Innovacom coupe le cordon avec France Télécom

La filiale de capital-risque de l'opérateur de téléphonie devient la propriété de ses dirigeants. L'indépendance vis-à-vis de France Télécom est nécessaire pour séduire les investisseurs industriels, qui prennent le relais des financiers dans le financement du capital-risque.
France Télécom reste investi dans Innovacom 5 et Innovacom 6, et participera à Technocom 2, le nouveau fonds d'Innovacom.Copyright Reuters

Innovacom s'émancipe. Les dirigeants de la société de capital-risque de France Télécom Orange, pionnière du « corporate venture » en France, vont reprendre 100% de son capital. Une prise d'indépendance qui « s'est faite en bonne intelligence avec France Télécom », assure Denis Champenois, président d'Innovacom. L'opérateur de téléphonie, qui avait créé Innovacom en 1988 afin de financer des start-up innovantes susceptibles d'enrichir son offre de services, demeure d'ailleurs investi dans Innovacom 5 et Innovacom 6, deux fonds que la société de capital-risque avait lancés, en 2003 puis en 2007. Et France Télécom va participer à Technocom 2, le tout nouveau fonds porté sur les fonds baptismaux par Innovacom, et qui ciblera de très jeunes sociétés françaises spécialisées dans les technologies numériques appliquées à la santé, l'énergie, la domotique, pour des tickets pouvant aller jusqu'à quatre millions d'euros.

Les industriels se substituent aux financiers dans le capital-risque

Pourquoi, au bout de 24 ans, Innovacom coupe-t-elle le cordon ombilical avec France Télécom ? « En tant que société de gestion, il était important pour Innovacom de prendre son indépendance vis-à-vis de France Télécom, car les industriels se substituent progressivement aux investisseurs financiers, dans le financement du capital-risque », explique Denis Champenois. Il n'y pas si longtemps, les investisseurs en capital-risque étaient essentiellement des sociétés de services financiers. Mais, contraints par leurs nouvelles réglementations en matière de fonds propres, les banques et les assureurs réduisent drastiquement leurs investissements dans le private equity en général, et dans le capital-risque en particulier. Des groupes industriels prennent le relais, comme Alstom et Schneider Electric, qui avaient lancé en janvier 2010 Aster Capital, un fonds de 70 millions d'euros destiné à financer de jeunes pousses innovantes dans l'énergie et l'environnement. Plus récemment, en novembre 2011, la SNCF, PSA, Total et Orange avaient donné naissance à Ecomobilité Ventures, un fonds de 30 millions d'euros dédié au financement de solutions de mobilité.

Alcatel-Lucent, Seb, Soitec investissent dans Technocom 2

Or, autant le fait d'être estampillé « France Télécom » ne pose pas de problème pour solliciter des fonds auprès de banques ou d'assureurs, autant cela devient handicapant pour séduire des investisseurs industriels, concurrents potentiels de l'opérateur, même indirectement. D'où le changement d'actionnariat d'Innovacom, qui, dans le cadre du lancement de Technocom 2, est ainsi parvenue à lever 32 millions d'euros auprès des groupes industriels Alcatel-Lucent, Seb, Soitec, ainsi que d'Orange et du Fonds national d'amorçage, géré par CDC Entreprises. « Le retour des industriels sollicités a été rapide et positif, alors qu'il est aujourd'hui difficile de trouver des fonds auprès des investisseurs financiers », insiste Denis Champenois. Qui estime d'ailleurs que « d'autres industriels pourraient éventuellement souscrire à Technocom 2 », puisque le « closing » du fonds n'interviendra qu'en juin.

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