La "révolution" manquée d'Aviva

Le groupe d'assurance britannique Aviva fait marche arrière. Son plan de transformation baptisé "quantum leap" (saut quantique) visant à intégrer les activités des pays européens dans le cadre d'une organisation transnationale est abandonné. L'échelon régional est supprimé et les dirigeants concernés quittent le groupe.
Andrew Moss, directeur général du groupe Aviva.

Le saut quantique est par définition un changement brutal. En octobre 2009, Aviva avait expliqué qu'il voulait intégrer les 12 activités séparées des 12 pays en Europe dans une organisation transnationale afin de "créer une distribution paneuropéenne". C'était le plan de transformation baptisé  "quantum leap" (saut quantique). Andrea Moneta avait été alors nommé à la tête de la région Aviva Europe pour mener à bien ce grand projet.

Deux ans et demi plus tard, nouveau saut quantique chez Aviva, mais à rebours cette fois. L'échelon régional est supprimé, non seulement en Europe mais dans le reste du monde aussi. Entre-temps Andréa Moneta avait quitté le groupe en janvier 2011 pour être remplacé par Igal Mayer, ancien patron de l'Amérique du Nord, dont le départ est à son tour annoncé ce jeudi 19 avril 2012.

L'échelon régional est supprimé

"J'annonce aujourd'hui une organisation plus simple et plus efficace qui permettra d'accélérer la mise en ?uvre de notre stratégie, de réaliser de nouveaux bénéfices opérationnels et de créer des opportunités de croissance rentable", a indiqué  Andrew Moss, directeur général du groupe Aviva, le jeudi 19 avril. La nouvelle organisation simplifiée comporte des lignes de reporting plus courtes entre les pays et les membres du Comité Exécutif du Groupe (CEG). Et au sein de ce comité, trois nouveaux membres dirigeants des marchés clés pour Aviva sont intronisés. Il s'agit de :
? David Barral : directeur général des activités vie d'Aviva au Royaume-Uni et en Irlande,
? David Mc Millan : directeur général des activités dommages d'Aviva au Royaume-Uni et en Irlande
? Philippe Maso y Guell Rivet : directeur général d'Aviva France.

Tous trois seront directement rattachés à Andrew Moss, directeur général du groupe Aviva. Quant au patron des Etat-Unis, Chris Littlefield lui aussi, il "rapportera directement à Andrew Moss". Alors qu'auparavant existait l'échelon régional "Amérique du Nord", qui s'intercalait entre les pays et la direction centrale.

Un patron "marchés développés" et un autre pour les "marchés à potentiel"

Plus qu' à la proximité géographique, la compagnie Aviva semble désormais accorder de l'importance à l'ampleur du chiffre d'affaires et au degré de maturité du marché comme critère de segmentation. Ainsi, un traitement à part est réservé aux pays qui fournissent au groupe l'essentiel de son activité et de son bénéfice à savoir le Royaume-Uni et l'Irlande, la France et les Etats-Unis qui gagnent en autonomie. Par ailleurs, deux groupes de pays sont distingués : celui des pays développés et celui des pays "à potentiel".

Trevor Matthews deviendra directeur exécutif de ces marchés développés. "Il présidera notamment les conseils d'administration des activités aux Royaume-Uni et en Irlande. Il sera également responsable des activités au Canada, en Italie et en Espagne", indique Aviva, prouvant par là même que le découpage régional est définitivement enterré.  Au sein de ces marchés de l'assurance jugés matures par la compagnie, "les objectifs fixés sont d'accroître la rentabilité en améliorant l'efficacité opérationnelle et en réalisant des économies d'échelle", précise le groupe. Trevor Matthews sera d'ailleurs chargé "de développer les capacités du groupe en matière de souscription, de tarification et de gestion des sinistres". Les zones et pays où le potentiel de croissance est rapide comme l'Asie, la Pologne, la Turquie et la Russie sont quant à eux placés sous la direction de Simon Machell.

Trois dirigeants, récemment arrivés, quittent le groupe

En parallèle trois dirigeants quittent Aviva : Igal Mayer, Alain Dromer et Richard Hoskins. Ce dernier avait rejoint le groupe en 2009 comme directeur financier de la région Amérique du Nord avant d'être nommé en janvier 2011 directeur général de cette région, en remplacement de Igal Mayer parti prendre la direction générale de la région Europe.

Quant à Alain Dromer, entré chez Aviva en 2007, il a fusionné les activités de gestion d'actifs du groupe en une  filiale unique, Aviva Investors, et développé l'activité pour compte de tiers. "Aviva va recruter un successeur à Alain Dromer qui sera rattaché à Pat Regan, directeur financier du groupe Aviva, pour mener la prochaine étape de développement d'Aviva Investors", explique le groupe.
 

Andrew Moss conduit une rationalisation dans la douleur

Ces nouveaux départs succèdent à plusieurs autres, notables. Parmi eux, le départ précipité, d'Andréa Moneta en janvier 2011. Ce patron de la région Europe a quitté le groupe après un "consentement mutuel", 18 mois à peine après sa nomination. Il faisait suite quelques mois auparavant au départ de Jean-Pierre Menanteau le patron d'Aviva France, certes pour des raisons personnelles et après un bilan beaucoup plus flatteur, mais 2 ans seulement après son arrivée dans le groupe. Force est de constater que la stratégie du "saut quantique" ne semble pas si facile à suivre pour le management.

Perçu comme l'homme de la rationalisation après une période intense de fusions-acquisitions conduite par son prédécesseur, Andrew Moss l'a mené à marche forcée. Il est arrivé à la tête du groupe Aviva à l'été 2006, après un parcours très financier (directeur financier chez HSBC, au Lloyd's puis chez Aviva à partir de 2004). Il a imposé la marque unique à l'ensemble des entités du groupe et  lancé le projet d'entreprise « One Aviva , twice the value » qui visait à doubler le bénéfice par action d'ici à 2012. Malgré la période de crise, Aviva estime avoir "atteint l'ensemble de ses objectifs opérationnels dont notamment une forte croissance de la performance".  Cela s'est cependant fait au prix de plusieurs milliers de suppressions d'emplois entre 2008 et 2011, dont environ deux cents annoncés fin 2011 concernant les personnels dédiés à la structure régionale européenne basée en Irlande. Le groupe se dit prêt, maintenant, à passer à "une nouvelle étape" .
 

 

 

 

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