2005-2010 : Retour sur cinq années qui ont transformé le secteur de l'assurance

Pour poursuivre leur croissance et améliorer leur rentabilité, le positionnement des sociétés d'assurance a évolué. Quelles sont aujourd'hui les cibles de développement des compagnies ? Et quelles sont celles qui ont réussi à conserver leur niveau de rentabilité ?
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Le secteur de l?assurance fait sa mue. Les années 1990-2000 ont été marquées par une concentration des acteurs. La période suivante est quant à elle le théâtre de l?adaptation des "business models". Depuis 2005, poussés par des contingences économiques et la saturation de l?équipement des clients, en assurance vie pour les bancassureurs, et en assurance dommages pour les mutuelles sans intermédiaires, les sociétés d?assurance ont dû évoluer.

La bancassurance progresse peu en vie

Pour les bancassureurs (filiales d?assurance des banques), il n?est aujourd?hui plus question de tout miser sur l?assurance vie. Depuis maintenant plusieurs années, les Crédit Agricole Assurances, BNP Paribas Cardif et autres BPCE Assurances se sont engagés sur la voie de la distribution d?assurance auto et habitation. Des produits que les conseillers bancaires ont d?abord eu du mal à s?approprier, mais qui sont aujourd?hui indispensables à leur rentabilité comme à leur croissance. Selon le dernier baromètre "Croissance x Rentabilité" du cabinet Facts & Figures, les affaires directes des bancassureurs en assurance dommages ont crû de 7.5% entre 2005 et 2010, quand leur activité d?assurance vie n?a progressé que de 1.8%. Si les bancassureurs ont perdu des parts de marché en assurance vie et ont été en chercher sur le terrain des assureurs traditionnels en assurance dommages, il n?en reste pas moins qu?ils réalisent encore 84% de leur activité en assurance vie.

Repositionnement sur l?épargne pour les MSI

A l?inverse, les mutuelles sans intermédiaires (MSI) comme Macif, Maif, Maaf, GMF ou Matmut, historiquement positionnées sur les marchés très concurrentiels de l?assurance auto et habitation, se sont lancées en assurance vie. Entre 2005 et 2010, leurs affaires directes en épargne-vie ont ainsi augmenté de 8%. Et cette activité représente aujourd?hui 33.2% de leurs portefeuilles, contre 28.3% en 2005.
A contrario, la part de l?assurance dommages dans leur activité diminue (de 59.6% en 2005 à 51.9% en 2010). A titre d?exemple, le poids de l?assurance dommages dans l?activité de Matmut a baissé de près de 15 points, quand celui de l?assurance vie a augmenté de 14.3 points. Facts & Figures rend également compte d?une baisse de 12 points de l?activité d?assurance IARD de GMF, à mettre en regard d?une hausse de 12 points de son activité d?épargne.

Croissance molle pour les agents généraux

Pour les assureurs traditionnels comme Axa, Allianz ou Generali, qui distribuent leurs produits en particulier via des réseaux d?agents généraux, la rentabilité est au rendez-vous, avec un ROE moyen de 13.6% entre 2005 et 2010 supérieur aux autres distributeurs, mais la croissance est plutôt molle. Axa figure d?ailleurs comme le champion de la rentabilité, avec un ROE moyen qui atteint 18.9% entre 2005 et 2010 (voir les classements ci-dessous).
"Les agents généraux génèrent un business rentable en termes de résultats techniques, mais l?érosion de leurs portefeuilles entraîne une baisse de leurs parts de marché", explique Cyrille Chartier-Kastler, président de Facts & Figures.
Le taux de croissance des affaires directes des agents généraux sur la période s?élève à 2.2%.

Santé et prévoyance : l?eldorado

Tous les distributeurs d?assurance ont néanmoins un point commun : leur développement sur le marché de la santé et de la prévoyance. Un véritable "eldorado" : "c?est là où se trouvent la croissance et beaucoup de marges", estime Cyrille Chartier-Kastler.
Tous se sont engouffrés dans la brèche, si bien que la santé/prévoyance est la composante du produit net d?assurance qui a connu la plus forte croissance selon Facts & Figures, ce, pour tous les acteurs : +10.7% pour les bancassureurs, +9% pour les MSI, +4.7% pour les groupes traditionnels. Les groupes qui ont le plus poussé cette activité sont Société Générale (+26%), Macif (+22.5%) et Crédit Agricole (+21.7%).
Cyrille Chartier-Kastler reste cependant prudent quant à la pérennité de la dynamique de cette activité : "En santé, on ne pourra plus faire supporter aux clients des hausses de 5 à 7% par an. Ca n?est pas réaliste. Soit nous allons assister à une réduction de la couverture des assurés, soit à une baisse des marges des assureurs, qui n?augmenteront plus autant leurs tarifs. Et pour la prévoyance décès ou la dépendance, le pouvoir d?achat ne pourra pas forcément suivre".

La percée des partenariats

Alors que les partenariats de distribution commençaient tout juste à émerger en 2005, ils sont aujourd?hui un élément clé de la croissance des assureurs. Ce mode de commercialisation croît sur tous les segments de marché depuis 2005 : +8.7% en dommages, + 9.6% en assurance vie et +11.9% en santé et prévoyance.
En assurance vie, la distribution de contrats trouve preneurs auprès de plateformes ou groupements de conseillers en gestion de patrimoine, de banques privées ou de banques en ligne. "Les partenariats sont le meilleur moyen d?aller chercher de la croissance en assurance vie, et devraient continuer à se développer, car de nombreux acteurs hors assurance cherchent à élargir leurs gammes de produits", souligne Cyrille Chartier-Kastler.
Et en assurance dommages, les compagnies multiplient les initiatives : présence sur les comparateurs sur Internet, partenariats avec des courtiers grossistes, des concessions automobiles ou la grande distribution.
Quant à la vente directe d?assurance dommages (par téléphone ou Internet) n?en est encore qu?à ses débuts, avec un taux de croissance de 3.6% entre 2005 et 2010.
 

Classement des 10 premiers groupes d'assurance en 2010 (selon le produit net d'assurance en millions d'euros)
1. Axa France (18 249 M?)
2. Groupama France (11 820 M?)
3. Groupe Covéa (Maaf, MMA, GMF) (9 370 M?)
4. Crédit Agricole France (8 254 M?)
5. CNP France (8 074 M?)
6. Allianz France (7 878 M?)
7. Generali France (6 143 M?)
8. BNP Paribas Cardif France (5 628 M?)
9. Crédit Mutuel (5 178 M?)
10. Société Générale France (3 870 M?)
Source: Facts & Figures

 

Classement des bancassureurs selon leur ROE comptable moyen entre 2005 et 2010
1. BNP Paribas (14.2%)
2. Crédit Mutuel (11.9%)
3. CNP (11%)
4. HSBC (10.9%)
5. BPCE (10.5%)
6. Crédit Agricole (9.5%)
7. Société Générale (7.9%)
ROE moyen bancassureurs : 10.8%
Source Facts & Figures

 

Classement des mutuelles sans intermédiaires selon leur ROE comptable moyen entre 2005 et 2010
1. GMF (10.4%)
2. Maaf (9.6%)
3. SMA BTP (7.8%)
4. Matmut (5.1%)
5. MACSF (5%)
6. Maif (4.4%)
7. Macif (4.2%)
ROE moyen MSI : 5.9%
Source Facts & Figures

 

Classement des groupes traditionnels selon leur ROE comptable moyen entre 2005 et 2010
1. Axa France (18.9%)
2. Generali France (13.8%)
3. Allianz France (13.6%)
4. Aviva France (12.7%)
5. Swiss Life France (6.1%)
6. Azur MMA (4.9%)
ROE moyen groupes traditionnels : 13.4%
Source Facts & Figures


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