Fusions-acquisitions : quand les entreprises se passent des banques d'affaires

Près d'un tiers des fusions et acquisitions réalisées en Europe et aux Etats-Unis, au cours des neuf premiers mois de 2012, ont été conduites sans l'aide de banques-conseils, selon le cabinet Freeman Consulting.
Les revenus tirés par les grandes banques d'affaires mondiales de leur activité de conseil ont chuté de 48%, au cours des neuf premiers mois de 2012, selon Bloomberg. Copyright Reuters

L'année 2012 devrait décidément être un très mauvais cru pour les banques d'affaires. Non seulement le marché mondial des fusions et acquisitions a chuté de 17%, au cours des neuf premiers mois, à 1,58 milliard de dollars selon Thomson Reuters, mais, de plus, nombre d'entreprises ont choisi de se passer de banques-conseil pour mener à bien leurs rares opérations de croissance externe ou de cessions d'actifs.
Mesures d'économies obligent, près d'un tiers des M&A (mergers and acquisitions) réalisées en Europe et aux Etats-Unis, au cours des trois premiers trimestres, ont été conduites par les équipes de fusions et acquisitions internes des entreprises, selon le cabinet new-yorkais Freeman Consulting. Jamais, depuis 2004, les groupes européens n'avaient eu aussi peu recours aux banques d'affaires. Pis, aux Etats-Unis, c'est du jamais vu depuis 2003.

55,5 millions de dollars de commissions «théoriques»

Ainsi, lorsque BP a cédé plusieurs champs du Golfe du Mexique à Plains Exploration & Production, en septembre, le groupe pétrolier britannique s'est débrouillé tout seul, avec une trentaine de collaborateurs internes. Dommage pour les banques d'affaires, qui, sur la base d'une transaction de 5,55 milliards de dollars, auraient pu empocher jusqu'à 55,5 millions de dollars de commissions, estime Freeman Consulting. Quelques mois plus tôt, c'est le conglomérat allemand Siemens qui avait décidé de travailler sans l'aide de banques-conseils sur le rachat des groupes néerlandais NEM et Nem Energy Services. Privant ainsi les banques d'affaires potentielles de près de 3 millions d'euros de «fees» (commissions), selon les calculs de Freeman Consulting.

Des revenus en chute de 48% au cours des neuf premiers mois

Conséquence, les revenus tirés par les grandes banques d'affaires mondiales de leur activité de conseil ont plongé de 48%, au cours des neuf premiers mois, à 6,48 milliards de dollars, d'après les données de l'agence Bloomberg. Mais lorsque le temps des méga-fusions et acquisitions sera revenu, la donne changera, affirme l'un des responsables des M&A d'une grande banque française: «Quand il s'agit d'opérations très stratégiques, les entreprises font appel à des banques d'affaires car elles ont besoin d'un ?il extérieur et de compétences qui leur font défaut, notamment pour analyser la profondeur du marché dans le cadre d'une introduction en Bourse ou pour évaluer la capacité de financement d'un acquéreur potentiel.»
De fait, si BP s'est passé des services de banques-conseil dans le dossier Plains Exploration & Production, le groupe a revanche préféré s'entourer de Morgan Stanley, Goldman Sachs et UBS, entre autres, pour céder sa participation de 50% dans TNK-BP au russe Rosneft. Il est vrai que cette opération se monte à près de 30 milliards de dollars...

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Commentaire 1
à écrit le 28/11/2012 à 18:07
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Les banquiers "conseils" 1) ont fait de multiples opérations ratées dans un passé récent 2) Ne pensent parfois qu'à leur intérêt personnel et pas à celui de leurs clients 3) sont largement surpayés par rapport au service rendu.

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