Transférer en douceur 100 milliards vers les entreprises, vraisemblable ?

Le rapport Berger-Lefebvre préconise le transfert de 100 milliards d'épargne vers les entreprises, sur cinq ans. Les mesures préconisées sont toutefois bien timides, en regard de cet objectif
Karine Berger, députée des Hautes Alpes (PS) Copyright Reuters

 


Il faut transférer, sur cinq ans, une centaine de milliards d'euros d'épargne financière vers le financement des entreprises (dont un quart en direction des PME et ETI). Tel est l'objectif que se fixe le rapport des députés socialistes Karine Berger et Dominique Lefebvre, remis ce mardi au ministre de l'Economie et à celui du Budget. Le chiffre a de quoi frapper. Mais il faut le relativiser. Il s'agit seulement de déplacer 20 à 25 milliards d'euros par an, sur un stock total d'épargne financière atteignant 3.600 milliards.
Aussi les députés s'abstiennent-ils de préconiser un bouleversement du paysage de l'épargne. Ils soulignent tout d'abord que leur objectif n'est en aucun cas d'inciter les Français à épargner plus. « Il serait au demeurant tout à fait inapproprié, dans le contexte de croissance faible que nous connaissons en France et en Europe et eu égard à la situation des finances publiques, de peser davantage sur la demande intérieure en développant de nouveaux produits et de nouvelles incitations fiscales visant à relever le niveau d'épargne des français » écrivent-ils.

Quasi stabilité fiscale pour l'assurance-vie
Comment parvenir à déplacer ces 100 milliards, en cinq ans? Notamment en réorientant les sommes investies en assurance-vie, qui représente 40% de ce stock d'épargne financière. Non pas en changeant les règles de ce placement préféré des Français, jusqu'à ces derniers mois. C'est la stabilité fiscale qui est préconisée, avec le maintien d'un prélèvement fiscal forfaitaire avantageux sur les revenus accumulés, limité à 7,5%, (plus 15,5% de prélèvements sociaux) huit ans après l'ouverture du contrat. La prudence s'impose, donc... Seul  changement suggéré: que les revenus liés à des sorties de contrats d'assurance vie ouverts depuis moins de quatre ans soient soumis au barème de l'impôt sur le revenu. Ils sont déjà taxés à 35%...

Un nouveau contrat, "l'Euro-croissance" et moins de contraintes pour les transferts

Ce que les députés préconisent, c'est simplement d'assouplir les contraintes des assureurs, afin qu'ils puissent envisager « une allocation plus dynamique de leurs actifs ». Une allocation sous forme d'actions, notamment, qui assurerait un rendement plus élevé des contrats. La principale contrainte à lever serait celle de la garantie constante en capital, associée aux fonds dits en euros, qui représentent aujourd'hui l'écrasante majorité (pas loin de 90%) des contrats d'assurance vie. Ainsi, Karine Berger et Dominique Lefebvre suggèrent-ils la le lancement de contrats dénommés « Euro-croissance », au capital garanti seulement au terme du contrat. Ce type de dispositif existe déjà, mais les contrats en euros ne peuvent pas y être déversés. Ce serait au contraire le cas avec les « Euro-croissance » : l'assurance vie en euros pourrait y être transférée sans perte de l'antériorité fiscale. Une carotte qui devrait permettre d'orienter une vingtaine de milliards vers les entreprises, estiment les députés.

Les contrats de plus de 500.000 euros réorientés, sous peine de taxation
La seule contrainte forte que ceux-ci veulent imposer, c'est celle concernant les gros contrats, ceux de plus de 500.000 euros sont détenus seulement par les 1% de ménages les plus riches, insistent les auteurs du rapport. Pour continuer de bénéficier de l'avantage fiscal, les contrats en euros devraient être transférés vers les « Euro-croissance » ou d'autres contrats en unités de compte. Avec cette seule contrainte, les auteurs du rapport pensent pouvoir déplacer 50 milliards d'euros quatre à cinq ans, une part significative pouvant être « dirigée vers les obligations d'entreprises ».

Une véritable obligation d'investissement à long terme
Par ailleurs, les élus veulent faire de l'assurance vie un placement véritablement à long terme. Aussi préconisent-ils, comme attendu, de faire en sorte que les sommes investies le soient obligatoirement pour plusieurs années. Aujourd'hui, les retraits sont très faciles : c'est « un support assez liquide dans la mesure où l'assuré à un droit de rachat permanent que l'assureur doit honorer dans un délai d'un mois » . Car, d'un point de vue fiscal, seule compte la date d'ouverture du contrat. Huit ans après cette ouverture, même si les sommes placées ne l'ont été que quelques années, elles bénéficient du régime fiscal favorable. Sans dire les moyens qui seraient employés, les députés veulent remettre en cause cette pratique. Ils suggèrent que ce soit la date d'investissement qui soit prise en compte pour le calcul du délai de huit ans, et non celle de l'ouverture du contrat. Cette nouvelle règle ne s'appliquerait qu'aux nouveaux contrats.

Les investisseur institutionnels à la rescousse

Les députés voudraient que les investisseurs institutionnels retrouvent le chemin du capital investissement. En confiant 2% de leurs encours à ce secteur, ce seraient 3 à 4 milliards par an supplémentaires qui pourraient bénéficier aux entreprises. Soit un peu moins d'une vingtaine de milliards sur cinq ans.

Pas de changement en vue pour l'épargne règlementée
Du côté de l'épargne réglementée (Livret A, Livret de développement durable), les députés recommandent de maintenir la défiscalisation des produits et d'aller au terme du doublement promis du plafond du Livret A, relevé de 50% pour le moment par le gouvernement.

 


 

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Commentaires 28
à écrit le 03/04/2013 à 14:56
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Malheureux politiques qui ne comprennent rien à rien! Ils ont fait fuir les capitaux ,les sièges sociaux, les riches et moins riches salaries avec contrats de travail offshore avec une politique fiscale instable au fil des années et de plus en plu...

à écrit le 03/04/2013 à 12:54
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Très bonne initiative. Les banques ne prêtant plus aux PME et préférant jouer au casino, il faut bien que l'Etat prenne les devants. Ré-orienter l'épargne surabondante et dormante vers des investissements porteurs d'avenir, voilà l'enjeu. Ceux qui pa...

à écrit le 03/04/2013 à 1:24
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Euro-croissance...pourquoi pas FRANCE croissance ??

à écrit le 02/04/2013 à 22:51
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Les banques ne veulent pas risquer leur argent dans les PME-ETI. Qu'à cela ne tienne, on va demander à la veuve de Carpentras de risquer le sien.

le 03/04/2013 à 6:49
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La veuve de carpentras a plus de 500 000 euros dans une assurance vie ? Ah bon, le français moyen a tellement d'argent ? Dernières nouvelles...

le 03/04/2013 à 10:34
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On commence à 500 000 euros et cela fera comme le reste, 200 000 puis 100 000... Les gens qui ont cet argent sur des contrats d AV ne l'ont pas volé ni planqué en Suisse. Ils épargnent pour s'assurer une retraite qu'ils n'auront pas. Alors nos politi...

le 03/04/2013 à 10:45
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Les PME-PMI n'ont pas soif d'investissement, les banques sont réticentes sur la tréso c'est un autre sujet. On ne fait pas boire un âne qui n'a pas soif. La seule façon de relancer l'investissement c'est de libérer le marché du travail et d'alleger l...

le 03/04/2013 à 11:52
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L'état est ruiné car il a emprunté aux banques pour recruter plus de fonctionnaires...voilà c'est tout...

à écrit le 02/04/2013 à 20:22
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Encore de nouvelles initiatives spoliatrices de nos amis socialistes qui font en la matière preuve d'une imagination sans limite. Je les encourage à accélérer encore le rhytme et à interdire le propriété privée puisque toutes leus actions récentes te...

le 02/04/2013 à 22:46
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Pourquoi voulez vous que les socialistes interdisent la propriété privée puisqu'ils sont eux aussi propriétaires c'est un non sens ce que vous dites ......

le 03/04/2013 à 10:47
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Les politiques sont davantage des rentiers que des propriétaires. Au terme d'un simple mandat soit 5 ans un député touche 1200 euros (presque autant que la retraite médiane d'un salarié qui a travaillé 40 ans) Pour un second mandant, il touche le dou...

à écrit le 02/04/2013 à 19:54
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Tien cela tombe bien.L'affaire Cahuzac arrive à son denouement .Un compte en Suisse houa ? Mais au fait qui sait que posseder un compte en Suisse ou ailleurs est parfaitement légal? Il faut en premier lieu que l'argent placé ait été declaré et que de...

le 03/04/2013 à 5:10
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vous oubliez un détail:les banques françaises sont les plus sures du monde,alors pourquoi risquer ses économies dans des paradis fiscaux tels que la suisse et le luxembourg?

à écrit le 02/04/2013 à 19:27
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Etonnant les commentaires !Les gens ne savent meme pas que dans un couple (ou seul) on peut avoir autant de contrats d'assurances vie que l'on veut ,contrairement au livret A ou un seul est autorisé par personne;Donc si vous avez un seul contrat d'as...

le 03/04/2013 à 8:52
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Et bien non. C'est la qu'entre en jeu le fichier central d'assurance vie. C'est 500.000? par ménage. Donc 20 contrats à 499.999? c'est supérieur au seuil . C'est un peu comme de 50eme salarié d'une entreprise, le moment ou tout bascule....,

à écrit le 02/04/2013 à 19:18
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Au lieu de toucher aux économies des francais ,madame Berger doit demander conseil à son ami Cahuzac sur la manière de truander l'état francais, ainsi qu'aux innombrables fraudeurs qui polluent notre société.Ce rapport est inutile et va rejoindre les...

le 02/04/2013 à 19:57
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Si votre argent est clair ,vous etes libre de le placer en Suisse ou dans n'importe quel paradis fiscal ou pas si vous declarez le faire .Le fisc ne peut s'y opposer.

à écrit le 02/04/2013 à 18:51
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Allez allez, volaille de luxe, venez vous faire plumer...

à écrit le 02/04/2013 à 18:45
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Ou comment commencer une spoliation en douceur.

à écrit le 02/04/2013 à 18:05
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A force de rogner fiscalement sur les compte titre ordinaire en actions et de décourager l'épargne en action/risquée il fallait opérer un changement. Ceci afin d'éviter l'asphyxie de l'économie par manque d'investissements. Mais au lieu d'inciter à i...

le 02/04/2013 à 20:10
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Si j'achete des actions d'une entreprise cotée en bourse,je vois mal comment l'argent que j'ai deboursé irait dans les caisses de celle çi.Si j'achete des actions c'est qu'en parallèle quelqu'un en vend.Ce n'est que dans le cadre d'une augmentation ...

le 04/04/2013 à 17:17
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@depory::prenez des cours d'analyse financiere ou arretez de lire la tribune car vs ne devez pas comprendre la moitie de ce que vs lisez!!!

à écrit le 02/04/2013 à 17:46
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avec mon Picasso sous le bras, je les em.....de !

à écrit le 02/04/2013 à 17:40
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C'est toujours plus facile de jouer avec l'argent des autres.

à écrit le 02/04/2013 à 17:31
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Cette "trouvaille" est vraiment misérable ! toutefois CONFORME aux manipulations "en douce" de ces dernières années, dans une opacité glauque ,< totalement à l'insu du plein gré > des épargnants abusés. N'en déplaise la bureaucratie de Bruxelles "rég...

à écrit le 02/04/2013 à 17:20
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Taxer les plus riches n'est-ce pas un retour ''normal'' après le laxisme fiscal qui a prévalu depuis dix ans vis-à-vis de ceux-ci?

le 02/04/2013 à 17:54
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Les plus riches iront toujours vers la solution la moins coûteuse pour eux. C'est la classe moyenne qui essaie de ne pas voir son niveau de vie baisser qui se fait toujours entubée.

le 02/04/2013 à 20:15
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Si vous avez bien lu l'article ,cela concernerait les contrats de plus de 500000?.Si vous en avez un ,vous pouvez le scinder en plusieurs contrats de valeurs inferieures.Je rajouterais que si on a un contrat d'assurance vie de 500000?, on en a d'autr...

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