La finance solidaire cherche des moyens pour améliorer le niveau de sa collecte

Les encours d'épargne solidaire s'établissent à un nouveau niveau record en 2012 à 4,71 milliards d'euros. Mais sans la création de nouveaux produits d'épargne, les objectifs ambitieux que se sont fixés les acteurs de la finance solidaire sur la prochaine décennie ne seront pas atteints.
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Chaque année, la finance solidaire grandit. Les ménages sont en effet de plus en plus nombreux à participer directement ou indirectement au financement et au développement d'entreprises à vocation sociale ou environnementale. En progression continue depuis 2002, les encours d'épargne solidaire s'établissent ainsi à 4,71 milliards d'euros à la fin 2012, en hausse de 32,9% par rapport à 2011, selon le baromètre annuel du label Finansol. L'épargne salariale a été prépondérante dans cette progression, puisqu'elle représentait pour 2,6 milliards d'euros d'encours fin 2012, soit une hausse de 50% sur un an. L'épargne bancaire affiche pour sa part une croissance de 16 %, tandis que la souscription d'actions au capital d'entreprises solidaires poursuit son développement en cumulant près de 400 millions d'euros d'encours, soit une hausse de 14,1 %.

Des encours d'épargne salariale en trompe l'oeil
Mais le rôle de cette épargne reste bien de financer des projets à vocation sociale et environnementale. Or seuls 7% des 2,6 milliards d'euros d'épargne salariale solidaire vont effectivement financer les entreprises ayant un tel profil. Une anomalie due à la structure des fonds qui collectent l'épargne salariale. Ceux-ci sont en majorité des fonds appelés "90-10" où entre 5 et 10% maximum de l'actif est investi dans des titres solidaires, le reste l'étant sur les marchés financiers classiques.

Paradoxalement, le bond de 50% de l'épargne salariale solidaire en 2012 découle donc principalement de "la bonne année des marchés boursiers", indique Sophie des Mazery, directrice générale de Finansol. Même s'il ne faut pas occulter la bonne perception des ces fonds par les salariés qui les sollicitent de plus en plus, car ils permettent de percevoir une rémunération intéressante tout en effectuant un acte solidaire. Au total, la France compte 900.000 épargnants solidaires dont 700.000 le font par l'intermédiaire de l'épargne solidaire.

Les financements solidaires atteignent le milliard d'euros

Les financements solidaires ont du coup crû moins vite que l'épargne solidaire, mais leurs encours atteignent pour la première fois le milliard d'euros, soit une hausse de 16,5% par rapport à 2011. Ces financements ont permis en 2012 de soutenir 12.000 entreprises, de créer ou de consolider 36.000 emplois, et de reloger 4.400 personnes.
Pourtant, de l'avis de tous les acteurs de la finance solidaire, il est possible de faire bien mieux. Dans 10 ans, la manne financière potentielle à disposition des entreprises solidaires pourrait représenter 1% de l'épargne financière nationale, soit près de 40 milliards d'euros, selon Finansol.

Démocratiser l'épargne solidaire
Mais pour arriver à ce chiffre, de nouveaux leviers de collecte devront être actionnés. Pour l'instant, les investisseurs avertis qui abondent directement dans le capital d'entreprises solidaires représentent 40% des financements solidaires. Le principal enjeu sera en fait d'élargir le périmètre des épargnants-investisseurs en "démocratisant l'épargne solidaire", estime Sophie Des Mazery. Ce, en intégrant une part solidaire dans les produits d'épargne les plus populaires.

Le lancement par la filiale du Crédit Agricole, Predica, de la première assurance-vie solidaire - dont 5% de l'actif géré sera investi en titres solidaires - va dans le bon sens. Il sera également nécessaire d'agir sur l'épargne bancaire. La directrice générale de Finansol mise sur un produit populaire, de type livret A, pour généraliser la collecte d'épargne solidaire. Plus précisément, elle propose de créer un livret de développement durable et solidaire (LDDS), un LDD élargi, dont "une part serait dédiée au financement et au développement d'entreprises solidaires".

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Commentaire 1
à écrit le 01/11/2013 à 19:07
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on a envie de leur dire : mais ouvrez donc un livret solidaire sans impôt, sans rétroactivité ,avec un intérêt supérieur à celui du livret A au lieu de passer votre temps à faire de la morale. morale exaspérante que plus personne ne supporte

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