L'emprunt obligataire groupé pour les PME débute pianissimo

Pour la première fois, une quinzaine d'entreprises de taille intermédiaire non notées ont collecté des fonds en émettant des obligations communes à travers le fonds Micado France 2018. Les montants réunis sont pour le moment inférieurs aux attentes.

La naissance a été laborieuse. Le fonds Micado devait permettre de collecter 300 millions, pour l'heure seulement 60 millions ont été réunis. Une vingtaine de PME cotées d'une capitalisation échelonnées entre 30 millions et 1 milliard d'euros, devaient y participer mais à peine une quinzaine seraient toujours à bord. Concrètement, ce fonds baptisé Micado France 2018 permet aux sociétés participantes cotées mais non notées (en raison de leur taille) d'émettre des obligations souscrites en placement privé directement par des institutionnels.

Le seul fait que cette opération se réalise est, en soi, un succès. Son caractère inédit et l'hétérogénéité des entreprises participantes, en termes de taille et de secteurs d'activités, posaient de multiples problèmes pour établir le taux de rémunération et les investisseurs manifestaient une certaine réticence.

Des entreprises cotées mais non notées

Parmi les sociétés qui s'étaient déclarées intéressées en mars 2012 pour participer au fonds Micado, l'éventail est en effet large. On y trouve Quantel (laser et produits médicaux), Manitou (machines, outils), Homair Vacances (camping, mobile-homes), le groupe Gorgé (robotique, protection nucléaire, etc), Orapi (hygiène et nettoyage), Solucom (conseil en système d'information), Delta Plus (casques et équipement de protection individuelle) ou encore Avanquest Software (logiciels).

"Nous ne pourrons confirmer les noms qu'au fur et à mesure des émissions; celles-ci étant des opérations de marché, peuvent toujours être remises en cause", indique Thierry Sebton, managing partner d'Accola. Cette société de services financiers a en effet conçu l'opération en collaboration avec Middlenext et Investeam, la gestion du fonds étant confiée à Potzamparc.

Se grouper pour accéder à un financement obligataire

Malgré leur besoin de trouver des financements alternatifs au crédit bancaire, aucune de ces entreprises prises individuellement n'était susceptible d'émettre un volume suffisant d'obligations pour monter seule une opération. Et jusqu'à présent les PME prêtes pour une émission en placement privé (directement auprès des investisseurs, sans passer par le marché) devaient se tourner vers les Etats-Unis ou vers l'Allemagne.

Mais pour la première fois, une entreprise a réussi une émission obligataire en placement privé en France le 10 septembre dernier. Bonduelle, le spécialiste des légumes en conserve et surgelés, a en effet pu faire cavalier seul avec une émission de 145 millions d'euros, notamment pour financer ses acquisitions récentes. S'il est l'unique exemple à ce jour, la banque initiatrice de l'opération Crédit Agricole CIB ne cache pas avoir beaucoup de demandes de la part d'entreprises de taille intermédiaire.

Groupées, les entreprises du fonds Micado imaginaient monter jusqu'à 300 millions de collecte, leurs ambitions sont pour l'instant revues à la baisse mais elles pourraient dépasser les 60 millions annoncés.

La souscription ouverte jusqu'à fin octobre

"Les 60 millions sont un démarrage, pas une fin", explique Thierry Sebton. La souscription est encore ouverte jusqu'à fin octobre. Il est donc possible pour les investisseurs (en particulier assureurs et fonds de pension) de venir frapper à la porte. Une dizaine de sociétés auraient déjà accepté de souscrire des parts de ce fonds Micado parmi elles, la mutuelle spécialisée en assurance construction l'Auxiliaire, l'assureur de personnes Prévoir, la mutuelle spécialisée dans la gestion de fonds de retraite UMR, le réassureur public CCR et la banque BNP Paribas. La rémunération nette annuelle pour les investisseurs estimée à 5,25% sur six ans est à un niveau attractif.

 

 

 

 

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Commentaires 2
à écrit le 24/09/2012 à 16:37
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Bonduelle n'est pas une PME, c'est une ETI. Le développement des PME et des Start Up passera par la création d'une législation ad hoc qui permette aux investisseurs de proximité d'accéder directement aux PME via une holding ad hoc crée par ces PME ou...

le 22/10/2012 à 9:27
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Tous vos trucs ad hoc plus des machins fiscaux, c'est très compliqué. Si les PMEs et autres ETIs veulent fabriquer des obligs pour échapper aux banquiers, restons simples : des émissions classiques du genre nominal 1 000? taux fixe à dix ans ou cinq ...

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