Crédit coopératif est le 2eme collecteur d'épargne solidaire en France et ses produits solidaires ont généré 2,8 millions d'euros de dons au bénéfice de 52 associations et fondations partenaires ce qui est volume important au regard de sa taille. Il est aussi un acteur majeur du micro-crédit en France.

Parmi ses intiative récentes, la banque a mis en place en 2010 une quote part solidaire lors d'une émission obligataire : 10 000 euros ont été remis au CCFD-Terre Solidaire. Et en 2011, il a créé une contribution volontaire sur les transactions de change : la CVTC-Change solidaire. Qualifiée de "nouvelle forme de mécénat lié au volume d'activité" cette contribution a généré 82 000 euros versés au GERES pour un projet d'habitats solaires dans l'Himalaya indien.

Un développement international en Pologne et au Mali

Jean-Louis Bancel revendique "une certaine vision du monde" qui guide aussi l'action de la banque. Ainsi ses interventions à l'international sont plus le fruit de l'histoire comme en Pologne où le Crédit coopératif a accepté de prendre une partipation minoritaire dans SGB Bank, la banque fédérative de 40% des banques coopératives locales polonaises. La banque française y avait des liens ancien depuis qu'elle avait aidé à l'émergence d'une banque à parité avec l'Etat au moment de la chute du régime communiste, avant de sortir du capital quelque années plus tard.

Au Mali, le Crédit coopératif aide depuis plus de 20 ans une coopérative d'épargne dans la zone Sud du pays. Plus récemment, il a pris 20% de la Banque nationale du développement agricole (BNDA) avec laquelle il avait antérieurement un partenariat technique. 

 

 

 

 


 

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Commentaires 3
à écrit le 15/11/2012 à 10:53
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Une bonne alternative au système économique actuel...

à écrit le 12/04/2012 à 21:49
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journalistes de la Tribune, merci de relire votre article avant de le mettre en ligne.. 2 fautes de frappe.. sinon, bon article

à écrit le 12/04/2012 à 21:14
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Je suis client du Credit Cooperatif et c'est vraiment une banque formidable et le personnel est vraimen sympathique !

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