Les caisses d'épargne, éternel maillon faible de la finance espagnole

Si le secteur bancaire dans son ensemble est regardé avec méfiance par les marchés, les inquiétudes se concentrent sur le cas de Bankia, résultat de la fusion de 7 caisses d'épargne, lestée par sa forte exposition à l'immobilier et sa faible rentabilité.
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Les banques espagnoles ne laissent pas d'inquiéter les marchés qui s'en sont massivement détournés une nouvelle fois le 2 mai. Signe de l'aggravation de la situation du secteur, l'agence de notation Standard & Poor's a dégradé lundi 30 avril la note de 11 entités espagnoles, en conséquence de la baisse de deux degrés de celle de la dette souveraine, à BBB+. Parallèlement au risque souverain, la récession et l'exposition à l'immobilier ont entraîné une hausse imparable des créances douteuses à 8,2% en février. Les banques comptent actuellement 184 milliards d'actifs immobiliers problématiques.

Les anciennes caisses d'épargne paient leurs excès passés

Pourtant, les banques qui figurent à l'IBEX 35, le principal indice boursier espagnol, présentent des niveaux de taux de créances douteuses nettement inférieurs. Ce sont en effet les entités de moindre taille, et notamment les anciennes caisses d'épargne, devenues banques sous l'impulsion de l'ancien gouvernement socialiste, qui posent problème. Des sept entités saisies par la Banque Centrale espagnole ces trois dernières années, six sont des caisses d'épargne. Elles payent les excès des années fastes, durant lesquelles elles ont prêté à tours de bras au secteur immobilier désormais en crise.

 Sous l'effet de différentes fusions et absorptions, leur nombre de passer de 45 à une quinzaine en trois ans. Il devrait encore baisser prochainement,  à la suite de la nouvelle régulation financière promue par le Gouvernement conservateur, qui cherche à éliminer les groupes les plus faibles afin de consolider le secteur. En cas de fusion, celle-ci propose en effet un allongement d'un an du délai (fixé à fin 2012) pour se plier au durcissement des règles de provisions sur les actifs immobiliers. A terme, l'Espagne pourrait compter une dizaine de groupes financiers et l'assainissement de l'ensemble du secteur équivaudra à 53 milliards d'euros d'après le superviseur.

 Bankia, un groupe énorme faiblement rentable
Les inquiétudes se concentrent toutefois principalement sur Bankia, issue de la fusion de sept caisses d'épargne et quatrième banque espagnole. « Bankia est un groupe énorme qui ne génère que 300 millions d'euros de bénéfice par an, c'est à dire, rien du tout ! », résume Nuria Álvarez, analyste chez Renta 4. Pour elle, l'exposition à l'immobilier ainsi que la faible rentabilité expliquent cette faiblesse. Les créances douteuses étaient 7,63% en décembre contre 5,5% un an avant. Les provisions imposées par la nouvelle régulation s'élèvent à 5,1 milliards d'euros, un niveau difficile à couvrir d'ici fin 2012 étant donné la faiblesse des résultats de l'entité qui ne dévoilera ses comptes trimestriels que mi-mai.

Jeudi 3 mai, le président de l'entité, Rodrigo Rato, réitérait pourtant que Bankia, grâce notamment à une politique de réduction des coûts et d'amélioration des marges, peut faire cavalier seul dans cette course à l'assainissement. Toutefois, Rato n'écarte plus complètement l'idée d'une fusion. « Bankia est trop grande pour se fusionner avec une autre grande banque et trop faible pour absorber une petite entité », nuance néanmoins Daniel Pingarrón, stratège chez IG Markets.Pour Álvarez, « Bankia devra compter sur sa capacité à générer des plus-values, car les autres portes pour assurer les provisions sont fermées »... Y compris celles d'une aide publique, car le Gouvernement veut éviter de creuser le déficit public. Mais nombre d'analystes estiment que l'Etat ne pourra éluder de nouveaux apports de fonds au secteur bancaire « pour éviter que les coûts de résolution (des banques les plus faibles, ndr) soient trop élevés pour que l'industrie puisse les supporter », a expliqué le FMI dans un rapport préliminaire rendu la semaine dernière.

 

 


 

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Commentaire 1
à écrit le 04/05/2012 à 1:39
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Et l'annonce de la "bad Bank" espagnole demain qui reprendra certaines de ces créances douteuses, a quelle décote ??

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