Et si le rachat de Dell marquait le retour des méga-LBO...

D'une valeur de 22 milliards de dollars, le leverage buy-out (acquisition par endettement) sur le fabricant de PC est le plus important depuis 2007. Les fonds de LBO disposent de près de 400 milliards de dollars de capitaux levés mais non encore investis.
Le LBO sur Dell est le plus gros depuis 2007. Copyright Reuters

22 milliards de dollars. C'est la valeur d'entreprise (capitalisation boursière plus dettes nettes) à laquelle le fabricant de PC Dell va être racheté, par son fondateur Michael Dell et par Silver Lake, un fonds américain de LBO (Leverage Buy-Out : acquisition par endettement.) Du jamais vu dans l'univers du capital-investissement, depuis le LBO de 26 milliards de dollars monté par le fonds Blackstone sur le groupe hôtelier Hilton, en 2007. Cette année-là, au cours de laquelle s'était déclenchée la crise des «subprimes» (crédits hypothécaires américains risqués), avait sonné le glas des méga-LBO, les vannes du crédit s'étant brusquement refermées. Le rachat de Dell sonnerait-il le retour des années 2005-2007, période d'euphorie pour les LBO?

Le marché du crédit s'est rouvert

Les analystes de Morningstar prédisent en tout cas une «accélération» de ces opérations à effet de levier, en 2013. Et ce, pour plusieurs raisons. D'abord, le marché du crédit -le nerf de la guerre dans les LBO- s'est rouvert, depuis plusieurs mois. Tant du côté des banques que de celui des obligations «high yield» (à haut rendement). «Les banques montrent un appétit grandissant pour le financement des LBO, non seulement parce qu'elles ont assaini leurs bilans, mais également parce qu'elles doivent redresser leurs marges», expliquent les experts de Morningstar.
Quant aux marchés de capitaux, «ils se sont largement stabilisés, si bien que le financement sur les marchés s'est rouvert, et plus seulement pour de courtes fenêtres de tir», indiquent Christian de Haaij et Pierre Hudry, co-directeurs des activités de banque d'affaires de Goldman Sachs en France, en Belgique et au Luxembourg. Et non seulement le crédit est là, mais, de plus, il est très bon marché, avec des taux qui frôlent leurs plus bas niveaux historiques.

Les vendeurs répondent présents

Ensuite, la remontée des marchés actions, depuis l'été 2012, débouche sur des valorisations «suffisantes pour que les conseils d'administration n'aient pas le sentiment de vendre les sociétés pour une bouchée de pain», estime Morningstar. Depuis septembre 2011, la volatilité de la Bourse rendait très complexe la valorisation des entreprises et amplifiait l'écart entre les exigences des acquéreurs et celles des vendeurs. Des vendeurs, précisément, il n'en manque pas, notamment «parce que la plupart des sociétés se sont attelées à céder des actifs pour se désendetter», expliquent Christian de Haaij et Pierre Hudry, chez Goldman Sachs.

Une «dry powder» de 357,9 milliards de dollars

Enfin, si le marché des gros LBO est susceptible de se rouvrir, au cours des prochains mois, c'est également parce que les fonds ont énormément d'argent à investir. 357,9 milliards de dollars très exactement, à l'échelle mondiale, selon Preqin. Cette somme, appelée «dry powder», correspond à l'argent levé par les fonds -souvent au cours des années fastes de 2005 à 2007-, mais que ceux-ci n'ont pas encore investi, en raison des incertitudes macro-économiques, entre autres. Le problème, c'est que les fonds de LBO ont en moyenne cinq ans pour placer les capitaux levés auprès d'investisseurs. Faute de quoi ils devront rendre leur argent à ces derniers. Il y a donc aujourd'hui pour eux urgence à investir.

Dell, un cas assez particulier

L'année 2012 avaient d'ailleurs été encourageante, pour le marché des LBO. Tout au moins aux Etats-Unis, avec des transactions d'une valeur totale de 152,3 milliards de dollars, un montant jamais vu depuis la chute de Lehman Brothers, en 2008, selon Preqin. Reste qu'un méga-LBO comme celui de Dell tient à «beaucoup de facteurs très spécifiques», nuance Stephen Schwarzman, président du fonds Blackstone, dans un entretien à Bloomberg TV. A commencer par la fortune de Michael Dell, qui s'élève à 13,7 milliards de dollars et permet au fondateur du groupe éponyme de mettre beaucoup de cash dans l'opération.
 

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Commentaires 3
à écrit le 06/02/2013 à 17:50
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Ces possibilités se présentent au moment où les banques ont les ailes coupées, au moins sur ce marché. Les Hedge Funds ont donc une large marge de man?uvre, et vont pouvoir s'offrir des entreprises sans trop de concurrence.

le 06/02/2013 à 23:00
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Les banques n'achètent pas d'entreprises, ni les hedge funds d'ailleurs... On parle de private equity dans cet article il me semble.

le 07/02/2013 à 11:41
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Le but est justement de ne plus etre cote en bourse. Petites explications simple la Bourse au depart permettait a des investisseurs d achete des "action" (action= titre de propriete d'une part de l entreprise), donc de toucher un loyer appele dividen...

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