L'intersyndicale de Groupama s'en prend au conseil d'administration

Les salariés de Groupama avaient répondu présents à l'appel à la mobilisation de leurs syndicats ce jeudi. A cette occasion, ces derniers ont appelé à la démission du conseil d'administration.
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Jeudi 19 avril, les salariés de Groupama avaient répondu présents à l'appel à la grève et au rassemblement de leurs syndicats. Dans un tract commun, CFDT, CFE-CGC et CGT avaient battu le tambour de la mobilisation générale : "Nos emplois sont menacés ! Nos conditions de travail se dégradent. Notre pouvoir d'achat est amputé. [...] Pour défendre vos droits, mobilisez-vous !". A midi, devant le siège parisien de l'assureur rue d'Astorg, environ 150 à 200 personnes bloquaient la rue, agitant pancartes et drapeaux, et jouant du sifflet. Et d'autres salariés étaient également appelés à se mobiliser en région.

Démission ! démission !

On lit sur des panneaux : "Administrateurs : 1 750 000 euros de jetons de présence ; Salariés : zéro intéressement". Au mégaphone, les messages des différents représentants syndicaux se succèdent et sont repris en ch?ur par les salariés : "Collin ! Martel ! Des euros !", "Ils ont fauté, ils doivent payer !", "Non au licenciement, oui à la prime d'intéressement".
Et un syndicaliste de marteler : "Ceux qui nous ont plombés et qui s'en sortent bien aujourd'hui sont Jean Azéma et les membres du conseil d'administration. Mais Azéma n'est pas le seul coupable, les administrateurs ont validé toutes ses décisions !". En réponse, les salariés crient : "Démission ! Démission !". Car, au-delà de la demande de l'obtention d'une prime d'intéressement et de la préservation de leurs emplois, les salariés rassemblés avaient un autre leitmotiv : pointer du doigt la responsabilité du conseil d'administration dans les difficultés que traverse aujourd'hui Groupama et poser la question de leur éventuelle éviction. "Doit-on demander la démission des membres du conseil d'administration de Groupama SA pour que les choses changent ?", écrivait l'intersyndicale dans son appel au rassemblement.
Interrogées sur ce sujet, trois salariées non syndiquées venues manifester, affirment : "Il faut qu'ils partent ! Ils sont tous responsables."

Des engagements sur le maintien de l'emploi

La délégation syndicale a ensuite été reçue par la direction générale de Groupama. Selon les syndicats, la direction a pris des engagements sur le maintien de l'emploi, mais refuse l'octroi d'une prime exceptionnelle ou d'intéressement compte tenu de la situation actuelle, et n'a pas fait de commentaire sur l'appel à la démission du conseil d'administration. Sur le sujet de l'intéressement, la direction de Groupama explique qu'elle "a noté cette demande, qui sera prochainement examinée par le Conseil. Elle a proposé de modifier pour l'avenir les règles de liquidation de l'intéressement, afin de le lier davantage aux résultats techniques et moins aux résultats financiers du groupe ; les organisations syndicales ont accepté cette proposition, dont les modalités seront négociées dans les prochaines semaines." Concernant l'emploi, la direction indique que, "si le Groupe a engagé un effort substantiel de baisse de ses frais généraux, cela ne provoquera pas de plan de licenciement, car ce n'est pas la culture et les valeurs de Groupama."

Jamais une voix discordante depuis 10 ans

Le conseil d'administration de Groupama SA est composé des présidents ou présidents délégués des neuf caisses régionales de l'assureur, qui n'ont, à peu de choses près, pas bougé depuis le départ de Jean Azéma en octobre 2011, puisque seule Maria Frigara l'a intégré fin février 2012 en tant qu'administrateur représentant les salariés, et qu'aucun départ n'est à déplorer. Dans une lettre ouverte adressée aux administrateurs le 21 mars, la CGT dénonce "une situation qui ne peut s'expliquer par la seule action d'un dirigeant, de sa cour ou de la survenance d'une crise économique généralisée. C'est une responsabilité collective à laquelle nous sommes confrontés et dont il serait vain de chercher à s'exonérer". En décembre, le syndicat de Bernard Thibaut écrivait déjà que "Jean Azéma ne pouvait agir seul ; il a toujours eu l'aval et le soutien sans faille de tous les administrateurs de Groupama, et de Jean-Luc Baucherel, son président. Il suffit de consulter tous les comptes-rendus de conseil d'administration depuis 10 ans : jamais une voix discordante".
Fin novembre 2011, la CFDT indiquait quant à elle que le groupe avait été pénalisé par des "agissements isolés, hors de contrôle, de la tête de l'exécutif d'alors (d'où l'éviction du précédent capitaine) dans des prises de participations stratégiques et d'allocations d'actifs". Mais aussi par "un défaut de contrôle du conseil d'administration de Groupama SA dans la mise en ?uvre de la stratégie".

Plus de transparence

Interrogé lors de la conférence de presse des résultats au sujet de ces problèmes de gouvernance, Jean-Luc Baucherel avait répondu : "Il y a eu un manque de transparence de la direction générale vis-à-vis du conseil d'administration. Nous allons faire en sorte que cette transparence soit totale pour que le conseil d'administration prenne ses décisions en toute connaissance de cause". Et Thierry Martel, directeur général, avait ajouté : "Nous allons donner la priorité à la gestion du risque. Il y avait auparavant une vision trop segmentée et trop optimiste des risques. Il n'y avait pas de vision globale de l'accumulation des risques dans le bilan".
 

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Commentaires 3
à écrit le 24/04/2012 à 14:24
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Fuyez épargnants, la grenouille a voulu se faire plus grosse que le boeuf !

à écrit le 19/04/2012 à 22:58
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Effectivement on ne licencie toujours pas directement ( quoique ! ) mais on pousse plus moins "gentiment" à partir, surtout dans la catégorie des "vioques" ( ils ne sont pas encore anesthésiés ). Ainsi Groupama devient plus tendance, plus "jeun's", p...

à écrit le 19/04/2012 à 21:55
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La vraie façade du mutualisme... Triste...

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