Union bancaire : que vont devenir les petites banques allemandes ?

Le projet d'Union bancaire rencontre des résistances en Allemagne où les petites caisses d'épargne craignent pour leur survie.
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Le projet de la Commission européenne sur l'union bancaire soulève des oppositions en Allemagne. Cette réforme structurelle du secteur bancaire  est pourtant jugée par la plupart des pays de la zone euro, à commencer par la France, comme primordiale après cinq ans de crise financière et près de trois ans de crise de la dette. "Il faut qu'elle se fasse", affirme Chris Wheeler, analyste chez Mediobanca à Londres. "Sans l'union bancaire, il n'y a pas d'Union européenne: c'est un pan essentiel de l'union monétaire et budgétaire". Mais la réserve principale porte sur la capacité de la BCE à superviser 6.000 établissements.

L'Allemagne, soucieuse de conserver la surveillance de ses Landesbanken, fait valoir que la tâche serait trop importante pour une seule autorité de régulation, et craint accessoirement de devoir mettre la main à la poche pour aider des banques en difficulté dans d'autres pays. Quant aux pays de l'Union européenne qui ne font pas partie de la zone euro, ils voient d'un mauvais oeil l'octroi à la BCE d'un droit de regard sur leurs banques qui opèrent dans la zone.

Une supervision limitée mais qui inquiète les petites banques

Dans le projet de José Manuel Barroso, la BCE n'exercera pas une supervision au jour le jour, qui restera confiée à des régulateurs nationaux et locaux. Elle ne fixera même pas les règles, qui resteront définies par l'Autorité bancaire européenne, basée à Londres. Cette dernière produira désormais un corpus unique de règles qui s'appliqueront à toutes les banques de l'Union européenne, et dont la BCE surveillera le respect dans les 17 pays de la zone euro, avec un pouvoir fort d'intervention dans les situations extrêmes.

Cela ne rassure pas Sparkasse Bad Sachsa, dont le siège n'est pourtant qu'à un peu plus de 200 km de la tour de la BCE à Francfort. "Qui décidera ce qu'est une situation extrême?", demande Ralf Müller, dont la banque ne compte que 5.500 clients. "Actuellement, nous sommes supervisés par des responsables de la Bundesbank basés à Hanovre. Ils connaissent bien la région et le fonctionnement des banques ici. Ils savent qu'on ne ferme pas même si on est dans une période de vaches maigres".

Et puis, la contribution demandée à tous les établissements pour financer le nouveau système de supervision a du mal à passer. "A mes yeux, une petite caisse d'épargne comme la nôtre n'a pas à participer au sauvetage d'une grosse banque qui aurait pris des risques inconsidérés sur les marchés", conclut-il. Les 46 employés de la caisse d'épargne de la petite cité touristique de Bad Sachsa, au pied du Harz, s'inquiètent donc des nouveaux pouvoirs de supervision dont la Banque centrale européenne pourrait user dès l'an prochain.

Que deviendra la Sparkasse Bad Sachsa

Sparkasse Bad Sachsa sera l'une des plus petites des 6.000 banques que la BCE aura sous sa supervision dans le cadre du projet d'union bancaire dévoilé la semaine dernière par la Commission européenne. "Nous craignons que l'approche régionale qui est la nôtre ici - nous n'avons pas d'objectifs de rentabilité de 20-25% - ne soit plus acceptée", explique un de ses administrateurs, Ralf Müller. "Les régulateurs peu au fait des particularités régionales jugeront notre surface financière insuffisante et nous mettront dans le même sac que d'autres établissements qui, eux, ont de véritables problèmes".

Les réserves de Sparkasse Bad Sachsa reflètent le désaccord entre Berlin et Bruxelles sur la portée de l'union bancaire. "D'un simple point de vue pratique, il semble impossible pour la BCE de surveiller correctement 6.000 banques", a réagi le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, après la présentation du plan par le président de la Commission européenne José Manuel Barroso.

Il va falloir trouver un terrain d'entente car l'union bancaire est considérée comme nécessaire au règlement de la crise de la dette dans la zone euro. Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer en est en tout cas convaincu comme il l'a indiqué dans un entretien publié dans le journal les Echos. Selon lui, il faut absolument découpler le risque souverain, du risque bancaire et à ce titre "l'union bancaire européenne est le gage d'une union monétaire plus solide".

 

 

 

 


 

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Commentaires 2
à écrit le 18/09/2012 à 23:28
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Les petites banques allemandes se regrouperont comme ailleurs.

à écrit le 18/09/2012 à 14:10
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Merkel se met au travail avec ces banques , sans le soutien de la BCE , comme pour les grecs , les allemandes vont se serrer la ceinture , chacun à son tour , CQFD.

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